« Nous sommes face à un mur »
Des rencontres réunissant services de l’État, syndicats et OPA se déroulent dans chaque département, à l’initiative de la FRSEA Languedoc-Roussillon pour faire le point sur les questions environnementales. En Lozère, la question de l’eau devait, entre autres, être abordée. Tout était calé depuis début septembre, la DDT a signifié son annulation, lundi 6 octobre… pour une rencontre prévue, mercredi 8 octobre.
Cette journée s’inscrivait dans le cadre des rencontres coordonnées par la FRSEA Languedoc-Roussillon, depuis mars, dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales, autour des problématiques environnementales. En Lozère, le thème devant être abordé concernait les zones humides, l’entretien des rases et des cours d’eau. DDT, Dréal et Draaf avaient donné leur accord. Rendez-vous a été donné, en Margeride, à Saint-Pierre-le-Vieux, sur l’exploitation de Daniel et Dominique Certes : 40 vaches laitières, 70 ha dont seulement 20 sont accessibles à la pâture. Les agriculteurs se heurtent à problème de taille, l’impossibilité d’entretenir correctement une parcelle considérée en zone humide par l’administration. Le pire, c’est que quelques années en arrière, ces aménagements étaient encouragés par les pouvoirs publics, puisque des drainages, des dessouchages avaient été réalisés. Ils étaient subventionnés à 40 % : un pas en avant, deux pas en arrière. Aujourd’hui, le dossier est bloqué. Pourtant, des rases encore visibles pourraient permettre d’assainir et donc de produire du fourrage pour les stocks hivernaux. La parcelle n’est plus mécanisable (pas d’autonomie fourragère possible donc achat à l’extérieur). « La production laitière est l’unique source de revenu de la famille, expliquent Daniel et Dominique Certes. Nous perdons 2 000 euros par an, sur l’ensemble de l’exploitation, à cause de l’inutilité de cette parcelle appartenant pourtant à notre patrimoine foncier. » Les éleveurs n’ont pas le droit d’utiliser l’eau fournie par la parcelle, celle-ci doit être apportée par citerne, avec un tracteur, « nous risquons 18 000 euros d’amende, si nous dérogeons à ces règles de non-utilisation. » Et dire que l’administration parle d’écologie. L’exemple de l’exploitation de Daniel et Dominique Certes est représentatif d’une agriculture locale n’étant pas vouée à s’intensifier, nécessaire au maintien de la vie économique et sociale des villages. Ce type d’agriculture doit être soutenu. Faute des autorisations adéquates, les éleveurs ne peuvent pas valoriser ce dont ils disposent pour pouvoir produire, donc vivre de leur métier. Il y a trois ans, un travail a été engagé par la FDSEA et les JA pour demander une simplification de la gestion des milieux humides. La charte sur l’eau est devenue un serpent de mer et n’avance plus. Les syndicats, appuyés dans leur démarche par la chambre d’agriculture de la Lozère, ont sollicité l’association des maires du département et transmis aux communes un projet de délibération assouplissant la gestion des cours d’eau et des milieux humides. Là, les choses avancent, 50 % des communes ont déjà pris cette délibération. Parmi elles, la Fage-Montivernoux. Pierre Noal, le maire, indique que « cette disposition n’autorise pas les agriculteurs à faire n’importe quoi. En tant qu’élu local, nous sommes au courant des réalités du terrain, nous pouvons faire bouger un peu les choses. »
La suite dans le Réveil Lozère, page 3, édition du 16 octobre 2014.
Renseignements
Mairies, élus qui avez pris cette délibération, faites vous connaître. Contactez la FDSEA de la Lozère au 04 66 65 08 60 pour plus de renseignements.