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Les éleveurs retrouvent le moral

Après 10 ans de crise, les éleveurs de porcs reprennent espoir.

Les mois qui viennent devraient être l’occasion de conforter la production en relançant l’installation des jeunes et la modernisation des élevages, d’adopter des mécanismes de sécurisation du revenu et aussi de rassurer les consommateurs par l’étiquetage.
Les mois qui viennent devraient être l’occasion de conforter la production en relançant l’installation des jeunes et la modernisation des élevages, d’adopter des mécanismes de sécurisation du revenu et aussi de rassurer les consommateurs par l’étiquetage.
© Réussir

L’horizon s’éclaircit pour les éleveurs de porcs. Après 10 ans de galères, «les éleveurs voient le bout du tunnel », a indiqué Paul Auffray, le président de la Fédération nationale porcine, lors de l’Assemblée générale qui s’est déroulée à Paris, le 13 juin. Le marché européen a retrouvé son équilibre et si l’embargo russe est toujours là, l’appel d’air est venu d’Asie. Et notamment de la Chine qui a absorbé au premier trimestre 2017 40 % des exportations européennes de viandes porcines, soit près de 400 000 tonnes. Logiquement, les prix à la production se sont redressés et ils sont proches aujourd’hui de 1,50 €/kg contre 1,05 €/kg, il y a moins de six mois et la rentabilité des élevages est désormais au rendez-vous. Guillaume Roué, le président d’Inaporc, veut croire à un retour du cycle du porc qui annoncerait une conjoncture favorable pendant 12 à 15 mois encore. En attendant, les éleveurs ont payé un lourd tribut à la crise. Ils sont nombreux à avoir renoncé et la France a vu sa production diminuer de 10 %. Sans parler de la perte de confiance dans l’avenir, notamment chez les jeunes. Pour la FNP, le retour à un environnement économique plus favorable devrait être l’occasion de relancer les investissements et la modernisation des bâtiments d’élevage longtemps différés. Notamment par l’installation de jeunes. La question qui est posée est celle du financement des reprises quand on sait que 1 à 1,5 million d’euros est nécessaire. Faut-il encourager le cédant à laisser temporairement son capital dans l’élevage par des dispositions fiscales ? Faut-il faire appel à des capitaux extérieurs ? Faut-il développer les garanties et les cautionnements ? L’Assemblée générale en a débattu. En tout cas le chantier est ouvert et des solutions devront être trouvées dans un avenir proche pour relancer la production et améliorer la compétitivité mise à mal par des années de crise.

Étiquetage et fonds structurel
D’autres défis sont à relever et Paul Auffray s’en est fait l’écho. Il y a celui lié à l’environnement et à l’élimination des nitrates, toujours présent. Mais un nouveau sujet apparaît, celui de la qualité de l’air pour laquelle les éleveurs devront contrôler les émissions de particules et d’ammoniac, du moins pour les élevages de plus de 2 000 têtes. Sans parler du bien-être animal qui fait l’objet actuellement de campagnes très offensives des associations de protection animale. Malgré l’échec des tentatives précédentes, la FNP n’a pas renoncé à l’idée de sécuriser le revenu des éleveurs malmenés par la conjoncture ou qui pourrait l’être par des évènements sanitaires ou environnementaux. Ainsi appelle- t-elle de ses vœux la création d’un fonds structurel financé par un prélèvement sur les achats de viande au détail et dont les ressources seraient redistribuées aux éleveurs quand la situation l’exige. La prochaine réforme de la PAC devrait être l’occasion d’introduire un tel dispositif, estime Paul Auffray. Mais ce qui l’inquiète le plus dans l’immédiat c’est l’essoufflement de l’étiquetage d’origine des viandes et de l’offre française en particulier. Malgré l’obligation qui est faite, les entreprises ont tendance à la délaisser et à privilégier les achats à l’étranger, notamment en Espagne. « Nous observons une forme de lâchage du porc français », déplore le président, avant d’appeler les opérateurs à jouer la carte nationale, dans l’intérêt de toute la filière.

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