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Mal-être
Mal-être des agriculteurs : les propositions du CAF

Alors que le ministre de l’Agriculture doit présenter un plan d’actions à la rentrée 2021, le Conseil de l'Agriculture
Française fait part de ses priorités d'action.

 

Mal-être, agriculteur en difficulté, suicide.
" Généralement quand un élevage va mal, c’est que l’éleveur lui-même va mal ", a souligné Jean-François Fruttero président de la MSA Dordogne
© agricollectif.fr

Le sujet tabou du suicide des exploitants agricoles traîne depuis des années et toute la profession agricole est impatiente de voir se concrétiser un plan d’action gouvernemental qui viendrait épauler les dispositifs déjà mis en place par une partie des organisations professionnelles. Tel est en tout cas le message subliminal que la FNSEA, JA, l’APCA et la MSA ont voulu faire passer le 30 juin lors d’une conférence de presse commune, surtout après la publication des rapports du député Olivier Damaisin (LREM, Lot-et-Garonne) en décembre 2020 et des sénateurs Henri Cabanel (PS, Hérault) et Françoise Férat (UDI, Marne) en mars dernier.


Plus visibles et accessibles
" Le constat est connu : Il y a 30 % de suicides supplémentaires dans la profession agricole par rapport aux autres professions. Elle touche principalement, à 60 %, la frange de population des 55/70 ans ", a expliqué d’emblée la présidente de la FNSEA et du CAF, Christiane Lambert. Ce mal-être, spécifiquement à cet âge, est multifactoriel et peut être consécutif à " un sentiment d’inutilité, d’un mal-être lié à la transmission, à la retraite ", a-t-elle précisé.  Le phénomène n’est pas nouveau " et sur ce dossier, on ne part pas de zéro " a indiqué Sébastien Windsor, président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA). Il existe en effet des ”sentinelles” qui peuvent être vétérinaires, contrôleurs laitiers, le voisin, l’ami proche… et qui peuvent déceler des signes avant-coureurs de mal-être. " Généralement quand un élevage va mal, c’est que l’éleveur lui-même va mal ", a souligné Jean-François Fruttero président de la MSA Dordogne et référent de la Caisse centrale MSA sur ce dossier.
La CCMSA a mis en service dès 2011, le service Agri’ écoute (09 69 39 29 19) qui permet, 7/7 jours et 24/24, de dialoguer anonymement avec des écoutants formés aux situations de souffrance et de détresse. Elle prévoit aussi une aide au répit (entre 7 et 10 jours renouvelable) pour permettre aux exploitants de souffler en cas d’épuisement professionnel. De même, l’APCA dispose de dispositifs départementaux. " Pour les rendre plus visibles et plus accessibles ", toutes ces plateformes sont aujourd’hui rassemblées sous une même identité : " Réagir ", sous-titrées " solidarité et accompagnement ". Le site Agricollectif
(www.agricollectif.fr) géré par la FNSEA, les JA et l’APCA permet aussi d’aider les agriculteurs en détresse économique et psychologique.


Mentorat et tutorat
Les organisations professionnelles agricoles (OPA) proposent également, de créer une aide de 12.000 euros par an pour les chefs d'exploitation de plus de 57 ans qui traversent de graves difficultés économiques, familiales ou de santé. Appelée " passage de relais ", cette aide est conditionnée par l’installation d’un jeune agriculteur aidé, c’est-à-dire éligible à la dotation jeune agriculteur (DJA). "Ce jeune viendrait s’installer sur l’exploitation de ce futur retraité ", a indiqué Julien Rougier (JA). À raison de dix dossiers par département et par an, l’enveloppe annuelle pourrait atteindre environ 12 millions d’euros.
Les jeunes agriculteurs souhaitent aussi que la prévention du mal-être passe par " une meilleure information dès la formation initiale ainsi que le mentorat et le tutorat ", a ajouté Julien Rougier.
Le Caf veut aussi développer le tutorat et le mentorat qui " existent à l'heure actuelle de manière éparse sur le territoire ". Cette réflexion s'inscrit dans la réforme de l'accompagnement à l'installation et à la transmission en agriculture (Aita) qui aboutira le 1er janvier 2023, a précisé l'élu national de Jeunes Agriculteurs.
Par ailleurs, le Caf souhaite sensibiliser les sentinelles pour qu'elles acquièrent " les bons gestes et les bons réflexes " et former les mandataires judiciaires aux spécificités agricoles. Il veut aussi renforcer l'aide au répit, et espère le feu vert du gouvernement pour doter le service Agri'écoute de la MSA d'un numéro d'appel simplifié à trois chiffres.


529 suicides en 2016
Intervenant lors de cette table ronde, le député Olivier Damaisin aurait aimé connaître les chiffres réels du suicide des agriculteurs afin d’avoir une idée précise de ce phénomène. Ces données sont actuellement détenues par l’Agence nationale de Santé Publique (appelée Santé Publique France) et cet établissement public ne semble pas briller par sa transparence. " Il n’est pas normal de ne pas les avoir ", s’est-il agacé. " Les seuls chiffres dont nous disposons sont ceux de 2016 : il y a eu officiellement 529 suicides d’agriculteurs ", a acquiescé Jean-François Fruttero. Restent que les OPA, bien qu’elles soient solidaires et actives, se sentent néanmoins seules à porter ce sujet à la fois sensible et pesant. " Le ministre de l’Agriculture présentera un plan d’actions à la rentrée de 2021, afin d’accompagner les agriculteurs en difficulté ", a certifié le député Damaisin.
 

 

 

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