Viande bovine
Pierre Chevalier : « La revalorisation des prix est indispensable »
A quelques jours de l’ouverture du Sommet de l’élevage, le président de la FNB, revient sur l’actualité de la filière et les attentes des éleveurs.
Depuis deux ans, la progression des cours, hormis pour les bovins maigres, a été constante. Pour autant, les éleveurs accusent encore en 2013 des revenus relativement bas. Comment expliquez-vous cette situation ?
Pierre Chevalier : Ce sont les coûts de production qui plombent les trésoreries des éleveurs. En 2012 et début 2013, ces coûts ont à nouveau augmenté fortement. Sur la base du calcul réalisé en juin par l’Institut de l’élevage, la progression était de 34% par rapport à la période de référence, dont + 57% pour le poste « alimentation animale. De tels niveaux de coûts de production absorbent inévitablement la progression observée sur les cours depuis deux ans. Il est donc indispensable que nous obtenions une revalorisation du prix des bovins, en maigres comme en bovins finis.
Sur les broutards, la problématique de prix semble plus aigüe…
P.C. : Les cours ont fortement chuté en bovins maigre. La baisse des cours dépasse 20 à 25 centimes d’euros par kilo vif sur les charolais de 350 kilos vif et croisés, soit plus de 70 euros par animal. En charolais lourds de 450 kilos vif, elle a atteint 30 centimes par kilo vif, soit une perte de 135 euros par tête. Dans ces conditions, on comprend très bien le désarroi des éleveurs. Nous avons rencontré, les plus grosses entreprises d’engraissement début août et des professionnels italiens du secteur seront présents au Sommet de l’élevage. Notre stratégie est simple : trouver un mécanisme de contractualisation entre français et italiens permettant de prendre en compte les coûts de production de part et d’autre. L’Institut de l’élevage et la FNB y travaillent. Cette année, 200 000 veaux en moins sont nés en France. Alors que la décapitalisation du cheptel est amorcée, si les éleveurs ne trouvent pas de rentabilité, ils ne se lanceront pas dans la production de viande bovine. Il y a donc aussi un danger d’approvisionnement pour les italiens, qui restent importateurs nets en viande à hauteur de 50%.
Les arbitrages français relatifs à la mise en œuvre de la Politique agricole commune pour la période 2014-2020 sont en cours. Etes-vous confiants quant à la priorité donnée à l’élevage dans l’affectation des soutiens de la PAC ?
P.C. : Nous y travaillons. Au regard de son très faible revenu, des enjeux économique et de territoire, et de ses contraintes spécifiques (astreinte, importance des capitaux à investir, réglementations…), le secteur bovin viande a besoin d’être soutenu en priorité. C’est pourquoi, nous demandons une aide couplée à la vache allaitante à hauteur de 250 euros, un appui à l’autonomie fourragère des exploitations avec la possibilité de retourner les prairies permanentes, ainsi qu’une revalorisation des indemnités compensatoires de handicaps naturels (ICHN). Nous œuvrons pour que le message soit bien perçu au ministère de l’agriculture et à l’Elysée.
Qu’attendez-vous du Président de la République, qui devrait inaugurer le Sommet de l’élevage, dans l’après-midi du mercredi 2 octobre ?
P.C. : La visite du Président, François Hollande devrait être historique. Le Président de la République ne peut pas venir à Clermont-Ferrand sans annoncer un soutien fort à la politique de montagne, politique née à Clermont-Ferrand, il y a 41 ans. A un moment où l’élevage de ruminants souffre cruellement, l’annonce d’une forte revalorisation des ICHN serait emblématique.
Sur l’export, vous avez également besoin de l’Etat pour jouer le rôle de facilitateur…
P.C. : Il est certain, que dans un contexte où la demande ne peut que croître dans les pays tiers et alors que la consommation nationale s’érode, nous devons redoubler d’efforts pour renforcer nos exportations notamment vers la Turquie, l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, le Kazakhstan, la Russie ou encore les pays asiatiques. Les pouvoirs publics doivent agir activement pour favoriser le développement de ces courants d’exportations.
Propos recueillis par Sophie Giraud-Chatenet