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Sommet de l'Élevage
Les éleveurs mettent leur Ministre dehors

Exaspérés, les éleveurs ont violemment refoulé le Ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire ne lui laissant aucune brèche pour visiter le salon ; du jamais vu en 18 ans à Cournon. Il est cependant venu avec quelques annonces. Pour la FRSEA, les Jeunes agriculteurs du Massif central et les Éleveurs de races à viande du Grand Massif central, « l’accueil du ministre par les agriculteurs à Cournon ne pouvait se passer autrement ». Et les syndicalistes d’appeler les pouvoirs publics à « apporter les vraies réponses à la crise de l’élevage, et ce, le plus vite possible ».

Le ministre a dû son salut au déploiement des CRS, dont on comptait une vingtaine de fourgons à l’extérieur.
Le ministre a dû son salut au déploiement des CRS, dont on comptait une vingtaine de fourgons à l’extérieur.
© HLP

Il est venu, mais n’a rien vu, ni vaincu. Pour la première fois de l’histoire du Sommet de l’élevage, le ministre de l’Agriculture a été refoulé manu militari par les éleveurs eux-mêmes. Refoulé, le terme est bien en deçà de l’accueil explosif fait à Bruno Le Maire. Pour sa première participation au grand rendez-vous européen de l’élevage, et avant même de mettre les pieds dans le hall 1, le ministre s’est fait littéralement “sortir” mercredi après-midi par une véritable marée d’éleveurs de la FRSEA, des JA, du Berceau des races à viande et de la FNB (Fédération nationale bovine), rejoints par des producteurs de lait et des autres productions, que seul un solide cordon de CRS a arrêtés, permettant la fuite du ministre.“Il ne nous suit pas, on n’a pas l’impression qu’il est là pour nous, depuis qu’il est en place, c’est de pire en pire,...” : pour ce jeune éleveur de brebis de Saint-Sandoux, le ministre de l’Agriculture n’avait pas sa place au Sommet de l’élevage.

Inévitable

Pour la FRSEA, les Jeunes agriculteurs du Massif central et les Éleveurs de races à viande du Grand Massif central, « l’accueil du ministre par les agriculteurs à Cournon ne pouvait se passer autrement ». Et les syndicalistes d’appeler les pouvoirs publics à « apporter les vraies réponses à la crise de l’élevage, et ce, le plus vite possible ». C’est à dire : la mise en œuvre d’une vraie année blanche sur les annuités d’emprunts et les charges fiscales et sociales ; une intervention de l’Etat « pour une juste rémunération de la production des agriculteurs » et la possibilité pour les éleveurs de vacciner eux-mêmes leurs animaux contre la FCO. Si, à chaud, Roger Blanc, le patron du Sommet, condamnait cet emportement, au moment de dresser vendredi soir le bilan de cette 18e édition mouvementée,  il reconnaissait lui aussi que  « l’accueil mouvementé réservé à Bruno Le Maire, est compréhensible (..).  On ne peut pas ignorer une situation économique difficile chez les éleveurs et l’accueil réservé au ministre démontre le niveau de détresse d’un certain nombre d’entre eux. On espère que les messages qui lui ont été transmis par les organisations professionnelles et les éleveurs ont été entendus et que le Sommet de l’élevage a joué son rôle d’événement au cœur de l’actualité agricole ».
Des messages que, sur la forme au moins, Bruno Le Maire a sans nul doute eu bien du mal à avaler. “À défaut d’en avoir pris plein les yeux, j’en ai pris plein la tête”, a ironisé le ministre, qui a néanmoins tenu à délivrer son discours un peu plus tard retranché dans un amphithéâtre clairsemé de personnalités politiques, responsables d’administrations, d’organisations agricoles..., triés sur le volet. Tout en condamnant fermement des “actes de violence isolés et inacceptables” qui ont privé les éleveurs d’une rencontre directe avec leur ministre »,  il a néanmoins assuré les agriculteurs de sa détermination à défendre un secteur “tout aussi important que l’automobile ou l’aéronautique”.

Vaccination gratuite

Et Bruno Le Maire de lister ses réponses immédiates destinées à apporter le “grand bol d’oxygène” réclamé un peu plus tôt par Jean-Michel Lemétayer (FNSEA) et William Villeneuve (JA). Afin “d’éviter que les agriculteurs, et notamment les jeunes, soient étranglés financièrement”, il a indiqué qu’il allait examiner “toutes les propositions qui ont été faites”. En aparté, Jacques Chazalet confiait que le ministre avait demandé à la profession un peu de temps pour un travail en interministériel qui pourrait déboucher sur l’annonce d’une année blanche sur les emprunts, au lendemain de la grande mobilisation annoncée partout en France par la FNSEA et les JA le 16 octobre.
Autre mesure, bien concrète cette fois : la prise en charge intégrale du coût de la vaccination contre la FCO, toujours confiée aux vétérinaires, et dont le ministre a annoncé qu’elle resterait obligatoire en 2010.  “Dès le mois de janvier, nous ouvrirons les états généraux sanitaires”, a ajouté Bruno Le Maire, faisant clairement entendre qu’il était prêt à faire évoluer l’organisation sanitaire en laissant à terme le soin de cette vaccination aux éleveurs.
Attendue depuis plusieurs mois déjà, l’homologation des accords interprofessionnels conclus début 2009 sur la valorisation des AOC d’Auvergne - instaurant notamment le principe d’une CVO (cotisation volontaire obligatoire) - a également été confirmée. Une parution au Journal officiel du 7 octobre qui ouvre la voie à de nouvelles discussions sur la plus-value qui sera appliquée en 2010 sur le lait transformé en appellation d’origine contrôlée. Une avancée sur le front des AOC fromagères que Jacques Chazalet a qualifiée d’annonce la plus significative de cette “sortie” ministérielle.
Des réponses immédiates loin d’être suffisantes en tout cas pour réconcilier le ministre et un monde paysan en proie à ses heures les plus sombres.

Bilan excellent malgré la crise

Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance : une professionnalisation de l’événement avec changement des jours d’ouverture, un contexte économique plus que difficile, et une première en France avec l’utilisation du Zénith pour un concours national de race bovine.
« Nous avons réalisé un excellent salon », a affirmé Roger Blanc, président du sommet, à l’heure de la clôture.  75 531 visiteurs professionnels ont été au rendez-vous et côté exposants, tous sont ravis de la nouvelle formule d’ouverture.
Au terme des trois jours de salon, les exposants étaient nombreux a affirmé avoir fait des affaires, peut-être même davantage qu’ils n’auraient pu l’espérer.

Contacts nombreux

Sylvain Vernière de la Société Lely, primée au Sommet d’Or 2009 pour son robot Lely Juno pousse fourrage, est satisfait de cette nouvelle édition : « cette année, pour parer la baisse d’activité due à la crise, nous avons décidé d’opter pour un stand plus grand avec plus de nouveautés. Le bilan est très positif puisque une fois encore, le Sommet nous a permis de tisser un très bon relationnel avec nos clients. Nous avons pu mesurer la portée de nos nouveautés en fonction des réactions du public et nous avons fait de bons résultats. »
A noter également la forte internationalisation du salon qui a accueilli plus de 2500 visiteurs internationaux de 62 pays venus s’informer et faire des affaires. « Les visites d’élevages, qui leur sont réservées, n’ont pas désempli et les présentations de la génétique allaitante française ont connu un vrai succès » explique Benoît Delaloy, le responsable international.
Le prochain Sommet de l’élevage se tiendra les 6, 7 et 8 octobre 2010 et accueillera le concours national de la race Charolaise.

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