À Montcamp, entre développement agricole et clède, il faut choisir
À Montcamp (commune de Rousses), les agriculteurs s’insurgent d’un manque d’accès à leur exploitation qui en empêche le développement économique.
Après avoir serpenté quelques minutes dans les gorges du Tapoul, la ferme du Gaec de Montcamp n’est pas facile à atteindre. Il faut encore traverser un petit lieu-dit, Prat-Nouvel, à la route étroite, puis prendre quelques épingles pour enfin déboucher sur l’exploitation, là où la route se termine. Ensuite, les pistes forestières prennent le relais. Un emplacement idéal pour implanter une ferme, avec une vue imprenable sur les vallées autour et de l’espace à perte de vue.
Mais, car il y a toujours un « mais », cet emplacement n’est plus si idyllique que cela lorsque l’on considère le développement économique de la ferme – ferme qui a rejoint la coopérative de la fromagerie des Cévennes en 1988. Développée par Serge Gout, l’exploitation a vu prospérer son troupeau de chèvres, tranquillement. Au départ exploitant individuel, Serge Gout est rejoint en 2018 par Arnaud Agrinier, puis par Coralie Julien, la compagne de ce dernier en 2022. 170 chèvres dont le lait est livré à la fromagerie des Cévennes, 45 vaches allaitantes Aubrac et croisées charolais vendues auprès de négociants, un peu d’apiculture en vente directe et dans les commerces locaux : tout pourrait aller pour le mieux pour les agriculteurs. Mais, depuis ses débuts, la ferme, à cause du goulot d’étranglement d’une clède mal placée sur la route de Prat-Nouvel, ne peut se développer autant qu’elle le souhaite. « On perd un temps fou à faire des tâches qui ne devraient prendre qu’une ou deux heures », s’agace Arnaud Agrinier. Car cette clède, installée depuis fort longtemps dans le virage serré au cœur du lieu-dit empêche les camions de livraison ou d’équarrissage de passer, le chemin étant trop étroit. À chaque livraison, les conducteurs manquent de rayer les camions, ou plus grave, d’arracher un morceau de toit de clède. « Certains camions restent coincés. Comme c’est la seule route d’accès, ils sont obligés de prendre les chemins forestiers pour nous rejoindre ». De la piste, donc, pas de goudron, et un circuit allongé d’une bonne demi-heure pour les chauffeurs. Quant à les pratiquer l’hiver, il ne faut pas y songer, les congères étant régulièrement de la partie sur les cols. Entraînant retards et risques majeurs pour les routiers.
« Le camion du laitier est le seul qui passe, et encore, très doucement et parce qu’il a l’habitude », pointe Arnaud Agrinier, qui s’inquiète de l’avenir de sa ferme : si le conducteur change, voudra-t-il encore monter ? Et si le tonnage devient trop imposant ? Des questions pour le moment restées sans réponses, même si les élus locaux sont sollicités sur le sujet.