Maîtriser les risques de résidus d’antibiotiques dans le lait
L’assemblée générale du Contrôle Laitier s’est déroulée lundi 4 avril au Lycée Agricole d’Ahun.
Fabrice Reynaud, président du contrôle laitier creusois avait convié ses collègues producteurs de lait adhérents pour une assemblée générale sur le thème des antibiotiques : comment limiter leur utilisation et donc ainsi diminuer ses charges ? La journée s’est déroulé en deux temps, le matin en salle pour faire le bilan de l’année d’activité 2015 et l’après-midi sur l’exploitation du lycée. Le constat reflète la réalité : la filière laitière traverse une crise sans précédent, les producteurs font donc le choix de sacrifier certains postes de dépenses, comme leur adhésion au contrôle laitier (12 démissions contre 3 adhésions) ou passent leurs protocoles d’exploitation à une traite au lieu de deux. Le rapport financier 2015 est en léger déficit mais la situation n’est pas alarmante. Au niveau des cellules, pas d’évolution flagrante, la moyenne annuelle stagne autour des 400 000 cellules. La courbe est sensiblement la même d’une année à l’autre, avec un pic en juillet 2015 suite à la sécheresse, car quand la chaleur augmente, l’activité microbienne se multiplie.
Intervention technique
Nathalie Laufrais, vétérinaire au GRASL (Groupement régional d’action sanitaire du Limousin), est intervenue pour présenter aux éleveurs le plan antibiorésistance ou ECOANTIBIO porté par le ministère de l’Agriculture. Ce plan a pour objectif de réduire de 25 % la quantité d’antibiotiques utilisés en élevage d’ici 2017 et de réduire l’utilisation des antibiotiques d’importance critique, notamment les fluoroquinolones et les céphalosporines de 3e et 4e génération. C’est un double enjeu pour les producteurs de lait. Il faut savoir que les animaux ayant reçu un traitement antibiotique ne sont pas traits, hors des erreurs ou oublis peuvent arriver, c’est pourquoi de nombreux contrôles sur le lait sont effectués en ferme (4/mois) et dans les laiteries. Un lait présentant des traces d’antibiotiques est détruit, ce qui implique un manque à gagner pour les producteurs qui ont déjà du mal à vivre de leur métier. De plus, les antibiotiques représentent un poste important de leurs charges, diminuer leur utilisation est par conséquent une réelle économie pour les producteurs, sans oublier l’impact positif des bonnes pratiques d’élevage sur les consommateurs. En cas de nécessité, un test sera réalisé sur l’animal malade afin de dépister la famille d’antibiotique la plus pertinente pour le traitement. Certains éleveurs dans la salle se sont inquiété du coût et du délai de cette analyse supplémentaire. L’élevage bovin n’est pas un des plus gros utilisateurs d’antibiotique (1,8 traitement/vache/an) comparé à l’élevage de lapins qui en utilise plus fréquemment (3,8 traitements/animal/an).
Après la partie théorique, les adhérents ont été accueillis l’après-midi par Laurent Rougier et le docteur Guérin (GDS Creuse) sur l’exploitation agricole du lycée. Ils ont pu découvrir le plan global de maîtrise sanitaire mis en place au sein du troupeau laitier afin de réduire l’utilisation d’antibiotique en cas de pathologies chez les veaux, présence de cellules et mammites.