Marché au cadran : “Ça va se faire !”
À quelque jours de son assemblée générale, vendredi 20 avril à Polminhac, l’organisation réaffirme la place des OPNC dans le paysage agricole. Avec l’exemple du marché au cadran.
Elvea 15, puis 15-63 et depuis l’automne 15-63-43. À quand Elvea Auvergne ?
Denis Costerousse : “Le rapprochement avec l’Apeb 03, n’est pas à l’ordre du jour. Nous n’avons pas les mêmes races, ni la même façon de travailler. Au-delà, il ne s’agit pas du tout pour Elvea 15-63-43 ni pour Elvea France d’aller vers des structures de grosse taille ou régionales. On veut des structures proches des éleveurs et pouvoir apporter un système OPNC (organisation de producteurs non commerciale) là où il n’y en a pas. C’est ce qui a prévalu pour notre extension de zone sur la Haute-Loire qui correspondait aussi à une demande de l’Apiv, laquelle n’était reconnue qu’en ovins. Nous sommes en effet plus que jamais convaincus de l’utilité des OPNC qui constituent une alternative à un système unique, celui de la coopération”.
Avez-vous toujours des craintes justement de voir ce schéma unique être imposé ?
D. C. : “Suite à la loi de modernisation de l’agriculture, le transfert de propriété peut toujours être acté par un décret. C’est pourquoi j’appelle une nouvelle fois éleveurs et acheteurs à rester vigilants afin de pouvoir à l’avenir garder leur liberté et éviter une perte de concurrence sur le marché, voire un risque à terme d’intégration. Il faut qu’éleveurs et acheteurs nous aident à peser dans les discussions. C’est un combat de tous les jours”.
Comment se positionne Elvea sur la contractualisation vou- lue par les pouvoirs publics ?
D. C. : “On a beaucoup travaillé au niveau d’Elvea France sur cet aspet avec l’aide d’un juriste afin de voir comment les OPNC pouvaient se positionner. Très prochainement, nous allons proposer un modèle de contrat, soit bipartite entre éleveur et abatteur, soit tripartite entre éleveur-acheteur et abatteur. Ce type de contrat est d’ailleurs déjà opérationnel pour les JB (jeunes bovins) à l’engraissement. Le but, demain pour nous, n’est pas d’imposer la contractualisation mais d’être un acteur facilitateur des contrats sachant qu’au regard de l’autorité de la concurrence, les OPNC ne peuvent être parmi les signataires. Les coopératives ne seront donc plus les seules à pouvoir proposer des contrats. D’ailleurs, nous pourrons en proposer même sur le futur marché au cadran”.
C’est donc sûr, le marché au cadran de Mauriac va se faire ?
D. C. : “Les conclusions de l’audit diligenté à la demande du préfet, sont très favorables même si elles ne se sont pas encore définitives. Ce rapport va être transmis dans les prochains jours au ministre. Mais rapport ou pas, le marché se fera. Cet audit a, avant tout, vocation à conforter la faisabilité et la crédibilité du projet, entre autres en vue de l’attribution d’aides du commissariat Massif central. Ce qui est sûr aussi, c’est que sans l’implication d’Elvea, qui a porté le dossier dès le départ, le projet n’aurait pas pris forme”.
À quand le premier coup de pioche ?
D. C. : “L’assemblée générale exceptionnelle de la SAS marché du cadran de Mauriac(2), future gestionnaire du marché, qui prendra à sa charge le financement des travaux sur le parc de vente et qui est composée de futurs utilisateurs (NDLR : 145 éleveurs et 17 acheteurs y ont souscrits), se tiendra fin juin. D’ici là, on devrait avoir la réponse définitive quant à l’attribution des aides du Massif central. Au niveau pratique, le maître d’ouvrage a été nommé, le permis de construire devrait être validé d’ici peu et les travaux pourraient débuter à l’automne”.
Quelle est aujourd’hui votre analyse de la situation du marché de la viande bovine ?
D. C. : “Le marché est globalement positif avec un bémol quand même : les remontées des commissions de mise en marché d’Elvea indiquent que les cours des broutards ont été identiques en moyenne sur 2011 à ceux de l’année précédente. En effet, les cours de début 2011 ont été plus bas que ceux de 2010 et sur la fin de l’année il y a eu moins d’offre du fait de ventes plus précoces et d’une décapitalisation liée à la sécheresse. Au final, malgré le redressement depuis l’été, les prix ont été étalés. À cette heure, les opérateurs ne débordent pas non plus d’enthousiasme, avec un baby qui rebaisse un peu partout : si le marché turc reprend, la situation sera plus convenable. Malgré tout il faut regarder à plus long terme : il va falloir produire avec une réforme de la Pac qui y incitera ou pas.” Cette pénurie de l’offre qui se confirme ne risque-t-elle pas d’handicaper les filières auxquelles vous contribuez ? D. C. : “Oui il y a un risque de difficulté d’approvisionnement. En label rouge (LR salers, Boeuf fermier aubrac...), on arrive pour le moment à fournir avec des efforts pour aligner les prix sur les tendances du marché et les nouvelles grilles FranceAgriMer. Mais on ne sait pas si on pourra continuer dans deux ou trois mois. En même temps on n’est pas non plus très inquiets et on continue de travailler pour construire avec les abatteurs de nouvelles filières comme les génisses primeur, une filière lancée fin 2011 par l’Acequal (Association Centre qualité) qui fédère 21 OPNC du Massif central et qui porte aussi la filière Heredia non OGM. L’Acequal travaille aussi sur de la charolaise de réforme qui va concerner Elvea sur le Puy-de-Dôme et la Haute-Loire”.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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