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OnacVG : Messaline Schultz imprime sa marque

Arrivée en terre inconnue cantalienne il y a cinq ans, Messaline Schultz, 31 ans, ravive avec passion la flamme de l’engagement et de la mémoire au sein de l’OnacVG.
 

Une jeune femme avec l'église Saint-Géraud en fond
Avec envie et détermination, Messaline Schultz a pris la direction de l’Office national des combattants et victimes de guerre du Cantal.
© Marie Varnieu

La communication, c’est le fil conducteur de la vie professionnelle de Messaline Schultz. Pour un grand groupe automobile, pour la Marine nationale ou même à l’OnacVG du Cantal, où elle occupe le poste de directrice départementale depuis septembre 2020, l’objectif est le même : mettre en valeur “la marque”, un secteur qu’elle maîtrise sur le bout des doigts depuis son Master économie-gestion, spécialisation “Management de la marque et communication” décroché à la Sorbonne. Sauf que chez Renault-Nissan-Mitsubishi, “j’ai connu le management de crise, avec l’affaire Carlos Ghosn. Je travaillais sur le sujet de la gouvernance d’entreprise ; il fallait faire comprendre aux collaborateurs l’intérêt de travailler ensemble pour développer des synergies. À 24-25 ans, c’était un poste très exposé et le secteur automobile ne correspondait plus à mes valeurs. Je servais des gens pas très honnêtes...” 
C’est alors le bon moment pour “réaliser mon rêve” : se former à l’école des commissaires des Armées, à Salon-de-Provence, pour devenir officier en administration des unités opérationnelles en milieu Marine. Elle termine quatrième de sa promo et la question de son avenir ne se pose pas : “Embarquer sur le porte-avions Charles-de-Gaulle ! J’ai tout de suite été très emballée, c’était très riche au niveau humain, avec des valeurs partagées, le sens de la camaraderie. J’ai trouvé un sens à ce que j’allais faire.” La jeune Bourbonnaise passe six mois en mer, six mois sur terre, partage la mission Chammal, en Syrie, avec l’Armée française, rédige les discours du Pacha (surnom donné au commandant d’un navire), assure les relations “bord-famille”. Au bout d’une année, il va falloir renouveler, ou pas, le contrat avec les Armées. “Mais est-ce que j’allais vouloir faire ça toute ma vie ?”, 
se questionne Messaline Schultz, qui côtoie des marins à “la vie très contraignante, à la vie de famille décousue...”, ce dont elle n’a pas envie... 

“Un peu comme mes papys”

Lors d’une collecte du Bleuet de France à Toulon, elle entre pour la première fois en contact avec l’OnacVG du Var, qui dépend du ministère des Armées. “J’ai appris que des postes étaient à pourvoir en direction, notamment en territoires ruraux. J’ai choisi la stabilité.” D’abord pressentie dans la Nièvre, elle “échange” son affectation avec le directeur cantalien de l’époque, Nicolas Robert. “Il n’y a pas eu photo, j’ai préféré le Cantal ! J’aspirais à un équilibre de vie, j’adore les sports outdoor et je savais déjà qu’ici, ça allait me plaire.”
En débarquant en septembre 2020 à Aurillac, après plusieurs mois perturbés par le Covid, “l’Onac est en reconstruction. Il y a eu une grosse phase d’adaptation”, avec notamment le recrutement de Nathalie Ribeyron en charge de la Mémoire et des relations extérieures, qui porte à trois le nombre de salariées cantaliennes. Il a aussi fallu faire ses preuves et à seulement 27 ans, “je craignais de ne pas être assez légitime auprès du public des anciens combattants... Mais finalement, j’ai reçu un super accueil ! Ce qui leur a plu, c’est que j’avais une réelle expérience opérationnelle au sein des Armées. Maintenant, c’est un peu comme si c’étaient mes papys ! On noue des relations très profondes, presque d’amitié.”
Au fil des mois, cette passionnée d’histoire découvre “l’ampleur des missions, très diversifiées et qui m’ont vraiment séduite. Je peux intervenir le matin dans une école et être l’après-midi dans un Éhpad. L’Onac n’a pas de notoriété publique. On ne le connaît que si on est ressortissant ou un partenaire direct. On sert énormément de personnes pourtant...” 
Six mille exactement dans le Cantal, dont la moitié sont des anciens combattants d’Algérie. “À condition de se faire connaître, l’Onac peut leur apporter un accompagnement moral, financier, matériel” dans tous les domaines de la vie courante (logement, soins médicaux, obsèques...) d’où l’importance de... communiquer. Auprès des partenaires (Conseil départemental, bailleurs sociaux, Maison France service...), des anciens combattants, de leurs veuves, mais aussi des Pupilles de la Nation : “On nous réduit souvent aux anciens combattants mais on a aussi des jeunes gendarmes en ressortissants. Il suffit d’avoir passé quatre mois en opérations extérieures pour prétendre aux aides de l’Onac. Nous sommes la maison des combattants où toutes les générations du feu doivent se retrouver et compter sur notre soutien. Nous devons aider et reconnaître ceux qui ont servi pour l’État français ou qui ont été victimes parce qu’ils étaient Français, et les accompagner pour leur rendre hommage, ne pas les oublier et faire en sorte de ne pas reproduire ni les guerres ni le terrorisme. C’est ce qu’il faut enseigner aux jeunes générations.”

Opérateur public de la mémoire

Depuis qu’elle est arrivée dans le Cantal, Messaline Schultz met un point d’honneur à assurer la mission du devoir de mémoire, un thème auquel elle a été sensibilisée très jeune par son papa. “Nous ciblons le grand public avec des actions mémorielles, comme l’exposition sur les Justes, des concours scolaires, un rallye citoyen, des colloques,...” Et en accompagnant aussi les collectivités, comme Saint-Flour communauté qui va inaugurer le Sentier des Maquisards à l’occasion des 80 ans de la Libération des camps. Un événement qui marquera également l’inauguration d’un parcours numérique sur l’histoire d’Aurillac “entre collaboration et résistance”. “L’Onac souffre d’une image poussiéreuse mais on va vers des outils modernes, on se met à la page pour intéresser les jeunes à la mémoire.”
L’OnacVG, créé au lendemain de la Première Guerre mondiale, est également force de proposition avec la création il y a trois ans de l’école des porte-drapeaux, qui a vu une soixantaine de jeunes se former, en partenariat avec la délégation militaire et l’Éducation nationale. “C’est une grosse surprise ! Il y aura deux nouvelles promotions en 2025, et on arrive même à les délocaliser sur Saint-Flour et Mauriac ! Quand on intéresse un jeune, on ramène aussi ses parents, ses frères et sœurs lors des cérémonies commémoratives. Sur certaines, on arrive même à manquer de drapeaux ! Notre cœur de mission, c’est aussi de créer ce lien intergénérationnel pour que quand les anciens combattants vont disparaître, leur mémoire ne tombe pas dans l’oubli.”
La jeune génération est clairement ciblée par l’Office, avec, depuis le début de l’année, sept établissements, de la primaire au lycée, qui ont bénéficié d’une intervention sur le devoir de mémoire. “J’aime leur dire qu’ils sont la dernière génération à pouvoir être au contact de témoins directs de la guerre. Dans ma mission, j’ai eu la chance de rencontrer un combattant d’Indochine alors qu’ils sont tous en train de disparaître. C’est une vraie émotion de les voir s’éteindre.”
Installée pour une “durée indéterminée” dans le département, Messaline Schultz s’est fixée plusieurs objectifs, en plus de perpétuer le devoir de mémoire : “L’histoire, c’est un puits sans fond. Il faut s’autochallenger en permanence, trouver de nouvelles idées même si on est souvent contraint par les cycles commémoratifs.” 
Au programme de la suite du mandat à la tête de l’Onac : “J’aimerais bien reprendre le recensement de tous les monuments aux morts, les faire restaurer si besoin. Et faire connaître l’histoire méconnue du Cantal, comme ce camp de rapatriés harkis sur la commune de Chalvagnac ou ces centaines de Danois venus travailler pendant la Première Guerre mondiale et à qui l’on doit le parc Hélitas, la route qui va au Puy Mary,... Même si nous étions un territoire rural en zone libre, il y a eu plein d’événements. Il y a encore beaucoup d’histoires à mettre en avant.” Celle de Messaline Schultz va continuer de s’écrire à la tête d’une OnacVG dont elle se dit “fière de servir les missions. C’est une belle maison”. La sienne désormais, et celle de tous les combattants cantaliens.
 

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