L'URCVL démantelée d'ici la fin de l'année 2009
Les responsables agricoles planchent pour trouver une solution globale à l’après URCVL d’ici la fin de l’année, puisque son démantèlement est annoncé. Les producteurs devront se tourner vers une entreprise privée ou coopérative présente sur le secteur. Mais pour les excédents laitiers gérés par l'URCVL, estimés à 90 millions de litres, la profession attend un engagement des entreprises locales.

ont tenu à organiser une réunion régionale sur la situation de l’URCVL et l’avenir de ses producteurs.
L’URCVL sera progressivement démantelée et ses producteurs rejoindront une entreprise privée ou coopérative déjà présente localement. Reste à trouver une destination aux excédents laitiers gérés par l’URCVL, estimés à 90 millions de litres, et pour lesquels les responsables laitiers régionaux attendent un engagement des entreprises aujourd’hui présentes sur la zone URCVL.
Les comptes de l’URCVL sont gravement déséquilibrés. Le poids des pertes de l’entreprise Via Lacta cédée avant l’été à Entremont, entreprise elle-même en cours de reprise par Sodiaal, et un marché du lait marqué par la dérégulation et des concurrences de laits venus d’Allemagne et des pays de l’Est, ont plongé l’Union des coopératives dans un engrenage qui a conduit son assemblée générale, le 16 juillet dernier, à prononcer son démantèlement. Depuis, le cabinet Sofra travaille avec les dirigeants de l’URCVL et ceux du CRIEL pour trouver une solution à l’après URCVL. Le cabinet Sofra a proposé plusieurs scénarios dont celui qui confirme « un arrêt progressif de l’URCVL permettant de trouver, par bassin laitier, des solutions locales avec les acteurs présents sur le terrain ».
La gestion de la collecte et des laits excédentaires
Cette hypothèse de travail actuellement à l’étude pour déterminer les volumes de lait qui seraient repris doit, selon André Bonnard, le président de la Fédération laitière Rhône-Alpes et Gérard Bazin, le président du Criel, intégrer « l’optimisation de la collecte qui reste en Rhône-Alpes un facteur de coûts important ». L’autre préoccupation des responsables laitiers régionaux de Rhône-Alpes et d’Auvergne concerne la valorisation des laits excédentaires collectés par l’URCVL. Des excédents qui représentent 90 millions de litres annuels sur un total d’excédents régionaux d’environ 150 millions de litres, hors litrages de sécurité. Jusqu’à ces derniers mois, l’Union des coopératives laitières trouvaient des débouchés sur l’Italie pour 80 à 100 millions de litres et dégageait vers la fabrication d’Emmental 80 autres millions de litres. Désormais, l’Italie se tourne vers l’Allemagne et les pays de l’Est pour s’approvisionner en laits à des prix bien moins élevés que ceux venant de chez nous. L’Emmental, pour sa part, « est une filière sinistrée », indique André Bonnard. La faible valorisation de ces laits représente 25 euros par mille litres assumés par les éleveurs de l’URCVL qui s’impose une coûteuse mutualisation. Ces volumes mal valorisés devront être répartis entre les entreprises qui reprendront les éleveurs de l’URCVL. Mais les opérateurs locaux, Sodiaal, Danone, Lactalis, Bongrain… sollicités pour reprendre des volumes collectés par l’URCVL ne se bousculent pas : « en l’état, 10 à 15 millions de litres seulement intéressent les entreprises laitières concernées », reconnaît Gérard Bazin. Cette situation pénalise surtout les éleveurs de l’Ain dont les volumes identifiés comme excédentaires s’élèvent à 40 millions de litres…
Geler la redistribution des cessations laitières
Dans ce contexte de surproduction laitière, les responsables laitiers régionaux explorent toutes les pistes. Le programme de cessations laitières (Acal) permet de peser sur 15 millions de litres. « Nous proposons avec l’aide de l’État et des conseils régionaux de Rhône-Alpes et d’Auvergne de geler la redistribution de ces litrages pendant « un ou deux exercices » pour libérer le marché de ces volumes », proposent le Criel et la Fédération régionale laitière. Une solution partielle portant sur 15 % seulement des volumes excédentaires de l’URCVL. D’autre part, cette mise en retrait de litrages conduit, de fait, à réduire le potentiel de production de la région. Attention de ne pas baisser les bras sur le plan des volumes de production à un moment ou d’autres régions, de l’Ouest notamment, cherchent à produire plus et risquent de lorgner sur les litrages que nous n’aurons pas produits. Gilbert Limandas, le président de la chambre d’agriculture de l’Ain et vice-président de la chambre régionale Rhône-Alpes s’inquiète de cette situation dans une région qui ne pèse déjà que 6% de la production laitière nationale. Pour André Bonnard, cette proposition permet de montrer l’effort que consentent les producteurs pour demander en contrepartie aux industriels d’apporter leur pierre à la recherche d’une destination des laits collectés par l’URCVL. Un éleveur fait cependant observer qu’un producteur de l’URCVL payé aujourd’hui 220 euros les mille litres peut être très bien, après la disparition de l’Union régionale des coopératives de vente de lait, se retrouver dans une situation pire que celle qu’il subit aujourd’hui ». Une remarque partagée par le directeur de l’URCVL : « avec la fin annoncée de l’URCVL, l’éleveur qui se retrouvera dans une entreprise avec de mauvais marchés aura de mauvais prix du lait ».
L’État et la Région attentifs
Gilles Pelurson, le directeur régional de l’agriculture Rhône-Alpes assure les responsables laitiers régionaux du soutien de l’administration et plaide actuellement auprès du ministère pour une révision de la réglementation concernant la redistribution des volumes issus de la cessation laitière. De son côté, Hervé Piaton, le directeur des services de l’agriculture au conseil régional Rhône-Alpes, reconnaît le faible impact du gel de la redistribution de 15 millions de litres de lait. Pour autant, la Région « peut potentiellement intervenir mais, dans ce cas, les élus régionaux voudront avoir leur mot à dire au moment de la redistribution des litrages issus des cessations laitières gelées ». Plusieurs élus agricoles, notamment Raymond Vial, président de la chambre régionale d’agriculture de la Loire et Dominique Despras, le président des JA Rhône-Alpes, demandent « un resserrement du calendrier des décisions concernant l’URCVL et de les communiquer au plus tôt aux éleveurs pour leur permettre de s’organiser ».
Gilbert Guignand, le président de la Fdsea de la Haute-Loire s’associe à cette demande et insiste « pour qu’une solution globale soit trouvée avant la fin de l’année car, sur le terrain, les éleveurs n’en peuvent plus d’attendre ». Selon André Bonnard, « le 31 octobre, il faut savoir où l’on va et que les entreprises se soient prononcées sur les volumes de lait qu’elles s’engagent à reprendre et à quel prix ». Une réunion chez le préfet de région, programmée début décembre, devrait faire un point sur l’état d’avancement des actions engagées et des engagements pris par chacun. D’ici là, André Bonnard se propose de rencontrer les opérateurs laitiers nationaux pour qu’ils s’engagent à ne pas laisser tomber les éleveurs de l’URCVL très inquiets quant à leur avenir de producteurs de lait.
Quel avenir pour les filiales de l'URCVL
À l’heure du démantèlement de l’URCVL se pose la question du devenir des filiales de l’URCVL. Elles sont au nombre de trois : la coopérative laitière de Villefranche-sur-Saône dans le Rhône avec son fameux lait Marguerite, Forez fourme dans la Loire et une société de services « Graclait » pour la gestion, la maintenance des équipements laitiers et l’accompagnement technique des éleveurs. L’outil de Villefranche-sur-Saône et la société de services Graclait intéressent des opérateurs. Leur cession dans des conditions satisfaisantes ne devrait pas poser de problème. En revanche, pour Forez fourme « c’est plus compliqué », selon André Bonnard. La fourme de Montbrison est positionnée sur un petit marché et en concurrence avec la fourme d’Ambert, sa voisine et rivale détenue par Lactalis.