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« Les voyants au vert doivent se concrétiser en prix au producteur »

David Chauve, Président de la Fédération départementale des Producteurs laitiers

© DR

Après plusieurs années de conjoncture morose, comment se situe le marché laitier actuellement ?


Sur le plan européen, la collecte laitière baisse régulièrement depuis le mois d'août. En parallèle, le stock de poudre de lait qui avait atteint des sommets, a été écoulé sur le marché entrainant un assainissement total du marché des produits industriels.
En France la production décroche de 3 à 5% par semaine  notamment à cause du manque de stocks fourragers. Cette tendance devrait se poursuivre jusqu'au printemps.
Le rééquilibrage entre l'offre et la demande conduit à raffermir les marchés. Le contexte du marché laitier est donc désormais favorable à une hausse des prix à la production.

La loi alimentation doit permettre de revaloriser le prix au producteur. Comment cela se concrétise-t-il alors que les négociations commerciales annuelles battent leur plein ?


Dans le cadre des négociations commerciales actuelles, il est indispensable que les bonnes intentions affichées par les différents acteurs de la filière lors des États généraux de l'alimentation se concrétisent par une dynamique des prix à la production ô combien indispensable pour une juste reconnaissance des efforts consentis par les producteurs. Les marges de manoeuvre ne sont pas chez eux ! Les accords passés récemment entre Lactalis et Leclerc, Sodiaal et Lidl doivent lancer une dynamique positive et traduisent, enfin, un état d'esprit plus respectueux de celles et ceux qui créent de la valeur au quotidien.

Dans ce contexte plutôt favorable, qui laisse espérer une amélioration de la situation pour les producteurs laitiers, quels sont les chantiers syndicaux en cours ou à venir ?


Le premier chantier sera de s'assurer de la prise en compte des évolutions de la Loi Alimentation par tous les distributeurs et tous les transformateurs, y compris les coopératives. A ce titre la FNPL met l'enjeu coopératif en première ligne des chantiers 2019 avec trois enjeux majeurs : la rémunération des sociétaires, la performance des coopératives et leur gouvernance. Comment imaginer que la coopération, Organisation de Producteurs la plus aboutie, ne joue pas le jeu et refuse d'appliquer les évolutions législatives obtenues de haute lutte par d'autres producteurs ! Ainsi, la FNPL défend l'ordonnance sur la coopération qui prévoit de faire appliquer la loi Alimentation aux coopératives.
Le second chantier concerne l'interprofession laitière (CNIEL). A l'heure de la mise en oeuvre du plan de filière laitière où l'interprofession tient un rôle central en matière de diffusion de coûts de production, de paiement à la qualité, etc., la coopérative Sodiaal fait cavalier seul et propose sans concertation sa propre grille qualité. C'est inacceptable et ce, à double titre. D'abord parce qu'en l'état, la grille est trop défavorable aux producteurs. Ensuite parce qu'il est indispensable de renforcer cette instance qui a permis jusqu'ici de garantir une certaine équité entre producteurs. Alors que le discours des dernières années poussait à récompenser la qualité, les producteurs font aujourd'hui le triste constat qu'à qualité de lait égale un nouveau coup de rabot de 4 à 5 EUR/1000l leur est imposé.
Il n'est pas concevable que des producteurs en responsabilité puissent autant affaiblir et isoler d'autres producteurs. Même confrontée à des lobbyings destructeurs, la coopération incarne des valeurs qu'elle ne doit pas perdre de vue et qui ont fait sa force jusqu'à aujourd'hui !
Il est temps de retrouver les fondamentaux pour que les producteurs se comprennent entre eux et continuent à avancer collectivement.

Propos recueillis par Fabienne Antheaume

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