Les revenus des agriculteurs plombés par la chute des prix
Malgré de bonnes récoltes, l'année 2014 devrait se solder par un nouveau repli du revenu agricole de 5 %.
Après avoir reculé de 30 % en 2013, le revenu agricole subirait une nouvelle dégrin-golade de 5 % en 2014 selon Agreste Primeur, le bulletin statistique du ministère de l'Agriculture. Le résultat courant avant impôts des exploitations moyennes et grandes s'établirait à 24 400 euros par actif non salarié. Comme à l'accoutumée, les chiffres marquent de fortes disparités, selon les productions concernées. Alors que la viticulture - et dans une moindre mesure le lait - sont parvenus à tirer leur épingle du jeu, les autres productions végétales et animales voient leurs résultats se dégrader fortement essentiellementen raison de la baisse des prix. En effet, la progression en volume observée pour la plupart des productions de la ferme France en 2014 n'a pas été suffisante pour compenser le recul des prix. La valeur de la production s'est effritée de 0,9 % hors subventions. Phénomène déjà observé depuis plusieurs années et depuis le démantèlement des mécanismes de régulation de la Pac, les prix agricoles restent soumis à une forte instabilité. 2014 n'a pas échappé à cette tendance. Comme les années précédentes, les variations ont été de forte ampleur (- 17 % pour l'indice annuel du blé tendre par rapport à 2013, - 16 % pour le maïs et même- 45 % pour la pomme de terre).
Les céréaliers en dessous de la moyenne
Ces données traduisent une forte exposition de l'agriculture française à la mondialisation. L'abondance de la récolte céréalière mondiale ajoutée à l'embargo russe est emblématique de l'insertion de l'agriculture française dans les courants d'échan- ges internationaux et de son influence sur les prix agricoles. Par exemple, l'embargo russe a réduit les per- spectives d'exportations de viandes, de fruits et de légumes et dégradé la conjoncture. A contrario, la baisse du prix du pétrole et des matières premières a eu un impact positif sur les coûts de production, énergie,engrais, aliments du bétail notamment, insuffisant cependant pour gommer l'érosion des prix à la production.C'est entre autres le cas des céréales. Bien que les récoltes de blé, maïs, orge aient été abondantes (+ 6 % en volume), les prix ont baissé de 14,5 % en moyenne. Idem pour les oléagineux, les protéagineux et les betteraves, dont les volumes ont progressé et les prix reculé. Conséquence, le résultat moyen des exploitations spécialisées en grandes cultures reculerait de 44 % pour s'établir à 17 500 euros par actif non salarié. En arboriculture fruitière, la récolte - notamment des espèces à noyau (pêche, abricot) - a été plus abondante mais les prix ont enregistré une forte baisse (- 12 %). Exception faite pour les pommes dont la récolte en retrait s'est accompagnée d'un effondrement des prix, anticipant les conséquences de l'embargo russe. Au final, le résultat des exploitations fruitières reculerait de 56 % à 13 400 euros.
Le revenu des éleveurs s'effrite
Dans les exploitations d'élevage viande, les volumes de production affichent soit une stabilité, soit une légère hausse, à l'exception de la volaille. Comme les prix ont reculé (- 5 % pour les gros bovins, - 8 % pour les porcs, - 6 % pour la volaille), le revenu des éleveurs s'est effrité, malgré la baisse du prix des consommations intermédiaires, les aliments du bétail notamment (- 7,5 %). C'est le cas des éleveurs spécialisés en bovins viande dont le revenu reculerait à 14 500 euros par rapport à 2013 (- 21 %), et des exploitations porcines (22 100 euros par actif non salarié soit -18 %).
Situation contrastée dans les exploitations avicoles.
En volaille de chair, le recul des prix conjugué à celui des volumes a conduit à la baisse de la valeur de la production. En filière ponte en revanche, la valeur de la production augmenterait grâce à la hausse des volumes. Au final, pour l'ensemble des deux filières, le résultat moyen des exploitants resterait stable à 20 700 euros.
Lait : embellie avant 2015
Cependant, la situation devrait s'améliorer dans les élevages ovins et caprins grâce à une légère hausse des prix et une revalorisation des subventions. Leur résultat attreindrait 20 000 euros (+ 23 %). Idem pour les élevages laitiers dont la valeur de la production augmenterait de façon soutenue sous l'effet conjugué de la hausse de la production et des prix, et d'une maîtrise des coûts de production. Le résultat par actif non salarié atteindrait 30 100 euros en hausse de 28 % en 2014. Mais des signes d'un retournement de la conjoncture en 2015 apparaissent déjà, en raison de la reprise de la production dans la perspective de la fin des quotas, de la baisse des prix mondiaux du beurre et de la poudre et la fermeture du marché russe.
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