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INTERVIEW
Pierre Brenon : "Le collectif 30.000 regroupe des agriculteurs intéressés par les nouvelles techniques et pratiques"

Le 25 mai prochain, la Chambre d'agriculture de l'Allier et le réseau Dephy Ecophyto organisent deux randonnées à destination du grand public. Rencontre avec des agriculteurs qui y participeront.

© Chambre d'agriculture de l'Allier

Pourriez-vous présenter votre exploitation ?

Pierre Brenon : L’exploitation fait 260 hectares, dont 220 en grandes cultures, 40 en prairie où j’accueille des animaux en pension du mois de mars au mois de novembre. Je suis installé sur la commune de Chapeau. Je produis du colza, du blé, de l’orge, du mais, du tournesol et de l’avoine. Je suis installé depuis 1992.

Pourriez-vous me présenter le collectif 30.000 ? Pourquoi avez-vous souhaité le rejoindre ?

P.B : Le collectif 30.000 regroupe des agriculteurs intéressés par les nouvelles techniques et pratique, dans la prolongation du réseau Déphy. L’idée est la suivante : continuer de produire toujours autant, tout en produisant mieux, en consommant moins d’engrais et de produits phytosanitaires. Nous essayons de nouveaux produits, des biostimulants, tout en étudiant la vie du sol. Les fermes Déphy avaient été créées à l’occasion du Grenelle de l’environnement en 2008 par le gouvernement Sarkozy. C’étaient des fermes expérimentales où des agriculteurs mettaient en place des essais sur leurs exploitations pour pouvoir diminuer les intrants, les produits phytosanitaires et les engrais. Le premier plan Ecophyto prévoyait de réduire de 50 % l’utilisation de produits phytosanitaires. J’ai rejoint le groupe 30.000 il y a 7 ou 8 ans. J’ai voulu rejoindre ce collectif car j’étais dans une impasse technique. En France, les rendements stagnent depuis une quinzaine d’années, il me fallait donc trouver des solutions alternatives. De plus en plus de molécules sont interdites, donc on s’adapte et on essaie de trouver des solutions. C’est très motivant, c’est un nouveau challenge. En groupe, nous pouvons partager nos expériences, réfléchir ensemble, même si nous ne sommes pas tous sur le même secteur géographique.

Certains agriculteurs estiment que l’on connaît mal leur métier, on les accuse souvent à tort d’être des pollueurs. Est-ce un constat que vous partagez également ?

P.B : Oui, tout à fait. Il y a une totale méconnaissance du monde agricole. Je peux en parler assez facilement car sur notre exploitation, nous avons créé deux gîtes en 2017, où nous accueillons en grande partie des urbains. Nous nous sommes aperçu qu’en fin de compte, beaucoup ne connaissent pas l’agriculture, ils la perçoivent sous le prisme des médias, ils ont une idée un peu galvaudée. Mais quand on leur présente notre métier, 97 % d’entre le comprennent et accueillent nos revendications.

Quelles sont les solutions pour lutter contre ces idées reçues ?

P.B : Je pense qu’il faut communiquer, la communication c’est un vrai métier. Ce n’est pas au cœur du travail de l’agriculteur mais nous devons nous former à ces métiers de la communication, il ne faut pas avoir peur d’ouvrir nos fermes et de les faire découvrir.

Pourquoi est-ce important pour vous de vous rapprocher du grand public pour parler de votre quotidien ?

P.B : C’est important de faire connaître notre métier car nous sommes un maillon indispensable de la chaîne alimentaire. Aujourd’hui, la planète Terre accueille de plus en plus d’habitants. C’est essentiel de continuer à produire en bonne intelligence. On espère recevoir beaucoup de familles avec de jeunes enfants, afin de leur expliquer le métier d’agriculteur.

Pourquoi avez-vous souhaité participer à cette randonnée ?

P.B : Je suis impliqué depuis très longtemps dans la Chambre d’agriculture, depuis 15 ans maintenant. C’est nécessaire pour moi de partager mon métier. Ca coulait de source de m’impliquer dans cette démarche-là.

Qu’avez-vous mis en place pour pallier votre utilisation de produits phytosanitaires ?

P.B Je travaille avec beaucoup d’oligo-éléments, du magnésium, du fer et du bore notamment. Aujourd’hui, nous analysons les feuilles et la sève des plantes pour se documenter sur les carences qu’elles peuvent avoir. On essaie d’apporter des éléments qui manquent en complément, en pulvérisant directement sur le feuillage. J’essaie de répondre aux besoins des plantes. Ils ne sont pas tous les même, au même moment. C’est compliqué à mettre en oeuvre car ces techniques sont nouvelles.

Propos recueillis par Léa Surmely

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