Pour Willy et Eddy Bertrand, l’agriculture ne se conjugue pas au singulier
Installation : Willy et Eddy Bertrand sont installés en Gaec à Pradelles avec un troupeau aubracs de 100 vaches. Nous avons rencontré ces jeunes associés, heureux et fiers de leur choix.
Découvrez un article sur le colloque GAEC&Sociétés (organisé le 26 juin à Paris) ainsi que le point de vue de Maryse Font, administratrice régionale de GAEC&sociétés, dans les pages de votre journal La Haute-Loire Paysanne du Vendredi 4 juillet 2014.
Depuis qu’ils sont gamins, Willy et Eddy les frères Bertrand veulent êtres agriculteurs. Mais surtout, ils veulent travailler ensemble sur une même exploitation. Le travail d’éleveur ils le connaissent bien : ils ont fait des études agricoles, CAPA puis BPREA, ils ont fait leur apprentissage sur l’exploitation familiale pour suppléer leur père, puis ils ont fait le pas.
Willy l’aîné qui a aujourd’hui 23 ans s’est installé en Gaec avec son père en 2011 en attendant son frère, car telle était sa finalité. Ce dernier n’a pas tardé ; à 19 ans à peine, il le rejoint en 2013 en remplacement du père qui a pris sa retraite. Et aujourd’hui les 2 garçons sont heureux. Ils ont réalisé un rêve, leur rêve. Ils sont en Gaec et élèvent 100 vaches allaitantes Aubracs sur une surface totale de 180 ha à quelques kilomètres de Pradelles non loin de la frontière lozérienne. Leur objectif à terme est d’arriver à 120 mères sur 200 ha «mais on ne va pas courir les hectares» précise Willy. Outre la production d’herbe, ils consacrent 25 à 30 ha aux céréales autoconsommées et une dizaine d’hectares aux Lentilles.
Se donner les moyens…
Éleveurs passionnés, amoureux du travail bien fait, les 2 jeunes n’ont pas hésité à investir dans un bâtiment fonctionnel et évolutif pour améliorer leurs conditions de travail. Alors bien sûr «c’est un investissement lourd» qui vient s’ajouter à l’achat d’une vingtaine d’ha au total sur 3 ans, et à l’augmentation du troupeau ; mais pour eux c’est un passage obligé pour construire leur projet. Et «quand on a une passion, il faut s’en donner les moyens», semble penser Willy qui est très optimiste face à l’avenir.
Pour y arriver, les associés ont sorti tous leurs atouts. Construction du bâtiment, diversification des produits (broutards, génisses, vente de viande en caissette…), étalement des naissances pour lisser les rentrées d’argent…ils cherchent à optimiser leur élevage pour en retirer le meilleur. Perfectionnistes, «peut-être même un peu trop» avouent-ils, Willy et Eddy veulent réussir.
Collectifs
Pour les deux frères, l’agriculture ne se conjugue pas au singulier. C’est pourquoi ils ont choisi la carte Gaec. Et Eddy reconnaît même, qu’il ne se serait pas installé seul. Travailler à deux, c’est partager des points de vue, des coups durs, des prises de décisions. «Parfois on arrive avec 2 idées différentes pour finalement choisir une 3ème option» ironise Eddy. Mais c’est en discutant et en argumentant qu’on évolue et qu’on trouve des idées nouvelles. Quant aux éventuels conflits, divergences de points de vue… Willy lance tout de go : «on se connaît par coeur et on a déjà travaillé ensemble», ce qui n’empêche pas quelques coups de gueule. Mais pour eux , la clé de la réussite, c’est de «se dire les choses en face et sans attendre. Il faut se parler».
Dans leur organisation au quotidien, les 2 frères font systématiquement ou presque le planning de travail une fois par semaine. Et chaque matin, ils s’appellent pour faire un point. Mais néanmoins, il est rare pour eux de passer une journée sans se voir, étant tous les deux en charge du troupeau. Même si chacun a son ou ses domaines de prédilections, pour le troupeau ils estiment que tous les deux doivent s’en occuper. «En allaitant, il faut bien suivre. La rentabilité passe par le veau», alors il faut être vigilant et présent.
Et 2 c’est encore trop peu… Les frères Bertrand aiment l’ouverture. Ils travaillent beaucoup avec les autres à travers l’utilisation de matériels en cuma ou l’entraide entre voisins agriculteurs. Mais ils sont aussi impliqués dans des instances ; Willy est notamment président des JA de Landos.
Récemment installés, Willy et Eddy Bertrand se sont fixés des objectifs raisonnables mais néanmoins indispensables en terme de conditions d’élevage, de rentabilité et de confort de vie. Optimistes, les deux frères sont sûrs de leur choix ; ils font, ensemble, le métier qu’ils aiment.
Suzanne Marion