Les contradictions réglementaires dans la production bio se multiplient
Comme en conventionnel, les prix d'achat du bio ne couvrent pas les coûts de production et une juste rémunération du travail. Pourtant, de nouveaux investissements risquent d'être imposés.
Certes, il est des évolutions réglementaires qui ont permis de progresser, soit en qualité de travail, soit en bien-être animal... Brice Guyau, co-président de la commission bio de la FNSEA, est le premier à l'admettre. Pour autant, se profilent de nouvelles exigences qui vont engendrer des contradictions règlementaires. Elles ont été pointées du doigt lors de la venue du représentant national sur une exploitation cantalienne, chez David Garcelon à Polminhac, à l'invitation du président de la FDSEA 15, Joël Piganiol, et du groupe bio départemental, présidé par Éric Fabre.
Le non-sens de la "courette"
Dans un contexte plus difficile ces derniers mois, les nouveaux textes qui sont promis inquiètent les éleveurs bio. Brice Guyau révèle en effet une volonté politique d'imposer à tous les élevages - pas seulement en porcs - une courette extérieure (ou une partie de bâtiment découverte) égale à 50 % de la surface de la stabulation pour des sorties en période de pacage.
"Les agriculteurs ont déjà fait des investissements colossaux suite à l'interdiction des animaux à l'attache et également tout récemment pour la gestion des effluents. La plupart sont en incapacité à pouvoir réinvestir. Qu'est-ce qu'on répond à ceux qui sont dans l'impasse ?", interpelle le responsable national. D'autant que, selon les éleveurs présents, c'est aussi un non-sens sanitaire. "C'est décidé au nom du bien-être animal, mais cela va à contre-sens avec les hivers que l'on peut connaître", lâchent des éleveurs lors de cette rencontre. "Et puis c'est une période où l'on a besoin d'engraisser nos animaux en bâtiment, avec des rations équilibrées, ce n'est pas pour qu'ils reperdent tout dehors !"
"Avec ce projet, on pénalise la filière, les éleveurs et l'animal. Nous allons faire remonter des exemples du terrain pour dénoncer les conséquences si l'on applique bêtement le réglement", promet Brice Guyau. Autre non-sens, dénoncé cette fois par Eric Fabre, à propos des prairies infestées par les rats. Le responsable départemental rappelle que des dérogations ont pu être obtenues en traitement manuel et sur prairies pâtureées. Mais pas sur les prairies de fauche... obligeant soit à déclasser le foin - obligé de le vendre en conventionnel et d'en acheter du certifié bio par ailleurs - soit à renoncer au traitement, pénalisant de fait le travail collectif réalisé dans les exploitations voisines, en créant une poche de résistance. "Entre obligations réglementaires et cahier des charges, c'est encore une contradiction : on a l'obligation de lutter sur la zone, mais l'interdiction de se servir du fourrage", relève le responsable de la commission bio de la FDSEA. Eric Fabre comprend que le gaz PH3 ne soit pas autorisé pour les invasions de taupes sur les parcelles bio, puisqu'il est possible d'avoir d'autres solutions comme le piégeage. "Mais le rat... C'est une autre dimension !" "Sans compter les pertes encore plus lourdes que l'on subit", souligne Brice Guyau, en appelant de ses voeux à des dérogations temporaires, mais réactives.
D'autre sujets appellent le syndicat à la vigilance pour la prochaine Pac, ses dispositions et les ajustements des textes. "Il s'agit d'obtenir une juste reconnaissance qui va au-delà des produits et qui intéresse notamment le maintien de la biodiversité, la qualité de l'environnement, la création de nouvelles filières économiques, etc."
(1) Cette commission nationale est e?galement co-pre?side?e par le Cantalien Patrick Be?ne?zit.