L’installation d’un jeune éleveur de porcs en attente d’une décision administrative
À St Ferréol d’Auroure un projet d’agrandissement d’un atelier porcin fait débat ; les associés de Gaec attendent la décision administrative.
Actuellement, sur l’est du département à St Ferréol d’Auroure, il est un projet agricole -un agrandissement de porcherie pour installer un jeune- qui fait débat. Marc Escoffier est éleveur porcin, post sevreur-engraisseur avec 434 places à l’engraissement et 200 places de porcelets. Et ce depuis plusieurs années «on arrive à la 4ème génération d’éleveurs» note-t-il. Par ailleurs il a aussi des vaches allaitantes.
Son fils Rémi souhaite s’installer avec lui en Gaec et face à la difficulté de trouver du terrain sur ce secteur, ils optent pour un agrandissement de l’atelier porcin. L’étude d’installation est bouclé, le Gaec est créé en mars 2017 et un premier projet déposé. Il s’agit d’un atelier plein-air dans le cadre d’une appellation Porcs Fermiers d’Auvergne Label Rouge avec la coopérative Cirhyo dont le siège est à Montluçon dans l’Allier.
Répondant au cahier des charges de la marque, le projet est néanmoins retoqué par la Préfecture pour des risques de pollution d’une rivière en aval des 6 ha de parcs pour les porcs, en cas d’orage notamment.
Les éleveurs se tournent alors vers un bâtiment classique toujours en post sevrage-engraissement, dans une démarche Label Rouge, avec une capacité de 660 porcs à l’engraissement et 324 porcelets. Un atelier d’une taille normale pour 2 associés en Gaec.
Et comme pour toute exploitation, reste à réaliser le plan d’épandage. Et c’est là que le bât blesse. Les exploitants ont dû trouver du terrain supplémentaire pour ce plan, et ce sont 2 ha aux confins de la commune de St Ferréol, à Fraisses, qui ont levé des protestations de la part de riverains. Marc Escoffier précise : «le plan d’épandage prévoit un passage sur ces 2 ha une fois au printemps et une fois à l’automne… Le souci vient de quel-ques tonneaux de lisier 2 fois dans l’année…».
En attente…
Les éleveurs sont un peu dépité, d’autant qu’à la première consultation publique, aucune objection n’avait été soulevée. Et maintenant, à cause de la pétition lancée par ces riverains, des municipalités consultées comme il est de rigueur, ont «retourné leur veste» et émis un avis défavorable bien que le projet soit en conformité avec les règles administratives et environnementales.
En l’état actuel des choses, les avis des municipalités ont été envoyés en Préfecture, et les agriculteurs sont en attente de la décision de l’inspecteur des Installations classées qui doit donner ou non son autorisation.
Cette attente qui se prolonge, la révision du projet avec de nouvelles études et donc des coûts supplémentaires, pèsent sur la famille Escoffier. Néanmoins, ils croient toujours en leur projet et espèrent avoir une réponse rapide et bien sûr favorable pour engager les travaux et conforter l’installation de Rémi. «C’est pénible à vivre pour nous» souligne Marc Escoffier affecté par l’exposition médiatique de leur dossier et les attaques sans filtre sur les réseaux sociaux de leur profession, mais néanmoins réconforté par le soutien affiché de leurs collègues agriculteurs, de leurs voisins, de la FDSEA et la profession…
Soutiens de la profession
Et en effet, la profession, et notamment la FDSEA et les JA, apportent leur soutien à ce projet et espèrent qu’il pourra rapidement aboutir. Yannick Fialip souligne : «C’est un projet d’une taille raisonnable pour 2 exploitants qui permettra l’installation d’un jeune. C’est important sur le plan local en terme d’économie. Une installation c’est des emplois pour construire les bâtiments, dans les abattoirs, les salaisons… et pour le maintien d’un tissu social local».
Sans vouloir entrer dans la polémique, la profession agricole regrette que des jeunes soient stoppés dans leur projet professionnel, alors qu’ils respectent la réglementation en vigueur. «On a l’impression d’être dans un pays où on ne peut plus rien faire…» soupirent-ils.
Le sénateur Laurent Duplomb, dans l’interview qu’il nous a accordée la semaine dernière, est revenu sur ce dossier. Il rappelle d’abord que «la production porcine des 4 départements d’Auvergne sur 1 an est équivalente à la production porcine des 4 départements bretons en 1 jour». Et de souligner qu’un atelier de 1 000 porcs «n’est pas énorme». Sollicité par le Maire de St Ferréol pour un avis, le sénateur l’a invité à venir chez lui à St Paulien et constater les nuisances, ou plutôt les non-nuisances d’une porcherie située à moins d’1 km. Et d’appuyer son argumentaire : «le projet est dans les normes, il permet une économie locale pour une consommation locale. Et enfin, personne ne se plaignait de la précédente porcherie, alors pourquoi aujourd’hui ?».
Rien n’est joué, et Marc et Rémi Escoffier attendent avec impatience la décision de l’administration pour commencer au plus tôt leur investissement dont dépend la pérennité de l’installation de ce jeune éleveur.