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Mieux protéger les exploitations agricoles des intrusions et des vols

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et Joël Giraud, secrétaire d’État en charge de la Ruralité, étaient dans le département de l’Allier, lundi, pour échanger avec les élus, les gendarmes et les représentants du monde agricole autour des questions de sécurité.

Échanges avec les élus, les gendarmes et les représentants de profession agricole du département.
Échanges avec les élus, les gendarmes et les représentants de profession agricole du département.
© Sébastien Joly

Pas moins de trois ministres en Bourbonnais, c’est plutôt rare ! Un déplacement sous haute sécurité dans le cadre du Beauveau de la Sécurité, annoncé par le Président de la République le 8 décembre dernier. Une série de rendez-vous, sous forme de huit tables rondes, qui font suite au livre blanc de la sécurité intérieure ayant pour objectif « la modernisation de la politique publique de sécurité au bénéfice des policiers, des gendarmes et de l’ensemble des Français » a précisé le chef de l’État.

Des déplacements ministériels hebdomadaires à travers toute la France
Un calendrier qui s’étale entre les mois de février et mai de cette année avec un déplacement ministériel chaque semaine ainsi qu’une table ronde tous les quinze jours.
C’était donc le département de l’Allier qui a été choisi pour recevoir la délégation pilotée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin : « J’ai voulu venir dans le cadre du Beauvau de la Sécurité suite à une concertation avec les policiers et les gendarmes car la sécurité concerne tout le territoire national. On se concentre souvent sur les faits divers ou les actions qui se déroulent dans les grandes villes mais nous savons bien que dans la ruralité, auprès des agriculteurs notamment, il y a des questions de sécurité importantes. Souvent ce sont les gendarmes qui l’incarnent, en lien avec les élus locaux. Aujourd’hui, nous avons voulu dire aux agriculteurs, au monde rural plus largement, que, évidemment, nous ne les oublions pas. Nous connaissons, nous trois, très bien la vie locale, la ruralité. De ce fait, nous pourrions, ensemble, améliorer des dispositifs qui existent déjà et qui méritent d’être renforcés. Dans l’Allier il y a désormais trente gendarmes de plus face aux augmentations d’effectifs souhaitées par le président mais il y a aussi beaucoup de travail effectué par les gendarmes  autour du numérique et d’intelligence de proximité ».

Un malaise des éleveurs face aux intrusions
Une table ronde de près de deux heures pendant laquelle les représentants de la profession agricole ont fait part de leur désarroi face aux intrusions dans les élevages, mettant à mal la pérennité de ces exploitations, conduisant parfois ceux qui y travaillent vers des situations dramatiques, aussi bien financières que morales. Face à ce constat, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie a souhaité apporter tout son soutien : « Tout d’abord nous sommes face à une situation qui n’est pas acceptable. Nous sommes confrontés à des faits divers qui consistent à s’introduire chez des particuliers, des agriculteurs. Quel qu’en soit le motif ou la raison, nul n’est autorisé à pénétrer dans une propriété privée sauf si on est mandaté par l’État pour, par exemple, pratiquer un contrôle. Le premier message que nous portons avec mes collègues est que cette question de la sécurité concerne particulièrement le monde agricole. Qui peut comprendre que celles et ceux qui nous nourrissent, qui travaillent très dur, se lèvent très tôt le matin, se couchent très tard le soir, soient, en plus, victimes de ces intrusions. Cela n’est pas acceptable. Face à ces situations, il nous faut trouver les bonnes solutions. Des initiatives existent déjà. Je voudrais, à ce propos, saluer la coopération entre la gendarmerie et le monde agricole qui ont mis en place ces dernières années, ces derniers mois en particulier, des mécanismes de coopération pour pouvoir tous avancer dans le même sens. C’est un travail de longue haleine, qu’il nous faut encore renforcer. Je crois que ce Beauvau de la Sécurité est celui de l’ensemble des Français mais c’est celui, avant tout, de la ruralité, y compris pour nos agriculteurs. Après deux heures de réunion, nous voyons que chacun a des pistes pour améliorer la situation, que ce soit sur de la sécurité de proximité, sur les échanges d’informations mais aussi sur l’application des peines, des sanctions car, oui, il y a une sorte d’immunité ressentie chez certains. Parfois, la justice n’est pas rendue suffisamment rapidement. À ce sujet, le Garde des Sceaux est, lui aussi, particulièrement mobilisé aux côtés du ministre de l’Intérieur. Bref, ce Beauvau de la Sécurité permet au monde agricole de proposer, en coopération avec les forces de gendarmerie, d’évoquer des pistes concrètes pour améliorer la situation ».

Développer la vidéosurveillance sur les exploitations
Le ministre de l’Intérieur a évoqué la possibilité de développer la vidéosurveillance dans les exploitations agricoles et dans les villages. Cela demandera des moyens financiers mais aussi prévoir aussi les effectifs qui permettront de regarder et d’analyser ces vidéos. La loi de sécurité globale permettra aux départements, s’ils le souhaitent, des centres de supervisions urbains. Un appel aux réservistes pourrait être aussi envisagé.
Joël Giraud, lui-même originaire de l’Allier, connaît bien les problématiques auxquelles est confronté le monde rural : « Nous avons récemment signé une convention entre l’association des maires ruraux de France et la Gendarmerie Nationale afin de renforcer les liens qui les unissent déjà. De cette convention naîtront des actions concrètes qui permettront d’améliorer cette collaboration ».
Face aux attaques des exploitations auxquelles sont confrontés les agriculteurs, Gérald Darmanin a demandé au nouveau préfet de l’Allier, Jean-Francis Treffel, la mise sur pied d’un observatoire. Un dispositif à ce jour absent de ce territoire.

Communiquer pour mieux se comprendre
Gérald Darmanin a également appuyé sur le fait que les néo ruraux, qui s’installent dans les campagnes françaises, « ne peuvent pas prétendre aux mêmes avantages ou inconvénients de la ville. Le coq qui chante, le tracteur qui passe, l’épandage, c’est un tout, qui fait que le bruit fait partie de la ruralité et que c’est quelque chose de normal et de naturel. Il faut laisser les agriculteurs travailler. On ne peut pas, quand on arrive quelque part, imposer sa vie d’avant ».
Joël Giraud insiste sur le fait que cette cohabitation passe aussi par une meilleure communication : « Il est important que les agriculteurs et les élus communiquent d’avantages sur ce qu’est la ruralité. Les agriculteurs doivent expliquer ce qu’est la réalité de leur métier. Je prends pour exemple cette application « PanneauPocket » permettant aux collectivités, d’envoyer sur chaque Smartphone, des messages d’informations et d’alertes, instantanément et gratuitement, à tous les habitants de son territoire. Voici l’un des vecteurs d’informations, il y en a d’autres. Il faut savoir les utiliser, savoir en profiter pour mieux se comprendre ».

Un bilan, une loi de la sécurité intérieure et des mesures en juin
Un bilan de six mois de rencontres et de concertations à travers l’ensemble de la France devrait être dressé au mois de juin.
« Des mesures suivront à travers une grande loi de sécurité intérieure qui donnera des forces et des moyens nouveaux à nos policiers et gendarmes » complète Gérald Darmanin.
Julien Denormandie a, quant à lui, poursuivi sa visite au sein de l’abattoir Arrivé Auvergne à Saint-Germain-des-Fossés, pour échanger autour du volet agricole du Plan de Relance pour se rendre ensuite à la salle des fêtes de la commune afin d’échanger à huis-clos avec les représentants du monde agricole sur d’autres problématiques.

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