« Pour reconquérir la souveraineté : relocaliser la production et étiqueter l'origine »
Alors que la FNSEA tiendra son assemblée générale le 18 juin en visioconférence, sa présidente Christiane Lambert « qui se représentera pour un second mandat » détaille sa conception de la souveraineté alimentaire.
De nouvelles habitudes ont été prises durant la crise, comme des réunions fréquentes avec les pouvoirs publics. La crise a-t-elle changé les rapports de la FNSEA avec l'administration ?
J'ai la réputation d'être une femme pressée. C'est détestable quand on écrit à un ministère et qu'on attend la réponse trois mois ! Avec la crise sanitaire, il y a eu une densité de réunions entre le gouvernement et les acteurs économiques, la chaîne alimentaire. Grâce à ça, il y a eu une agilité, une réactivité qui a été appréciée par tous les acteurs. Les administrations ont joué le jeu, les politiques aussi. Par exemple, pendant la crise, j'ai envoyé un courrier sur la filière cheval un vendredi à 17 h 30 ; à 20 h 30 j'avais la réponse. Ce sont des choses qu'on n'avait jamais connues avant.
S'il y a eu cette réactivité, c'est parce qu'il y a eu des chefs d'orchestre à la baguette : le président de la République, le Premier ministre, et le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, qui était un peu le pilote de tout ça. C'est aussi parce qu'il y a eu la peur de la pénurie alimentaire. Avec la crise, les dirigeants ont pris conscience de la robustesse de la chaîne alimentaire. Pour nous, agriculteurs, ça a aussi été la reconnaissance de la deuxième ligne, souvent citée par le président de la République et le Premier ministre. Emmanuel Macron a visité une usine de masques et, la semaine suivante, il s'est rendu dans une serre de tomates. Ce sont des symboles extrêmement forts. D'autant qu'il a visité une exploitation qui conjugue volume et qualité, qui produit beaucoup en quantité, qui est capable de livrer dans toute la France, tout en étant zéro phytos. Certains diront que ce ne sont que des mots, certes, mais c'est un début.