L’hommage d’un amoureux du Cantal
À l’occasion de son départ, le préfet Mourier a vanté une terre qui a érigé sa rudesse en valeur.
Il est des préfets qui passent et des préfets qui s'attachent au Cantal. Paul Mourier fait à l'évidence partie des seconds. Et ne l'a pas caché lors de la cérémonie organisée jeudi 28 octobre à l'occasion de son départ - trois ans quasiment jour pour jour après sa prise de fonction à Aurillac - dans un discours en hommage à une terre qui a profondément marqué ce haut fonctionnaire épris de nature. "Je me souviens (...) de ce 10 novembre 2007, arrivant de cette Lozère voisine pour relier le Cantal en passant par la cité des vents pour rejoindre Aurillac. Avant de rencontrer les Cantaliens, ce fût le Cantal qui se révéla dans sa parure automnale et je compris alors que nous pourrions nous entendre. En trois ans, j'ai parcouru cette terre des grands espaces aux paysages somptueux qui cachent des trésors d'architecture, des perles du patrimoine national". Un propos introductif aux accents de carnet littéraire de la part d'un préfet qui a avant tout tenu à louer le courage des Cantaliens : "Ici, rien n'est acquis, tout se mérite, car tout est plus difficile qu'ailleurs. Un combat face à l'adversité que les agriculteurs ont érigé en culture permanente".
"L'un des plus beaux métiers du monde"
Un monde agricole avec lequel Paul Mourier a reconnu avoir entretenu une relation privilégiée reposant sur le respect, "abstraction faite de quelques démonstrations bien inutiles". "J'ai souvent perçu le découragement et le désarroi de nombreux agriculteurs-éleveurs, je mesure le travail qui leur revient. (...) Vous méritez notre soutien et l'État est à votre côté", a-t-il ainsi assuré, renouvelant le vœu qu'au "travers d'un dialogue renforcé entre acteurs des différentes filières de production", l'agriculture et l'industrie agroalimentaire soient confortées. "C'est la seule voie qui s'offre à vous pour rester maître d'un destin qui vous est commun", a répété le préfet, fortement impliqué dans le dossier des AOP d'Auvergne, notamment en tant que médiateur des négociations sur la cotisation volontaire obligatoire. Ce n'était d'ailleurs pas un hasard si les représentants de la profession agricole étaient venus nombreux saluer à leur tour ce proche de Michel Barnier, dont ils reconnaissent aussi le rôle dans les négociations qui ont abouti au bilan de santé de la Pac. "Le Cantal souffre d'handicaps évidents mais ne manque pas d'atouts" : un message qu'a cherché une nouvelle et dernière fois à faire passer le représentant de l'État aux élus et acteurs économiques du département, mettant en avant le succès de réalisations territoriales récentes tout comme la résistance des entreprises cantaliennes à la crise : "Certes cela s'explique par la structure de l'économie cantalienne mais j'y vois aussi (...) le résultat de la clairvoyante sagesse de leurs dirigeants", a commenté P. Mourier, rappelant que le tissu de PME local gagnerait à s'étoffer. Et s'il a également vanté l'engagement et l'action des élus, au premier rang desquels les maires, "souvent isolés" et pourtant "véritables hommes- orchestres des affaires communales", le désormais préfet du Var n'a pas oublié de louer les qualités des membres du corps préfectoral, tout autant que la patience et les attentions de ses proches collaborateurs. Avant de revenir à une passion, la chasse, "que vous ne m'avez pas vraiment aidé à réfréner", et qui amènera à coup sûr Paul Mourier à de fréquentes escapades cantaliennes. Marc-René Bayle, nouveau préfet du Cantal, devrait officiellement prendre ses fonctions le lundi 8 novembre.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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