Manifestation
“Non à la faiblesse des soutiens à l’élevage et à la hausse des charges”
A Clermont, 400 éleveurs ont répondu à l’appel de l’UDSEA et des JA du Puy-de-Dôme. Ils ont dénoncé l’étranglement des exploitations et crié leur espoir d’être défendus.







La mobilisation doit payer
Près de 400 éleveurs réunis à Clermont-Ferrand et plus de 5 000 manifestants dans 15 départements du Massif central, on ne l'avait pas vu depuis longtemps ! Cette opération menée par l'UDSEA et les JA a mobilisé des éleveurs de toutes les productions. Et c'est normal, car pour nous tous l'horizon est bouché. Les élevages ovins sont entre la vie et la mort. Les éleveurs laitiers voient s'amenuiser de jour en jour leurs espoirs de retrouver du revenu en raison de l'augmentation des charges et du déficit de compétitivité de la production de lait à base d'herbe. Quant aux éleveurs allaitants, ils cumulent en plus de cela les conséquences économiques de la fièvre catarrhale. Je suis persuadé que notre mobilisation portera ses fruits. Aujourd'hui, nous sommes plus forts qu'hier pour faire évoluer la politique agricole commune. Je vous invite à être très attentifs au déroulement du congrès de la FNSEA cette semaine à Nantes, à quelques semaines d'importants arbitrages sur l'avenir de la PAC.
De même, nous avons clairement exprimé aux pouvoirs publics notre besoin impératif de lisibilité et de fluidité des marchés des bovins avec l'Italie. Sur ce sujet, nous attendons très rapidement des annonces positives du ministre de l'Agriculture.
Jean-Paul Thénot, Président de la section bovine de l'UDSEA
Ils ont dit
- Gilles Vignal, éleveur à Montaigut-le-Blanc
« Les dirigeants politiques n'ont pas suffisamment pris en compte la gravité de notre situation : pour mon cas, j'ai 6 broutards mâles à vendre dans l'immédiat et je ne peux pas le faire. Le commerce avec l'Italie étant bloqué, je suis contraint de les garder sur l'exploitation alors que cela induit des frais non rentabilisés, ce qui impacte lourdement ma trésorerie».
- Etienne Onzon, agriculteur en polyculture élevage à Combronde
« Le prix de vente de mes produits ne me permet pas de compenser la hausse considérable des charges. Par exemple, le prix du gaz, qui est utilisé pour les poulaillers, a augmenté de 30 % en 3 ans. Le poste carburant est aussi très lourd pour l'exploitation agricole. Concernant la fièvre catarrhale, nous devrions pouvoir faire nous-mêmes la vaccination et être soutenus par le Conseil Général pour cela ».
- Daniel Dailloux, éleveur à Saint-Amant-Roche Savine
« Mes animaux doivent rester sur mon exploitation pour une durée de 3 mois supplémentaires. Le blocage des exportations par les Italiens pour les animaux non vaccinés va coûter cher aux éleveurs. Les charges augmentent et les trésoreries sont dans le rouge, nous ne pouvons pas continuer ainsi. Nous demandons aux pouvoirs publics de continuer de faire pression sur l'Italie pour que les mesures imposées s'assouplissent et que l'on puisse faire partir nos broutards au plus tôt. »
Interview : Valéry BARLOT, jeune agriculteur sur la commune de Cisternes la Fôret. installé en individuel depuis 2 ans en vaches allaitantes.
"L'ambiance sur les exploitations est plus que morose !"
Quelles sont les motivations qui vous ont amenés ici aujourd'hui ?
Si je suis là aujourd'hui, c'est pour soutenir notre Ministre face aux propositions qu'il fera dans le cadre du Bilan de Santé de la PAC. Je pense notamment à celle concernant le soutien à l'herbe dans le premier pilier.
De plus, installé en vaches allaitantes, je suis là également pour exprimer mon inquiétude face à la vente de nos broutards. En effet, notre principal client pour ce marché reste l'Italie qui, par on ne sait quel moyen, nous a fermé ses frontières sous prétexte que nos animaux ne sont pas vaccinés. Le vaccin n'est pas disponible aujourd'hui (ou à de très - trop faibles- quantités). Nous sommes alors contraints de garder les broutards. Ces manigances italiennes engendrent une perte d'au moins 1/3 de notre chiffre d'affaires, conjuguée à une hausse du coût des matières premières... Ce qui fait qu'au final ça nous coûte plus cher pour produire et qu'on ne peut pas vendre. L'ambiance sur les exploitations est bien plus que morose !!
Et puis, récemment installé et face à la conjoncture, j'ai dû revoir ma politique d'investissement, très importante lorsque l'on reprend une structure, et la limiter par rapport à mon projet de départ, que je « redéfinis » pour m'adapter à la situation.
Quel message souhaitez-vous faire passer aux pouvoirs publics ?
Je souhaiterais qu'ils prennent enfin conscience qu'à l'avenir on sera de moins en moins de paysans et qu'il y aura de plus en plus de bouches à nourrir au niveau national et même mondial avec l'arrivée de nouveaux pays consommateurs sur certains marchés.
Si les pouvoirs publics ne nous soutiennent pas, on sera condamnés à arrêter et là il n'y aura plus rien à manger pour personne si ce n'est peut-être que "de la merd..."
Fièvre catarrhale : des doses supplémentaires...
La campagne de vaccination contre la fièvre catarrhale (FCO) a débuté cette semaine dans 16 départements du nord-est de la France par l'acheminement massif d'un premier lot de 300 000 doses. Les priorités sont : bovins, petits ruminants reproducteurs et femelles de remplacement des 16 départements du nord, puis animaux partant en transhumance, animaux destinés aux échanges, et enfin les animaux de cinq autres départements (Aveyron, Gironde, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne).
Dans le Puy de Dôme, 7 400 doses supplémentaires (1ère et 2ème injections comprises) vont être distribuées pour les bovins destinés aux échanges. Elles s'ajoutent aux 9 000 doses (1ère et 2ème injections) précédemment annoncées. L'ensemble de ces 16 400 doses vont permettre la vaccination de 8 200 animaux du département soit près de la moitié des animaux recensés qui doivent partir à l'exportation d'ici juin/juillet ; la profession estimant à 15 000 le nombre d'animaux dans le Puy-de-Dôme destinés aux échanges et devant être vaccinés...
...Des négociations en cours
Dernièrement, le ministre français de l'agriculture a annoncé que si le blocage italien se poursuivait, il étudierait la mise en place d'une aide spécifique « au maintien des animaux dans les exploitations».
De son côté, la Commission européenne s'apprête à revoir les conditions de dérogation aux interdictions de mouvements des animaux sensibles à la fièvre catarrhale et détenus dans des zones réglementées. Elle veut notamment limiter la livraison d'animaux non vaccinés, issus d'une zone réglementée, aux animaux d'un âge inférieur à quatre mois, ayant été élevés dans des installations protégées contre le vecteur de la maladie. Bruxelles entend également autoriser les échanges intracommunautaires cinquante jours après la première injection du vaccin. Le dispositif actuel impose pour les bovins un délai d'attente de minimum de 60 jours après la deuxième injection. Un intervalle d'environ 21 jours étant recommandé entre les deux injections, l'immobilisation des animaux est de l'ordre de 90 jours.