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Interview
Maïs semence : "la Limagne n'est pas épargnée par les baisses de surfaces"

Régis Rougier, président du syndicat des producteurs de maïs semence des Limagnes et de Val d'Allier, revient sur la campagne « historique » de 2023 et les baisses de surfaces de production en 2024.

Quel est le bilan de la dernière campagne de production de semences ?

Régis Rougier : La Limagne n’a pas répondu au besoin d’emblavement de surface de Limagrain Europe en contractualisant 6 085 ha pour une demande 6 400 ha. Ceci s'explique d'une part, par l’inquiétude des producteurs par rapport au taux de remplissage du barrage de Naussac à l'hiver 2023. Le barrage contenait alors 58 Mm3 soit 32% de son taux de remplissage. Ils avaient aussi en mémoire les difficultés de suivi d'irrigation de 2022, avec des restrictions en pagaille. La seconde cause à ce manque d'emblavement n'est autre que la diminution du nombre de producteurs de maïs semences, majoritairement en raison des départs à la retraite.

La campagne s'est malgré tout bien déroulée ?

RR : Exactement. Les semis 2023 étaient bien étalés, entrecoupés de pluies qui ont permis de belles implantations. Dans quelques secteurs touchés, certaines parcelles ont été dégradées voire détruites par la grêle ou les attaques de taupins. D’autres parcelles ont été déclassées pour défaut de castration essentiellement. Ainsi 5 987 ha ont été récoltés. 

Un climat favorable, des pluies régulières et une irrigation très suivie nous donnent un résultat record pour la Limagne à 107 % des objectifs en quintaux pour 119 % en doses. 

Le climat nous a certes été favorable mais n’oublions pas les investissements techniques et économiques des producteurs dans la réalisation de ces chiffres en multipliant près de 160 variétés. Ces très bons résultats ne doivent pas nous inciter à réduire nos efforts mais au contraire à poursuivre l'amélioration de notre technicité pour préserver notre compétitivité. Durant cette campagne 2023, les récoltants ont réglé leurs machines au mieux face à des maturités rapides dès le mois de septembre pour garantir le moins d’égrenages possible. C'est également une composante de ce résultat historique.

Un mot sur le tournesol semences qui, avec un plan de production de 540 ha pour 3 variétés, offre un très bon résultat à 115 % des objectifs. Toutefois, nos soucis d’isolements nous freinent dans l’évolution des surfaces. La résolution de ces problèmes nous permettrait d’améliorer la valeur sur nos exploitations.

Ce lundi le niveau du barrage de Naussac comptabilisait 71.59 Mm3 soit un taux de remplissage de 39% ; un niveau quasi similaire à l'hiver 2023. Cela inquiète-t-il cette année encore les producteurs ?

RR : Comme l'année dernière, nous débuterons cette nouvelle campagne avec une réserve en eau déficitaire. Il faut espérer que le climat nous aidera une nouvelle fois avec des pluies importantes au printemps. Nous sommes tout de même inquiets car avec la météo rien n'est jamais garanti. 

Cela va demander, pour la deuxième année consécutive, de faire des choix en termes d'irrigation

La forte valeur ajoutée des productions semencières jouera en leur faveur mais le risque d'avoir des restrictions d'irrigation pourrait être limitant. Seul l'avenir le dira...

Cette situation peut-elle, comme en 2023, inciter certains producteurs à réduire leurs surfaces ?

RR : Les surfaces sont d'ores et déjà réduites par rapport à 2023 puisque seulement 6 000 hectares sont prévus à l'implantation. Après une année 2022 catastrophique, toutes les zones de production sont au-delà de 100 % des objectifs et la moyenne française est à 107 %. Nos stocks de doses ont fortement augmenté et vont provoquer indéniablement une diminution des surfaces pour 2024. Les producteurs vont s’adapter comme d’habitude mais pas à n’importe quel prix. En effet, les établissements devront soutenir la valorisation du produit brut pour la préservation des réseaux. La tendance nationale prévoit une réduction du plan de 20 à 30 % environ. 

En termes de réduction, nous sommes la région la moins touchée. La présence des usines sur notre territoire encourage le maintien de la production et du réseau de producteurs.

La campagne 2024 sera donc d'ores et déjà moins favorable aux producteurs ?

RR : Depuis 2023, un nouvel accord de prix, présenté par le groupe de propositions, a été validé par le Conseil d’Administration de la coopérative. Cet accord a permis une revalorisation du produit brut/ha de 940 € en fertile et 865 en stérile. Soit un produit brut moyen hors prime qualité de 6 060 € en stérile et 6 660 € en fertile. Une partie de cette revalorisation était liée à la hausse du prix du maïs conso. Toutefois, notre système de rémunération est désormais basé sur un prix pivot du maïs grain. Ceci nous permettra de subir moins rapidement la chute des cours des maïs conso que nous connaissons en ce moment. Le prix sera plus stable. Idem en tournesol : l’accord de prix calqué sur celui du maïs semence avec comme base de référence le cours du tournesol conso fait apparaître une augmentation du produit brut/ha de 663 €.

Il y a là comme un écho à l'actualité... Cette politique de prix est-elle équivalente à un "prix plancher" ?

RR: Le syndicat des producteurs de semences des Limagnes et de Val d'Allier fait le relais avec la coopérative. Notre groupe de propositions est constitué de personnes qui sont également administrateurs de la coopérative. Nous avons ainsi un système qui fonctionne dans lequel les producteurs peuvent faire remonter leurs problématiques. Entreprise et agriculteurs se parlent et s'écoutent. Il y a beaucoup d'échanges et de concertations entre les producteurs et Limagrain, les bonnes années comme les mauvaises.

 

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