Interview
PAI, le passage obligé pour s'installer
Andrée Tisserand, conseillère Point Accueil Installation (PAI) à la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme, informe et oriente les porteurs de projet dont les profils ont évolué sous l'effet de la crise sanitaire.
Andrée Tisserand, conseillère Point Accueil Installation (PAI) à la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme, informe et oriente les porteurs de projet dont les profils ont évolué sous l'effet de la crise sanitaire.
Quels sont les chiffres clés de l'installation agricole dans le Puy-de-Dôme ?
On compte en moyenne180 installations par an dans le département dont, en 2020,103 installations aidées DJA (Dotation Jeune Agriculteur). Cette dynamique est répartie sur l'ensemble des territoires du département avec toutefois une prédominance sur ceux de l'ouest où 20% des installations se font en Artense Cézallier-Sancy, 18% dans les Combrailles et 11% en Dômes Hautes Combrailles. Enfin autre fait marquant de notre département : 78% des candidats s'installent en élevage et 22% en productions végétales. Globalement ce sont près de 8 installations pour 10 départs qui sont réalisées chaque année.
Quel est le profil des candidats ?
Depuis la crise sanitaire, nous voyons arriver de plus en plus de personnes en reconversion professionnelle ; plus 20% cette année ! Ces nouveaux candidats à l'installation ou NIMA( Non Issus du Milieu Agricole) sont motivés par l'envie d'exercer un métier qui a du sens, d'être indépendants et de revenir au vert. Leur moteur est d'arriver à mieux maitriser et concilier vie professionnelle et vie privée. Ils souhaitent par ailleurs entrer dans le métier en suivant une éthique bio, en production locale et en circuit court. Nous constatons également la venue de nombreux candidats issus d'autres régions et d'autres pays, preuve que L'Auvergne et le Puy-de-Dôme en particulier plaisent beaucoup à celle et ceux qui veulent démarrer un projet agricole. Enfin l'âge moyen de l'installation est de 34 ans avec de nombreux candidats de plus de 40 ans. Côté formation, beaucoup sont sans diplôme agricole mais ont un niveau bac+3 et plus. Pour preuve, de janvier à juillet 2021, sur les 200 candidats rencontrés dans le cadre du PAI, 50% sont titulaires d'un Bac+3. Ils reprennent alors un cursus de formation adapté aux besoins de leur projet mais très souvent par correspondance.
Quels sont les projets dominants ?
L'installation en maraîchage bio est très ciblée ainsi que la production de petits fruits, de plantes aromatiques et médicinales (PAM) mais aussi l'élevage caprin/ovin lait. Ces productions paraissent plus simples aux yeux de ces candidats non issus du milieu agricole... et surtout elles sollicitent de petites surfaces et des invetissements plus légers. Par ailleurs, ces nouveaux candidats souhaitent davantage construire leurs projets sur des micro-fermes, en multi-actvités et parfois en ferme collective, un système préféré à celui de la société agricole.
Quid alors des installations en productions conventionnelles comme le lait, la viande ou les céréales ?
Sur ce type de productions "traditionnelles", l'installation se fait également mais davantage dans le cadre familial. La dimension des exploitations à reprendre, les investissements sur les bâtiments, l'accès au foncier font peur aux NIMA- même si quelques uns se lancent quand même ! Cette tendance baissière des porteurs de projet en productions conventionnelles est un risque pour les filières qui à terme peuvent perdre une partie de leurs producteurs, ce qui déstabiliserait leur fonctionnement...
Comment la Chambre d'agriculture accompagne-t-elle les nouveaux arrivants ?
Le Point Accueil Installation (PAI) basé à la Chambre d'agriculture est le passsage obligé pour les candidats qui souhaitent s'informer, faire le point sur leurs objectifs, les aides, les démarches à suivre et les personnes qui peuvent les conseiller pour avancer. Le PAI accueille tous les porteurs de projet ayant une idée d'installation et nous les orientons ensuite vers les partenaires adhoc et/ou vers des cursus de formation indispensables. Le but est qu'ils se posent les bonnes questions concernant leur projet : quelles formations, quelles compétences acquérir ; vérifier également les aspects techniques et économiques du projet. En tant que conseillère PAI je suis un peu le chef de gare qui aiguille les candidats ! La particularité du PAI dans le Puy-de-Dôme est d'accompagner individuellement les candidats et non collectivement. Les demandes sont tellement différentes que des réunions en groupe seraient difficile à mener. Il m'arrive d'ailleurs de me déplacer dans les territoires pour rencontrer les porteurs de projet et faire ainsi connaissance avec leur environnement familial.
Quels sont les principaux conseils que vous leur donnez ?
Anticiper le plus possible son installation, faire des stages en exploitation et prendre le temps de concrétiser son projet. N'oublions pas que la plupart commence de zéro, le passage par des étapes intermédiaires est donc indispensable avant de demander la DJA. Nous les mettons aussi en garde sur la question du foncier : surtout ne pas acheter sur le Bon coin ! Et toujours s'entourer de conseils pour éviter les mauvaises surprises.
Je reconnais que rêve et concrétisation sont parfois inquiétants. Dans ce cas, mon rôle de conseiller PAI est de les placer face aux réalités du métier et éviter qu'ils n'aillent dans le mur. A noter que dans le département le taux de maintien est de 86%, soit plus de 8 agriculteurs sur 10 sont toujours en activité six ans après leur installation.