Loi « Climat et résilience » : vers le « moins mais mieux » dans l’alimentation
Célia de Lavergne, députée LREM de la troisième circonscription de la Drôme, est rapporteure du volet « Se nourrir » du projet de loi « Climat et résilience ». Elle détaille les mesures qui vont directement concerner l’agriculture.
Vous avez été nommée rapporteure du titre V, « Se nourrir », du projet de loi « Climat et résilience ». Quelle est votre mission ?
Le rapporteur d’un projet de loi est la cheville ouvrière de l’écriture légistique des idées et des ambitions d’un texte. Mon rôle est d’entrer dans le détail de la rédaction du texte proposé par le gouvernement. Je dois d’abord m’assurer de la cohérence avec les autres textes. Ensuite, après avoir auditionné les syndicats agricoles, la filière agroalimentaire, les associations de consommateurs, les associations environnementales, j’améliore l’écriture du projet de loi en y intégrant des idées qui me semblent clés au vu de ce que j’ai entendu et de la recherche de l’intérêt général. Enfin, je vais examiner les amendements portés par mes collègues de tous partis confondus et émettre un avis favorable ou non.
Que contient ce titre V du projet de loi ? Comment impacte-t-il l’agriculture ?
Il faut rappeler que ce projet de loi est guidé par la nécessité de réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. Les citoyens de la convention climat ont fait énormément de propositions, qui ne sont pas parole divine mais des leviers que nous pouvons actionner. Dans les sept mesures qui arrivent sur la partie « Se nourrir », certaines peuvent intéresser les agriculteurs, d’autres peuvent les heurter. La mesure sur le repas végétarien ouvre, nous l’avons vu, un débat assez éruptif, et sur lequel je défends une position d’équilibre : ce n’est pas végétarien ou viande, c’est l’un et l’autre. Le végétarien est un régime alimentaire de 5 % de nos concitoyens et de 12 % des jeunes aujourd’hui. Il a des vertus environnementales et on est capable aujourd’hui de faire des assiettes équilibrées végétariennes. Mais on peut continuer, et moi j’adore ça, à manger de la viande, si elle est de qualité et justement rémunérée au producteur. Il faut qu’on arrête de mettre de la viande de mauvaise qualité, parfois broyée avec des additifs alimentaires, dans nos cantines et qu’on privilégie des produits de qualité, qu’ils soient viande ou protéines végétales. Mon rôle de rapporteur sera d’avoir cette position d’équilibre, où on ne stigmatise personne et où on accompagne les changements sociétaux et les prises de conscience sur le « moins mais mieux ». Aujourd’hui, ce à quoi aspirent au fond la plupart des gens, c’est être flexitarien avec de la qualité. Nous aurons un second débat sur la restauration collective privée, à qui on a demandé d’atteindre les mêmes objectifs que la restauration collective publique [fixés dans la loi Égalim, NDLR], avec l’idée de tirer tous les produits locaux, tous les signes de qualité, tous les HVE3* qui peuvent entrer dans la commande publique. C’est un levier supplémentaire pour la transformation de l’agriculture.