Où en est-on avec la sécheresse ?
Alors que les premiers CNGRA se tiennent en cette fin octobre, Christian Arvis, président de la FDSEA de la Creuse, fait le point sur la situation et les obstacles rencontrés par les responsables agricoles.
Où en est le dossier sécheresse creusois ?
Tout d’abord, il faut reprendre les choses dans l’ordre pour bien comprendre où nous en sommes. Nous avons eu un printemps sec et venteux qui a desséché le sol et limité la pousse des plantes. Là-dessus sont venus se greffer, pour une partie du département, des orages de grêles dévastateurs suivis d’un été sec avec des températures caniculaires. Nous n’avons pas moins d’une dizaine d’arrêtés préfectoraux consécutifs par la restriction de la consommation d’eau pour preuve.
Aujourd’hui, nous sommes en train de constituer un dossier calamités agricoles au titre de la sécheresse avec les services de l’État qui effectuent des visites de terrain ces jours-ci afin de confirmer la véracité des bilans fourragers qui ont été faits en fin d’été par la Chambre Agriculture sur l’ensemble du département.
Nous finaliserons les choses lors d’un comité départemental d’expertise dans les prochains jours pour étude au prochain CNGRA, probablement en décembre, nous l’espérons !
Au-delà de cette démarche, et à la demande de la FDSEA, un premier dossier de calamités au titre des pertes de fonds pour les communes grêlées a été constitué et validé au CNGRA du 18 octobre. Les agriculteurs concernés vont pouvoir bénéficier d’une enveloppe pour perte de fonds. Un dossier papier à remplir va leur être envoyé directement ou sera à retirer en mairie. Ceci permettrait de prendre en compte notamment les pertes de foin, d’enrubanage, d’ensilage, de bâches de stockage et sur clôture.
Vous semblez avoir un différend avec le ministère sur le dossier sécheresse, qu’en est-il ?
Oui, nous avons un différend. Aujourd’hui, pour le dossier calamités agricoles au titre de la sécheresse, l’État se base d’abord sur une cartographie satellitaire avec un logiciel d’analyse. C’est très bien, sauf que ce matériel n’est pas paramétré pour nos territoires d’altitude avec des pousses d’herbe plus tardives, ce qui fait que pour cette année, la lecture dit que le département de la Creuse n’est pas sec. C’est pour cette raison que nous demandons qu’en attendant que tout ceci soit paramétré correctement, le CNGRA s’appuie sur le travail de terrain qui a été effectué avec les bilans fourragers. Ce qui se joue en ce moment, ce bras de fer entre l’administration et notre réseau, entre la cartographie et les enquêtes de terrain, va faire foi pour les années à venir.
Pourquoi ?
Parce qu’à partir de 2023, nous changeons de système, des fameux dossiers calamités et CNGRA, nous passons au système assurantiel ! L’État veut absolument s’appuyer sur la cartographie et les logiciels d’analyses qui ne sont pour l’instant que modérément fiables. La preuve, avec notre sécheresse actuelle, qui n’est pas reconnue. Comment veulent-ils que les agriculteurs rentrent dans un système dans lequel ils ne trouveront aucun bénéfice ?
Nous nous sommes entretenus avec le ministre de l’Agriculture à Cournon au Sommet de l’Élevage. Il a promis de regarder le dossier creusois plus en profondeur, et a admis que les différents outils pouvaient être améliorés, mieux paramétrés pour être plus en phase avec le constat sur le terrain, Nous gardons espoir !