L'historien Jean-Marc Moriceau plonge dans le mythe de la Bête du Gévaudan
Samedi 4 décembre, l'historien Jean-Marc Moriceau est venu présenter son ouvrage, « La bête du Gévaudan, mythe et réalités », aux Mendois. Un livre, qui est une refonte complète, enrichie de nouvelles recherches par rapport à son premier ouvrage sur le sujet, paru en 2008.
Cette conférence a eu lieu dans le cadre des actions culturelles menées par le musée du Gévaudan - musée qui devrait ouvrir ses portes en 2022 à Mende. Pendant près d'une heure avant de répondre aux questions du public, l'historien normand et professeur à l'université de Caen a tenu son auditoire en haleine, retraçant l'histoire de ces loups anthropophages et de ce que l'histoire a retenu de ce moment historique (1764 à 1767, environ). Égratignant au passage les conteurs modernes, qui ont préféré s'appuyer sur le mythe plutôt que sur les faits réels pour retranscrire l'histoire de « cette bête féroce ».
Dans cette somme de 400 pages, très documentée, l'historien revient sur l'histoire de la bête du Gévaudan, mais aussi sur son retentissement exceptionnel en France et à l'étranger - un épisode qui a marqué les esprits à l'époque et qui continue de fasciner aujourd'hui encore.
Et pourtant, rappelle Jean-Marc Moriceau, « des épisodes similaires, à des époques proches, se sont déroulés dans d'autres endroits de France, parfois bien pires au niveau des morts et blessés, mais n'ont pas eu le même retentissement que celui-ci ». Alors, qu'est-ce qui explique l'ampleur prise par cette affaire, qui n'a somme toute, duré que trois ans ? Des éléments de réponse peuvent être trouvés dans le contexte de l'époque : une paix durable s'est installée en France, les grandes guerres étant terminées ; l'essor de la presse, aussi, qui s'est emparé de ce sujet en décrivant les péripéties de la Bête du Gévaudan à ses lecteurs.
Dix ans. C'est le temps qu'il aura fallu à ce passionné pour parcourir les archives et les documents d'époque, trier le vrai du mythe, et proposer un livre passionnant qui rappelle aussi les conditions de vie des paysans de l'époque. « Cette affaire démontre aussi l'irruption du sauvage dans les campagnes profondes, et le choc culturel qu'il a engendré », note l'historien