Chambre d'agriculture
“Nous avons besoin d’agriculteurs et de responsables bâtisseurs”
Sans surprise, Patrick Escure a été élu confortablement vendredi à la tête de la compagnie départementale, une chambre qu’il veut proche des agriculteurs cantaliens.
C’est dans une ambiance solennelle et lors d’une session protocolaire dont le monde agricole est peu coutumier, que Patrick Escure, producteur de lait à Arnac, a été élu vendredi président de la chambre d’agriculture du Cantal. L’ancien président du CDJA, puis de la FDSEA du Cantal, actuel président de la FRSEA Auvergne, succède ainsi à Louis-François Fontant, qui reste élu de la compagnie consulaire. Pas de grand suspense lors de cette session élective (à la différence de celle qui se déroulait en même temps dans le Puy-de-Dôme(1)) : installés un peu plus tôt par Jean-Luc Combe, le nouveau préfet dont c’était l’une des toutes premières sorties officielles, les 41 membres présents ont eu à se prononcer à bulletin secret sur deux candidatures : celle de Patrick Escure, proposée par le président des JA, Benoît Aurière, au nom de la liste FDSEA-JA arrivée largement en tête du scrutin dans le collège des chefs d’exploitation, et celle de Philippe Castanier, pour le SMSA-CR. Verdict des urnes : 33 votes pour le premier, 4 au second et 4 blancs. Pas de surprise mais beaucoup d’émotion pour Patrick Escure au moment de s’asseoir dans le siège de président. “Cette élection je la dois et je la rends à la FDSEA et aux Jeunes Agriculteurs car c’est la reconnaissance de tout le travail réalisé quotidiennement par nos équipes qu’elles soient locales, départementales et par tous les échelons, ainsi que par tous les collaborateurs”, a-t-il déclaré avant de remercier son prédécesseur et de lister les priorités de la mandature.
Produire durablement
Des priorités directement inspirées du programme du syndicalisme FDSEA-JA : en premier lieu “des soutiens publics avec la réforme de la Pac en préparation dans un contexte extrêmement difficile pour les zones d’élevage” et, avec la question en suspens de la régionalisation de la gestion d’une partie des aides européennes. “La Chambre d’agriculture sera aux côtés du syndicalisme et apportera toute son expertise pour négocier”, a promis Patrick Escure. Localement, le président entend bien faire de la Chambre un outil d’accompagnement de l’installation des jeunes agriculteurs et du renouvellement des générations mais aussi de modernisation des exploitations avec un plan bâtiment dont la poursuite est jugée indispensable. “Je voudrais insister lourdement sur le développement des exploitations avec la nécessité de beaucoup d’agronomie pour développer les cultures, les fourrages, l’herbe et les quantités de céréales produites afin d’adapter nos exploitations au changement climatique mais aussi de renforcer nos capacités à produire durablement”, a-t-il souligné. Autre priorité pour redresser les revenus de la ferme Cantal : l’augmentation des prix de vente en élevage. “Ça passe par le développement de filières performantes, a assuré le président. L’engraissement sera une des premières priorités de notre département sur laquelle la Chambre d’agriculture travaillera avec les partenaires.” Voilà pour le fond, sur la forme, malgré un contexte des plus contraints pour cet organisme parapublic, Patrick Escure compte bien garder une Chambre d’agriculture “présente sur tout le territoire pour accompagner tous les exploitants quels que soient leurs projets”. Et inscrit cette mandature dans celle des bâtisseurs : “Nous devons être en capacité de construire l’avenir, nous avons besoin d’agriculteurs et de responsables bâtisseurs.”
Cahier de doléances de l’élevage cantalien
Profitant de cette première rencontre avec le préfet, Patrick Bénézit, patron de la FDSEA, a enfoncé le clou d’une indispensable mobilisation en faveur de l’autonomie fourragère des élevages du département : “On peut mettre en œuvre des actions de vulgarisation renforcées mais il nous faudra le soutien des pouvoirs publics sur ces sujets. Nous sommes un département avec beaucoup de prairies naturelles mais avec un cadre réglementaire actuel problématique. Or, on ne sent pas un grand desserrement d’étau dans les discussions sur la future Pac”, a-t-il lancé, ajoutant qu’il était hors de question que le Cantal et les régions d’élevage à l’herbe servent de caution environnementale à l’agriculture française. Chantal Cor lui a emboîté le pas plaidant la cause des producteurs de lait sinistrés par l’envolée des coûts de production en demandant la mise en place au plus vite des discussions régionales promises par le ministre sur cette question. Des promesses ministérielles sur lesquelles Benoît Aurière, président des Jeunes Agriculteurs, est revenu, déplorant que l’engagement pris à l’automne par Stéphane Le Foll de maintenir à l’identique les budgets alloués au programme Pidil en faveur de la transmission des exploitations, n’ait tenu qu’un temps, une baisse de ces crédits ayant été depuis annoncée. De quoi bien occuper sur le front agricole les journées de Jean-Luc Combe, un préfet qui, dans son allocution, a tenu à assurer du soutien de l’État à l’agriculture cantalienne, chiffres et dossiers à l’appui. Et de revenir ainsi sur le versement en temps et heure des subsides européens, sur les 133 projets bâtiments subventionnés par les aides de l’État et de l’Europe en 2012 dans le département, sur la finalisation du marché au cadran de Mauriac et d’un cadre rénové de valorisation pour les fromages AOP d’Auvergne... Reconnaissant dans la Chambre d’agriculture un partenaire “essentiel” de l’État, il a incité celle-ci à accompagner les agriculteurs dans les évolutions à l’œuvre afin de “mieux concilier les volets économiques, sociaux et environnementaux”.
(1) Qui a vu la liste Confédération paysanne-Coordination rurale prendre la présidence de la Chambre avec 24 voix à Sébastien Gardette contre 20 au représentant de l’UDSEA.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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