Pierrot Parra : présent sur toutes les fêtes du Cantal, le voilà à l’affiche de deux longs métrages
Connu du plus grand nombre grâce à ses bœufs, celui qui voue une passion à la race salers joue en quelque sorte son propre rôle dans les films “Tendre et saignant” et “Délicieux”.
Il est certainement le Cantalien le plus photographié. Pierrot Parra n’est pourtant ni une star de la chanson, ni du cinéma... Quoique ! L’éleveur que l’on croise chaque année sur une douzaine de fêtes locales - accompagné de ses inséparables et imposants bœufs - sera au générique de deux longs métrages, dont de nombreuses scènes viennent d’être tournées dans le département.
Dans “Délicieux” d’Éric Besnard, avec notamment Isabelle Carré et Guillaume de Tonquédec, il est un figurant facilement reconnaissable malgré la perruque et le costume d’époque, nécessaires dans ce film qui se déroule durant la Révolution française. Dans “Tendre et saignant”, une histoire contemporaine avec Gérard Depardieu et Arnaud Ducret, tournée sous
la houlette de Christopher Thompson, il donne la réplique. Cette fois, Pierrot Parra vole la vedette à Volcan et Mondor, ses fidèles bœufs !
Au cinéma
“Elle est bien comme son père, elle a de la poigne !”, lance-t-il à Géraldine Pailhas qui incarne la fille d’un boucher (joué par Depardieu) et venue acheter des animaux sur pieds. Des salers, forcément. “Au départ, l’équipe pensait à des charolaises. Il faut souligner le travail de Bruno Faure, président du Conseil départemental et ancien directeur des instances raciales, qui a réussi à convaincre la réalisation de choisir la salers”, insiste Pierrot Parra.
Mais rembobinons pour savoir comment tout a démarré pour l’éleveur qui vit là sa première expérience cinématographique(1). “J’ai eu un premier contact, il y a seulement deux mois. C’était pour Délicieux, il fallait une paire de bœufs et un attelage. Un dresseur de l’Oise avait entendu que sur place, dans le Cantal, quelqu’un faisait ça. Un mois avant le tournage, j’ai participé à l’essayage des costumes : impressionnant, il y avait déjà au moins 70 personnes au petit village des Granges à Brezons ! Et tout avait été retapé pour les besoins du film. Le toit refait en chaume, un four refait à l’ancienne en pierres sèches, un jardin, une fontaine... Magnifique ! J’ai été surpris par autant de beauté, mais c’est un travail énorme”, témoigne celui qui a vécu le tournage depuis les coulisses. Pour la préparation, habillage, maquillage, etc., le rendez-vous sur place était donné à 6 heures du matin. Afin d’être à l’heure avec son attelage, Pierrot Parra est parti d’Aurillac à 3 h 30... Quand ce fut son tour, il a fallu répéter les mêmes scènes quatre à cinq fois chacunes, faisant avancer à chaque fois les bœufs d’une dizaine de mètres tout au plus. Une mobilisation d’au moins quatre heures sur le plateau. “Heureusement que les bœufs bougent moins que les ânes ; ça a agréablement surpris l’équipe de tournage”, souligne, amusé, l’éleveur, en allusion à une scène bien plus compliquée avec un baudet.
Changement de décor pour “Tendre et saignant” où il a été demandé à Pierrot Parra de soumettre des idées de lieux de tournage. “J’ai proposé, entre Aurillac et Puy-Mary, la vallée de Mandailles où on a une ferme. Ils ont également fait des repérages du côté de Saint-Cernin et dans la vallée du Mars, où on a commencé chez Raoul Maury, à Lestrade, au dessus de Saint-Vincent-de-Salers. Quand le matin je suis arrivé là haut, on m’a dit : il te faut répliquer à Martial, le personnage joué par Arnaud Ducret.” Pas forcément très détendu au début, notre Cantalou a été rapidement mis à l’aise, par la simplicité et la gentillesse des comédiens de renom et du réalisateur qui a tenu personnellement à offrir le rôle de Marcellin à Pierrot. Son épouse, Marinette, confirme la bonne humeur de l’équipe de tournage, que la maîtresse de maison a accueillie chez eux le dernier soir pour un casse-croûte, autour de la table de ferme et des nombreuses coupes gagnées sur des concours d’élevage : “C’était animé !”
... et près de chez vous
“Délicieux” et “Tendre et saignant”, deux long métrages sur les cinq pour lesquels le Cantal a servi récemment de cadre afin, comme le souhaite le Conseil départemental, de renforcer sa notoriété territoriale. Un point commun avec les fêtes de terroirs auxquelles participe Pierrot Parra : la volonté d’attirer toujours davantage de monde, le temps des vacances... ou plus durablement. Alors, en attendant de repérer cette figure locale dans les salles obscures entre l’hiver 2020 et le printemps 2021, le public retrouvera en chair et en os Pierrot, Volcan et Mondor, au gré des festivités, qui vont de la Festa del Païs sanfloraine, à la Saint-Géraud d’Aurillac, en passant par les Gens d’ici à Jussac ou le Sarrasin de Boisset.
Doux comme des agneaux, ces stars de 1 200 kg sont deux broutards castrés à 1 an, et dressés
à 2 ans et demi. “Le dressage, je pratique depuis longtemps puisque, jusqu’à l’âge de 19 ans, j’ai travaillé avec des bœufs. J’ai appris le métier par les anciens, mes oncles, très doués pour le dressage. Il ne faut pas longtemps pour les assagir, deux mois tout au plus. Mais le plus long, c’est de les habituer à la foule, le bruit, des chiens, un papier qui traîne...” Le secret ? “Dès leur plus jeune âge, je les habitue à la musique”, révèle l’éleveur, dresseur et désormais aussi un peu... “acteur”.
(1) En 1994, il avait participé avec une vache à l’émission de télévision “Coucou c’est nous” de Christophe Dechavanne.
NB : Pierrot et Marinette Parra vont peu au cinéma. Toutefois, ils ont vu “Au nom de la terre”, avec un voisin : “Un film poignant et tellement vrai”.