Les Marchés des Producteurs de Pays annulés
DIVERSIFICATION La majorité des événements est désormais annulée dans le département de l’Allier. Les marchés de producteurs de pays en font malheureusement partie.
Suite à l’intervention du Président de la République, les Marchés des Producteursde Pays (MPP) sont annulés jusqu’à la mi-juillet. Ceux qui suivront, sont, pour le moment, maintenus. Une décision difficile pour Gérard Cognet, élu à la Chambre d’agriculture de l’Allier, en charge des questions de diversification : « C’est une énorme déception pour nous bien-sûr, mais aussi pour nos producteurs et les collectivités qui y sont attachées. L’essence même de ces MMP, c’est l’esprit de convivialité et de partage qui la caractérise. Les visiteurs y viennent surtout pour passer un bon moment, festif, avec des amis. C’était inimaginable d’en faire un marché ordinaire avec des «couloirs de contention» et des mesures de distanciation ».
Franck Arpentinier, producteur à Bert
Installé depuis 36 ans, au domaine des Bertheliers, situé sur la commune de Bert, Franck Arpentinier exploite 45 hectares,tout en herbe, sur lesquels il élevait auparavant des moutons. En 1987, il décide de diversifier sa production en mettant sur pied un élevage de canards pour confectionner du foie gras. Une nouvelle activité qui s’est développée et à laquelle il se consacre exclusivement depuis quinze ans après avoir stoppé l’élevage ovin. Aujourd’hui ce ne sont pas moins de 2200 canards qui sont élevés, gavés et transformés sur place par Franck Arpentinier. Face à ce surcroît detravail, il reçoit l’aide d’une salariée pour la partie abattage, découpe et transformation. Equipé d’un laboratoire répondant aux normes européennes, il confectionne, outre du foie gras, de nombreux autres produits tels que rillettes, pâtés, confits et magrets sous le nom commercial « foie gras de Bert ».
Une chute des ventes très importante
Des produits qu’il écoule grâce au magasin aménagé sur l’exploitation qui reste ouvert tous les jours de la semaine, sauf le dimanche. Malheureusement, depuis le début du confinement, les ventes ont considérablement chuté pour 80% d’entres elles. Franck Arpentinier s’en désole : « Notre clientèle est essentiellement locale. En temps normal, s’ajoutent à celle-ci, les habitants des résidences secondaires qui sont, malheureusement absents en ce moment ».Franck participe également au marché de Moulins, chaque vendredi. Même si les clients habituels sont au rendez-vous, ils sont bien moins nombreux, ce qui se traduit par une perte sèche de 40% du chiffre d’affaires habituel. Franck qui insiste sur le fait que les mesures barrières sont pourtant mises en place par la municipalité et par lui-même :« Les organisateurs du marché régulent les entrées sur le marché en limitant le nombre de clients. Ils ont également disposé des marquages au sol pour les distances de sécurité sanitaire entre chaque personne. Me concernant, dès le début de la crise sanitaire, je me suis imposé le port d’un masque et le lavage des mains régulièrement ».
Les MPP, des marchés festifs
A cela s’ajoute l’annulation des marchés de producteurs de pays auxquels Franck répondait présent pour neuf d’entre eux. Une situation inédite qui inquiète Franck Arpentinier : « Ces marchés sont ponctuels et uniquement réservés aux producteurs locaux. Ils ont lieu en général le vendredi soir, dans un esprit festif. Les clients peuvent acheter et déguster sur place les produits et ce sont les producteurs qui réalisent les repas. Leur annulation est annoncée jusqu’à la mi-juillet. J’ai bien peur que l’ensemble de la saison soit en fait, à terme, la réalité ». Chaque année, Franck réalise environ 8% de son chiffre d’affaires lors de ces marchés.
Un désastre économique
Après le coronavirus, le confinement, c’est un véritable désastre économique qui se profile pour les producteurs locaux, comme le redoute Franck Arpentinier : « Faire face à cette crise semble bien difficile. Je pense que le virus va être, d’une manière ou d’une autre, toujours présent comme une épée de Damoclès. Nos produits sont liés à des moments de fêtes, de rassemblements familiaux, amicaux. Les gens n’auront pas la tête à ça ». Franck Arpentinier prévoit, au minimum, une baisse globale de30% de son chiffre d’affaires sur l’ensemble de l’année.
SÉBASTIEN JOLY L’ALLIER AGRICOLE