Préparer l’après 2020
Eau en Nouvelle-Aquitaine
Laurent Fombeur est le référent technique sur l’eau au sein de la chambre d’agriculture Nouvelle-Aquitaine. Il participait le 28 avril à la conférence scientifique organisée par le Conseil régional Nouvelle-Aquitaine sur les enjeux de l’eau.
Cette conférence scientifique, c’est un rendez-vous récurrent ?
Non. C’était la toute première. Au sein de la Nouvelle-Aquitaine, nous avons actuellement trois PDR (plan de développement rural) qui sont en vigueur, dans les trois anciennes régions. Ces programmes courent jusqu’à 2020. Après cette date, il n’y aura plus qu’un seul PDR. Il faut donc préparer cette fusion, d’autant que de grandes différences existent, notamment entre le Poitou-Charentes et les deux autres. Ces PDR comprennent notamment le financement de l’eau. C’est un sujet particulièrement sensible. Alain Rousset, le président du Conseil régional a donc souhaité que le futur PDR se construise dans la discussion.
Les discussions pratiques ont déjà commencé ?
Non, la conférence de vendredi était un premier contact, avec tous les opérateurs qui ont un lien avec l’eau à la fois dans l’agriculture mais aussi l’industrie, l’eau potable. C’était assez large, autour de 200 personnes. Et c’est un état des lieux qui a été fait1. Quatre réunions techniques ont d’ores et déjà été programmées. Il s’agira d’ateliers durant lesquels les différents aspects de l’eau seront abordés. Ces réunions se tiendront le 6 juin à Bordeaux, le 7 juin à Bayonne, le 13 juin à Limoges et le 14 juin à Poitiers. À l’issue de ces réunions, un bilan sera fait. Et le Conseil régional annonce qu’il présentera son nouveau programme en septembre. Trois élus régionaux ont été désignés pour présider ce travail : Jean-Jacques Corsan, Nicolas Thierry et Jean-Pierre Raynaud. Alain Rousset nous a bien dit lors de la réunion de vendredi qu’il fallait absolument un consensus pour pouvoir acter tout budget.
Vous êtes inquiet sur ces discussions et négociations ?
Il faut que la profession agricole se prépare. Le stockage de l’eau est au cœur des débats. Il faut absolument rappeler que justement, le stockage peut être une solution face au changement climatique, qui a aussi été beaucoup évoqué. Le 17 mai, au sein de la chambre régionale d’agriculture, les groupes qui travaillent sur la qualité et la quantité des eaux vont se réunir pour préparer les quatre réunions.
Quelles sont précisément les craintes ?
On sent bien une volonté très forte des opposants pour que le stockage soit vraiment la dernière des solutions, et que la priorité soit donnée à l’arrêt de l’irrigation ou aux solutions techniques d’économies d’eau. Je pense pourtant que c’est dans des situations de sécheresse qu’il faut développer l’irrigation. Les plantes ont besoin d’eau pour pousser. Dans notre région, on ne va pas forcément avoir moins d’eau sur une année. Ce qui va progresser, c’est l’évapotranspiration. À nous de nous organiser pour mieux utiliser donc l’eau dont nous disposons.
Le stockage, on en est où ?
Ça avance bien. Ce qui va désormais poser problème, c’est le financement. Dans l’ancien Poitou-Charentes, le financement est de 70 %. Actuellement, vu la conjoncture, les agriculteurs ne peuvent pas fournir les 30 % restant. Il faudrait que l’on passe à 80 %, comme dans le reste de la Nouvelle-Aquitaine. Une demande va être faite, et c’est juridiquement possible de changer cette proportion, y compris avant 2020. Pour mémoire, près de 40 millions de m3 de stockage sont en projet, dont 22 millions sur le bassin Loire-Bretagne et 18 sur celui d’Adour-Garonne. En Aquitaine, il faudrait à peu près le même niveau de stockage, mais les projets sont bien moins avancés.
1. De nombreuses tables rondes et présentations se sont déroulées toute la journée. « La gestion de l’eau en N-A : questionnement et enjeux scientifiques » ; « l’état des ressources en eau aujourd’hui » ; « les relations multiples eau et développement socio-économique » ; « alimentation en eau potable et services de l’eau » ; « aquaculture » ; « eau et agriculture » ; « énergie et grands ouvrages » ; « biens et services écosystèmes » ; « les évolutions futures des enjeux de l’eau » ; « quels impacts du changement climatique sur les écosystèmes » ; « évolution des comportements et des valeurs » ; « évolutions enjeux futurs pour les services et la gouvernance de l’eau » : « quels enseignements ? la lecture d’un scientifique ».