Tabac
Les industriels mettent la main à la poche
Malgré la baisse continue des surfaces, les planteurs puydômois retrouvent progressivement le sourire. Après une année 2012 encourageante, la campagne 2013 semble démarrer sous de meilleurs auspices.
En 10 ans, le département du Puy-de-Dôme a perdu 50 % de ses surfaces de tabac soit près de 120 ha. En terme de volumes, la chute a été toute aussi rude, environ 30 %. La culture du tabac demande beaucoup de main d’œuvre et un temps de travail allant jusqu’à 500 heures/ha. Les prix d’achat pratiqués et les aides de l’Union Européenne ne suffisent pas. Les producteurs ont bien du mal à dégager un revenu et sont chaque année de plus en plus nombreux à cesser l’activité. La production diminue à vue d’œil. Une réalité vieille de dix ans, mais qui inquiète aujourd’hui les industriels du tabac. Ces derniers mettent alors la main à la poche et s’engagent à verser 600 €/ha aux nouveaux producteurs et aux planteurs de tabac qui reconduiront à surface égale ou augmentée leur culture pour la campagne 2013.
Deux aides supplémentaires
Jean-Louis Duron, président du syndicat des planteurs de tabac du Puy-de-Dôme se réjouit de cette aide. « Ce coup de pouce favorise aussi bien les grandes surfaces que les petites. » Néanmoins, le producteur juge cette intervention tardive. Le malaise des planteurs de tabac ne date pas d’aujourd’hui et pendant longtemps les industriels ont regardé la production s’éteindre à petit feu. « A une époque, les industriels se sont tournés vers d’autres pays producteurs aux prix plus attractifs. Aujourd’hui, ils reviennent au tabac français parce qu’il a une qualité reconnue et surtout une traçabilité importante en terme d’utilisation de produits phytosanitaires. Seulement, notre outil est en mauvais état et il faudra longtemps pour le réparer. »
Un défi réalisable pour le président qui appellent les jeunes agriculteurs à planter du tabac. D’autant plus que cette aide n’arrive pas seule. Le prix de commercialisation du tabac pour l’année 2012 s’était déjà vu octroyer près de 0.80 €/kg via l’article 68. A cela s’ajoute 0.20 € / kg supplémentaire, et ce, sur toutes les qualités. Au total, le kilogramme de tabac 2012 sera payé aux producteurs 3.50€/kg. Un prix proche des 4 € qui permettrait aux planteurs d’obtenir un revenu de leur production.
La nouvelle campagne va donc démarrer sous de bons auspices.
La diminution se poursuit
Dans le Puy-de-Dôme, la coopérative de Thuret a enregistré en 2012 une production de 129 ha conduite par 87 producteurs. En moyenne, chacun d’entre eux a pu atteindre un rendement de près de 3 tonnes/ha. Pour la nouvelle campagne, ils sont pour l’heure 70 planteurs à reconduire la plantation sur 110 ha. La baisse de la production se poursuit malgré les différentes aides.
« Les planteurs de tabac subissent également la pyramide des âges. Nous sommes nombreux à avoir plus de 50 ans. Très peu de jeunes reprennent cette activité » explique Jean-Louis Duron, président du syndicat.
Afin d’essayer de ralentir le phénomène et encourager les jeunes à reprendre, la coopérative Périgord Tabac a acquis une machine de récolte. Cette dernière permet de récolter et mettre à sécher les pieds de tabac avec une main-d’oeuvre réduite à 3, voire 2 personnes. Acheté en 2012, l’outil est encore en période d’essai.