Phot'Aubrac 2023 : la photo brille mais l'avenir du festival s'assombrit
Alors que se clôture avec succès la onzième édition du festival de photographie nature de l'Aubrac, les organisateurs s'interrogent sérieusement sur la poursuite de l'aventure en 2024. Et ce, alors même que le rendez-vous séduit autant les artistes que le public et gagne en notoriété.
C'était presque un temps « idéal ». Entre averses d'automne et premiers coups de froids, l'Aubrac s'était paré de ses plus belles lumières pour accueillir cette semaine la onzième édition de Phot'Aubrac. Plusieurs dizaines de photographes ont pu s'afficher autour du double thème « déserts et eau » de Phot'Aubrac édition 2023. Un sujet d'actualité pour Jean-Pierre Montiel, président du festival : « la désertification, la montée des eaux, la disparition des littoraux, tout cela nous parle » explique le « chef d'orchestre » de ce rendez-vous. Et pas question d'afficher n'importe qui : « on a une sélection radicale » assure-t-il. C'est que même loin des galeries d'art des métropoles, le festival compte désormais à l'échelle nationale et rassemble la crème de la photographie nature et paysagère. L'occasion d'en prendre plein les yeux : salines de Camargue, sols mis à nu par les incendies, escapade le long du Rhône, ciels étoilés, volcans... la nature a pu se raconter par sa beauté visuelle. Mais aussi par celles et ceux qui la peuplent. L'artiste Anne-Marie Étienne présentait ainsi le résultat de six années de travail auprès des anciens habitants d'Afrique Australe.
Culture et agriculture sur un plateau
Si pour elle, être sélectionnée à Phot'Aubrac est « un honneur », c'est que pour les artistes aussi ce festival a quelque chose de plus que les autres. Nicolas Orillard-Demaire, qui fait la couverture du calendrier Géo en 2024 est ainsi séduit par « l'accueil et la gentillesse des organisateurs, et des habitants et du public ». Pour Carole Reboul, venue du Gard, c'est la joie d'avoir un festival nature à proximité, « une perle rare qui monte en puissance ». La touche locale, c'est bien sûr les lieux d'exposition, disséminés sur le plateau, entre Saint-Urcize et Marchastel, dans les villages, mais surtout dans les fermes et granges des hameaux. À Montgros, Philippe Champredon, éleveur de vaches Aubrac, transforme chaque année son étable en un lieu éphémère d'exposition. « Je nettoie, je prépare, et j'accueille aussi les photographes » raconte-t-il. Un travail bénévole conséquent mais qui « amène les gens sur le plateau et permet de raconter des mondes qui n'ont rien à voir avec l'agriculture ». Le public n'est pas en reste, entre curieux venus pour quelques jours d'escapade, comme des passionnés venus de toute la France. Présidente du photo club de Fronton, au nord de Toulouse, Sylvie apprécie « la proximité avec les artistes et la simplicité du festival ». Pour elle, c'est aussi l'occasion de dénicher des artistes qui pourront peut-être venir exposer ailleurs.