« Nous n’avons jamais demandé de prix minimum »
Henri Brichart vice-président de la FNSEA, en charge des dossiers européens.
Henri Brichart revient sur l’enquête ouverte par la Commission sur de soi-disant comportements anticoncurrentiels dans les filières élevage. Pour la FNSEA il ne s’agissait pas de s’engager sur des prix, mais de trouver les moyens d’améliorer le revenu des paysans.
La Commission européenne ouvre une enquête au regard de soupçons d’entente sur les prix en France et cela concerne l’élevage. Que savez-vous ?
Depuis deux ans, la France et l’élevage français subissent une crise agricole historique. Pour faire face à cela le gouvernement a organisé des tables rondes avec l’ensemble des acteurs et nous y avons naturellement participé. Cette enquête vise à comprendre qui a dit quoi ? Qui a fait quoi ? Nous répondrons aux questions de la Commission en toute bonne foi.
On parle de comportements anti-concurrentiels ?
En effet, c’est le terme retenu pour cette enquête. Il me laisse dubitatif car en aucun cas il ne s’agissait de s’engager sur des prix mais bien de sauver l’élevage français et d’obtenir les moyens d’améliorer les revenus des paysans. Nous connaissons fort bien les règles européennes, soyez-en sûrs ! Pour autant faut-il renoncer à toute initiative, à tout sursaut, à toute volonté quand le travail de milliers d’agriculteurs est en danger ?
Les conséquences peuvent être lourdes si cela était avéré ?
Ces tables rondes se sont déroulées sous l’autorité du ministre de l’Agriculture et en toute transparence. La seule entente qui existe, c’est celle qui consiste à lâcher les paysans français dans le bouillon de la mondialisation sans aucune sécurité, sans protection et sans avenir. Nous n’avons jamais demandé de prix minimum mais des mesures pour sauver l’élevage Français ; en particulier nous avons mis en avant le fait que les prix payés aux éleveurs ne leur permettaient pas de couvrir leurs coûts de production.
N’avez-vous pas peur que cette initiative européenne n’acte le divorce des paysans avec l’Europe ?
Grâce à ce couple historique paysans/Europe, de magnifiques choses ont été réalisées. Aujourd’hui, nous avons une Europe qui contraint et qui restreint plus qu’elle n’aide et ne soutient. Nous le regrettons. Nous avons besoin de plus et mieux d’Europe. En aucun cas il ne s’agit d’enlever à l’Europe ses lettres de noblesse. Elle doit redevenir proche des préoccupations des gens. Des milliers d’éleveurs en danger, ce devrait être une belle cause pour l’Europe et non un dossier !