Mercosur : les éleveurs lozériens en colère
Lundi 18 novembre, en fin de journée, la FDSEA et les JA ont été reçus par le préfet de Lozère Philippe Castanet, suite aux premières actions ce week-end dans le département pour marquer le désaccord des agriculteurs par rapport au Mercosur.
Lundi 18 novembre, en fin de journée, la FDSEA et les JA ont été reçus par le préfet de Lozère Philippe Castanet, suite aux premières actions ce week-end dans le département pour marquer le désaccord des agriculteurs par rapport au Mercosur.
Alors que l’accord du Mercosur semble arriver à sa conclusion et les signatures prêtes à être apposées, les agriculteurs français et lozériens s’insurgent d’un accord qu’ils considèrent comme contraire aux valeurs de qualité et de savoir-faire véhiculées par la filière française.
De premières actions en Lozère
Lors de ce premier week-end de mobilisation, la FDSEA et les JA ont notamment rebaptisé des villes lozériennes par le nom de villes brésiliennes et argentines. Lundi soir, une délégation FDSEA et JA était reçue par le préfet de Lozère, Philippe Castanet.
Les syndicats agricoles majoritaires craignent notamment qu’avec la signature de l’accord du Mercosur, « la souveraineté alimentaire de la France et les attentes au niveau de la production nationale soient mises en péril ». Et réclament l’arrêt immédiat de toutes les négociations tendant vers la conclusion de l’accord tant « que des clauses miroir ne sont pas intégrées à l’accord afin de garantir des règles équitables et respectueuses des normes sociales, environnementales et sanitaires françaises ». « Nous avons rencontré le préfet lundi soir pour parler, évidemment, Mercosur, mais aussi du sujet de la prédation, qui nous préoccupe beaucoup en Lozère », a détaillé Jean-François Maurin, président de la FDSEA. « Nous voulions faire part de notre réel mécontentement sur ce sujet ».
Après un an de crise profonde subie par la profession agricole, « les choses n’ont pas changé », souligne désabusé le président de la FDSEA. « On a l’impression de ne pas avoir été entendus, ni compris. Nous, on demande à ce qu’il y ait moins de normes et qu’on puisse enfin vivre de notre travail avec une vraie rémunération à la clé. On ne veut pas de cette concurrence déloyale ». Rappelant que les hormones de croissance ne sont plus utilisées en France depuis 1988, Jean-François Maurin dénonce « l’arrivée prochaine de cette viande aux hormones. C’est une aberration totale, et c’est le consommateur qui va payer les pots cassés », avertit-il. Une mise en garde lancée pour alerter sur cet accord qui pourrait « finir d’achever la filière agricole française ».Au sortir de la réunion, les syndicats FDSEA et JA se sont dits satisfaits des échanges : « le préfet a promis de faire remonter nos revendications à Paris ».
Un accord Mercosur décrié
Selon la fédération des éleveurs de race à viande du grand massif central, « la commission européenne et les pays du Mercosur souhaitent conclure avant Noël l’accord de libre-échange ». Un calendrier que redoutent les agriculteurs. L’accord UE-Mercosur prévoit une libéralisation des échanges entre les deux blocs économiques. Une baisse des droits de douane qui pourrait entraîner une augmentation des importations de produits agricoles sud-américains, notamment de la viande bovine. L‘UE et le Mercosur sont parvenus, en 2019, à conclure cet accord d’association commercial et politique pour établir une zone de libre-échange.
Les éleveurs sud-américains pourraient ainsi exporter 99 000 tonnes de bœuf par an à un tarif douanier préférentiel de 7,5 %. Or les agriculteurs français craignent cette concurrence accrue, qu’ils jugent déloyale en raison de coûts de production plus bas et de normes moins strictes dans les pays du Mercosur. Certains de ces États autorisent ainsi l’usage d’antibiotiques pour les animaux d’élevage et de pesticides interdits en Europe, tandis que leur réglementation sur le bien-être animal est moins stricte que dans l’UE.
Mais un récent audit de la Commission européenne a révélé le manque de traçabilité de la viande bovine brésilienne (notamment la présence ou l’absence de résidus d’hormones interdites au sein de l’UE). Les résultats de l’audit ont eu pour effet la suspension immédiate par le Brésil de ses ventes vers l’UE. Sur 23 médicaments vétérinaires contenant de l’œstradiol bêta, 17 sont actuellement autorisés au Brésil et aucun d’entre eux ne porte d’étiquette déconseillant leur utilisation pour le bétail destiné à l’exportation vers l’UE. C’est grâce à une clause de réciprocité ou clause miroir européenne sur les hormones de croissance que l’office alimentaire et vétérinaire a pu découvrir l’absence de leur traçabilité dans certains produits que le Brésil exporte. En imposant les mêmes normes sanitaires, sociales et environnementales sur les biens échangés entre les deux parties, il s’agit ainsi d’assurer des conditions de concurrence équitables entre éleveurs.