Municipales Aurillac : Moins-Amalric : "Une liste transpartisane pour sortir Aurillac de sa léthargie"
Déposée dès le 17 mars, la liste "Aurillac autrement", issue de la fusion des listes de Jean-Antoine Moins et Catherine Amalric, a été officiellement présentée ce 3 juin.
Pourquoi cette fusion au lendemain du premier tour de la part de deux candidats pas franchement issus des mêmes rangs ? Était-elle déjà dans les tuyaux auparavant ?
Jean-Antoine Moins : “Ce qui ressort du premier tour, c’est que depuis 1977, c’est le plus petit écart de voix entre le maire sortant et ses concurrents. Si vous regardez les préfectures autour, le Puy, Cahors, Vichy, Brive, Tulle, les maires sortants sont passés avec 55 à 60 % des voix. Et dans celles comme Rodez et Moulins, où il y avait quatre ou cinq listes, le maire sortant fait 45-48 %, les deuxièmes listes sont à 24-25 %. À Aurillac, on a une configuration toute autre : le maire sortant a fait un très mauvais résultat. Il a perdu beaucoup de voix par rapport à son score de 2014. Et les deux autres listes ne sont qu’à six points derrière et 400 voix de différence... Ça veut dire que le mandat du maire sortant a été sanctionné par 52 % des Aurillacois. Ces 52 % se disent “peut-être on pourrait avoir une offre différente ?” Et cette autre offre on s’est dit, nous, on va essayer de la construire ensemble. C’est pour ça que dès le l6 mars, j’ai contacté Catherine Amalric pour voir ce qu’on pouvait faire ensemble, avec la volonté de bonifier nos projets. Mais on n’en avait jamais parlé avant.”
Catherine Amalric : “J’ajoute que ar rapport à l’élection précédente, le maire sortant a fait une alliance avec les écologistes qui pèsent près de 10 % des voix. Sans cette alliance de circonstance avec des écologistes restés dans l’opposition pendant tout le mandat, son score serait bien plus faible.
Avec nos listes au premier tour, on a ouvert le champ des possibles. C’est ça l’exercice démocratique. Ce que nous faisons-là c’est de continuer de construire de façon extrêmement ouverte et positive ce champ des possibles pour les Aurillacois et pour Aurillac. Ce nouveau projet veut redonner un élan et sortir Aurillac de son isolement et de cette méthode d’exclusion, de clivage que, malheureusement, le maire sortant pratique au quotidien dans sa gestion et exprime encore très récemment en expliquant qu’il ne peut pas parler avec quelqu’un qui porte des idées différentes des siennes en se privant de moyens financiers comme ceux de la Région. Or cette diversité, c’est la richesse même du débat démocratique. C’est cette richesse qu’on a voulu apporter à nos concitoyens. Les Aurillacois n’ont pas tous la même sensibilité, les mêmes idées. Il faut que cette diversité d’opinions soit représentée, respectée. C’est le sens de notre liste transpartisane, citoyenne, démocratique.”
Quelles concessions l’un ou l’autre avez-vous dû faire pour rendre vos programmes respectifs compatibles ?
J.-A. M. : “Sincèrement, il n’y a pas eu de difficultés entre nous, on s’est retrouvé sur la totalité de nos projets respectifs qui seront mis en œuvre avec des modifications à la marge. On n’a qu’une seule envie, faire avancer notre ville. J’avais déjà une liste de rassemblements avec des gens qui venaient de la droite, du centre, mais aussi de la gauche. On n’est pas là pour faire un embrouillis de tout ça. Chacun garde sa sensibilité, je suis de droite, Catherine Amalric des Radicaux de gauche...
Notre ambition c’est de proposer une offre complémentaire, enrichie pour les Aurillacois et de sortir Aurillac de sa léthargie, de son déclin. Aurillac a encore perdu 450 habitants en 2019, il y a 100 commerces fermés en centre-ville et la situation va s’aggraver...”
C. A. : “Ça s’est passé très simplement (…). Je ne brigue pas de poste de maire, mais je suis très attachée à continuer de porter mes propositions qui sont au cœur de ce que promeut depuis des décennies le Mouvement radical pour nos concitoyens. Nos objectifs sont très clairs avec des orientations profondément humaines : c’est d’abord la solidarité avec l’accompagnement de chacun dans les difficultés, avec des propositions concrètes que nous avons formulées avant la crise. Dès le départ, on a proposé des guichets de proximité pour que les gens ne se sentent pas isolés. Sur le numérique, on a proposé des outils, de mobiliser des agents, un bus du numérique au plus près des quartiers. On a également proposé un soutien financier, concret, pour une alimentation de qualité, locale.Très clairement, il s’agit de redistribuer du pouvoir d’achat sur les économies de fonctionnement.
On sait que les difficultés économiques vont être très importantes, avant même la crise, on sentait le déclin, ce qu’on propose c’est d’aller chercher les fonds du dispositif Coeur de ville, doté de 5 milliards d’euros, pour aider chacun à se réinstaller dans le bâti existant, rénové, et pour rééquilibrer l’activité économique dans les différents quartiers de la ville.”
Avez vous enrichi, amendé ce projet au prisme des enseignements de la crise sanitaire ?
J.-A. M. : “Sur le volet économique on va booster encore plus notre programme car l’économie, c’est de l’emploi et donc du social. Sur la proximité, en plus des guichets quartier, on avait aussi le projet de maires délégués, car les gens ont besoin d’avoir un élu proche, pas d’attendre trois ou quatre mois pour rencontrer le maire. Pour le reste, sur l’écologie, le bien-vivre... on n’a pas eu besoin d’en rediscuter.”
Le Mouvement radical social libéral du Cantal, présidé par Josiane Costes, a fait savoir qu’il ne cautionnait pas cette fusion, ne craignez-vous pas que des électeurs se sentent trahis par ce rapprochement ? Certains de vos colistiers s’y sont-ils opposés
C. A. : “Ce qui compte, c’est d’avoir le soutien du mouvement national qui m’a investie et m’a renouvelé son plein soutien par la voix de son président dans cette démarche transpartisane, comme il l’a fait pour d’autres radicaux : notre secrétaire général national à Bordeaux, notre président à Nancy... Josiane Costes a défini très tôt sa position : elle nous a annoncé à l’automne qu’elle souhaitait arrêter toute activité politique au terme de son mandat de sénatrice et je la remercie de s’être engagée malgré cela dans notre liste. Au niveau d’un mouvement, chacun peut avoir son opinion individuelle, c’est même rassurant...”
J.-A. M. : “Deux de mes colistiers m’ont dit qu’ils ne suivaient pas.”
Pierre Mathonier parle d’opportunisme, de carriérisme en évoquant votre démarche...
J.-A. M. : “Quand Pierre Mathonier parle de sincérité politique, s’il y a un homme qui en a toujours manqué, c’est lui ! Jeune RPR passé aux Radicaux de gauche puis au PS, soutien de Macron au premier tour avant de le critiquer... Ça me paraît sinusoïdal comme trajectoire.”
C. A. : “Utiliser la crise pour transformer une information dont avaient besoin tous nos concitoyens en propagande personnelle, ça me choque. Se mettre en avant alors que des personnes souffrent, c’est le pire des opportunismes.”
Aux manettes à sa place durant la crise, quelles mesures auriez-vous prises ?
J.-A. M. : “Les mesures Covid débloquées sont dérisoires :
800 000 € quand Rodez est à 5 millions ! Pour les aides aux commerçants, il y a un périmètre instauré qui ne se justifie pas. En tant qu’opposition, on représente 40 % des voix, on n’a jamais été associés ou sollicités. C’est complètement archaïque. Une ville de
25 000 habitants a besoin de toutes ses forces. Sinon, on devient une toute petite sous-préfecture.”
Comment allez-vous organiser votre campagne ?
J.-A. M. : “Via les réseaux sociaux, la presse, via une lettre qui sera envoyée aux Aurillacois la semaine prochaine... Si nous sommes élus, nous allons faire de la frugalité en termes de communication. Ce que les gens veulent, c’est du service.”