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Les prairies deviennent une source de réchauffement

En la substituant à des forêts ou en la gérant de manière trop intensive, nous transformons peu à peu la prairie en une source de réchauffement à l’échelle mondiale, indiquent des chercheurs dans une étude parue début en décembre.

En la substituant à des forêts ou en la gérant de manière trop intensive, nous transformons peu à peu la prairie en une source de réchauffement à l’échelle mondiale, indiquent des chercheurs dans une étude parue début en décembre.
En la substituant à des forêts ou en la gérant de manière trop intensive, nous transformons peu à peu la prairie en une source de réchauffement à l’échelle mondiale, indiquent des chercheurs dans une étude parue début en décembre.
© Nancy Sagnet/Illustration

L’activité humaine « a fait évoluer les prairies d’un puits de carbone vers une source de gaz à effet de serre », écrit une équipe internationale de chercheurs dans un article paru début décembre dans Nature Communications. L’étude remet en cause une idée centrale : à l’échelle mondiale, les prairies ne seraient pas un bienfait pour le climat, mais seraient au contraire devenues – faiblement – émettrices.
Depuis les années soixante-dix, le forçage radiatif, c’est-à-dire l’effet réchauffant de l’ensemble des prairies augmenterait lentement. Il serait même devenu faiblement positif depuis les années deux mille. Pis, nous apprennent les chercheurs, ce fragile équilibre ne tient plus que grâce aux prairies les plus sauvages. Car « les prairies gérées par l’homme dans toutes les régions, sauf en Russie, ont un effet de réchauffement net sur le climat ».

Les émissions compensent l’augmentation du stockage
Ces conclusions sont issues d’une modélisation des flux de gaz à effet de serre et de carbone des sols sur la période 1750 à 2012, prenant en compte tant l’évolution du cheptel domestique, l’érosion hydrique, les retournements de prairie, ou les pratiques de fertilisation. Les scientifiques les ont ensuite confortés avec les bilans d’émissions de gaz à effet de serre établis à l’échelle nationale, ainsi que par les analyses de carbone des sols disponibles dans la littérature. Autant de résultats, insistent-ils, qui sont cohérents.
Le stockage de carbone par les prairies, soulignent les chercheurs, s’est bien accru depuis le début du siècle, « principalement tiré par l’Amérique du nord, l’Europe et la Russie ». Dans ces régions, la déprise agricole et la diminution du cheptel ajoutées à l’effet de fertilisation du CO2 sur l’herbe, ont contribué à multiplier par deux le carbone séquestré dans les sols des prairies destinées aux animaux.
« Aujourd’hui, les prairies pâturées de manière très extensive ou les prairies naturelles représentent 80 % du puits de carbone mondial », précisent toutefois les chercheurs. Une autre source de refroidissement, jusque-là peu considérée, proviendrait selon l’article de la diminution des populations d’herbivores sauvages, qui compense à elle seule un tiers du réchauffement lié à l’augmentation du cheptel domestique entre 1860 et 2012.
Ce puits accru s’est toutefois vu compensé par un doublement des émissions liées à la gestion des prairies tout au long du siècle passé, qui sont passées de 1,5 Gt de CO2e par an en 1920, à près de 3 Gt dans les années 1990. En Amérique latine et en Asie du sud-est, l’accélération de la déforestation depuis les années soixante-dix est un facteur tristement célèbre d’émission. En Amérique du nord, en Europe et en Russie, ce sont en revanche les conversions des prairies en culture qui dominent le CO2 imputé aux changements d’utilisation des sols.

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