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Les éleveurs allaitants mettent la pression sur le Gouvernement

Prix en berne, échec du plan-filière, négociations difficiles de la PAC, indifférence et passivité gouvernementale... Les éleveurs bovins allaitants affûtent leurs arguments et demandent à leur ministre de tutelle de faire preuve de responsabilité.

Emmanuel Bernard, Bruno Dufayet et Jonathan Janichon face aux représentants des éleveurs de la région Auvergne Rhône-Alpes le 16 février à Aubière (63)
Emmanuel Bernard, Bruno Dufayet et Jonathan Janichon face aux représentants des éleveurs de la région Auvergne Rhône-Alpes le 16 février à Aubière (63)
© CR

« L'élevage bovin viande français est en crise, dans l'indifférence » : c'est par ces mots qu'Emmanuel Bernard, éleveur dans la Nièvre, président de la section bovins d'Interbev, a ouvert la réunion régionale FNB mardi 16 février à Aubière, aux côtés de Bruno Dufayet, président de la FNB et Jonathan Janichon, responsable de la filière bovine à la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Un temps d'échange avec les représentants des éleveurs allaitants de la région durant lequel le prix du produit, la PAC et la mobilisation syndicale étaient au coeur des crispations.

« Pas de prix en dessous du coût de production »Sur le prix, la Fédération nationale bovine tape du poing sur la table et appelle le Gouvernement à prendre enfin ses responsabilités : « Cela fait 3 ans que nous oeuvrons de réunions en réunions pour tenter de faire appliquer la loi Egalim dans les négociations commerciales avec les acteurs de la filière mais rien ne se passe » constate amèrement Bruno Dufayet. Depuis la promulgation de la loi issue des Etats Généraux de l'Alimentation (Egalim), et alors que les ventes de viandes bovines françaises progressent, le revenu des éleveurs de bovins de race à viande ne cesse de chuter. « Il s'élevait en 2019 à 10 500 EUR par éleveur et en 2020, c'est avec moins de 700 euros par mois que les producteurs ont dû continuer de vivre et de produire, tout en préservant un modèle d'élevage familial et durable, plébiscité par les consommateurs » poursuit le président. Un constat pleinement partagé par Emmanuel Bernard qui confirme que la loi Egalim et le « plan de filière » commandé par le Président de la République, n'ont pas tenu leurs promesses dans le secteur de la viande bovine. « En dépit d'une conjoncture plutôt positive, ni le taux de ventes faisant l'objet d'une contractualisation entre l'amont et l'aval de la filière (moins de 2 %), ni la part de viandes bovines Label Rouge commercialisées (moins de 3 %), ni le prix payé aux producteurs - toujours bien en-dessous de leur coût de production - n'ont progressé ».Face à ce sentiment d'abandon par les acteurs de leur filière et le gouvernement, les éleveurs disent Stop ! « La question maintenant est de savoir ce que le gouvernement veut faire de l'élevage français. Veut-il le maintenir ou pas ? » interroge Bruno Dufayet. « L'État doit aller au bout de ses convictions et faire acte de responsabilité. On sauve Airbus, Airfrance, on peut aussi sauver notre élevage ! » surenchérit Emmanuel Bernard. La Fédération nationale bovine demande donc au Gouvernement d'interdire d'acheter un produit agricole à un prix ne couvrant pas le coût de production du vendeur. « C'est aujourd'hui la seule mesure à prendre pour permettre de répondre à l'urgence économique des éleveurs et de concrétiser, enfin, l'ambition des États Généraux de l'Alimentation » souligne le président de la FNB.Aux rumeurs qui prédisent de revoir la loi Egalim, les éleveurs répondent que « c'est inutile [...] Il suffit simplement que le Gouvernement la fasse appliquer... »

PAC, « maintenir le couplage »2021 sera cruciale quant aux négociations sur la réforme de la PAC 2023. La FNB entend défendre les enjeux et spécificités du secteur bovin-viande et démontrer « l'exemplarité du modèle d'élevage français qui doit être reconnue et soutenue au travers des soutiens publics ».Aussi, le syndicat revendique pour la future PAC : le maintien des aides couplées allaitantes à leur niveau actuel (13 % +2 %) pour conserver l'élevage sur tous les territoires ; le maintien d'un paiement redistributif fort ; dans l'eco-scheme, récompenser, en priorité les services environnementaux « existants » rendus par l'élevage ; revaloriser l'ICHN sur les productions animales ; soutenir l'installation et proposer des MAEC pour soutenir les zones intermédiaires. Sur l'ensemble de ces points, particulièrement sur le maintien de l'aide couplée allaitante, « rien n'est encore décidé mais nous devons rester vigilants et ne pas fléchir la pression » s'est exprimé Patrick Benezit, secrétaire général adjoint de la FNSEA, président de la Frsea Massif central. Pour Bruno Dufayet, « le taux de couplage est loin d'être acquis. On peut imaginer qu'il sera entre 10 % et 13 % ; à 10 % ce sera un tiers de l'enveloppe en moins ! » alerte-t-il. Une crainte contre laquelle la FNB a décidé de se battre en appelant la mobilisation syndicale. « La pression syndicale doit être forte dans les jours à venir pour amener la puissance publique à prendre des décisions claires en faveur de l'élevage français » ont conclu les représentants des éleveurs.

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