Pour ou contre les OGM ? Difficile de choisir son camp
L’un des quatre “débats citoyens” que le Conseil régional d’Auvergne a entrepris d’organiser pour tenter de dépassionner le débat sur les OGM s’est tenu samedi 15 avril à Aurillac.
L’opinion publique prise en otage
Il y a ceux qui sont favorables aux OGM et qui osent à peine le dire.
Et puis il y a les opposants farouches, nettement les plus bruyants.
Entre les deux, une majorité silencieuse qui se pose des questions, et
a le sentiment d’être prise en otage entre, d’un côté, des firmes
qu’elle soupçonne d’être capables de sacrifier la santé de leurs
concitoyens à des enjeux financiers et, de l’autre, des “faucheurs
volontaires” qui tentent d’imposer un autre point de vue par la force.
On leur reconnaît toutefois le mérite de susciter un débat qui, sinon,
n’aurait pas lieu, le sentiment général étant que la question des OGM
n’est pas traitée dans la transparence. C’est à cette majorité
silencieuse que le film projeté en prélude au débat a donné la parole.
Il en ressort une interpellation forte des responsables politiques, à
qui les personnes interviewées demandent de prendre clairement
position, à la lumière d’un éclairage apporté par la recherche publique
et non les laboratoires privés.
Les scientifiques n’ont pas de réponse claire
Puis la discussion s’est engagée, en présence de deux scientifiques et
deux économistes dont les interventions ont soufflé le chaud et le
froid, et finalement démontré qu’il ne faut pas tout attendre des
chercheurs pour se forger une opinion. En tout cas, quand l’animateur
de la réunion demande à ces spécialistes s’ils sont pour ou contre les
OGM, le moins que l’on puisse dire, c’est que les réponses ne sont pas
tranchées. “Ça dépend de la manière dont vous allez interpréter ma
réponse”, répond Bernard Chevassus, ancien directeur de recherche à
l’Inra et président du Muséum national d’histoire naturelle. “En tant
que chercheur, je suis payé pour argumenter pour et contre les OGM, pas
pour trancher”, a repris Egizio Valceschini, économiste à l’Inra qui,
comme son prédécesseur, a estimé que la vraie question est de savoir
qui décide des orientations de la génétique. Bref, le chercheur fait
son travail, ce qui ne l’empêche pas de se poser en tant que citoyen
des questions sur “quel type de société et quel type d’agriculture ça
sous-tend”, comme l’a dit un autre chercheur de l’Inra.