Les conseillers généraux s’emparent du dossier laitier
Le dossier laitier s’est invité en session alors que la grève du lait se poursuivait. Avec une question : faut-il adapter l’offre à la demande ou réduire la production ?
Maîtrise, régulation ou réduction de la production ? On se serait cru vendredi en plein débat d’une session de la Chambre d’agriculture. Sauf qu’en lieu et place des responsables agricoles, ce sont les conseillers généraux qui se sont improvisés experts es “marchés agricoles”, et plus particulièrement du dossier laitier. Interpellés par l’ensemble des syndicats agricoles, les élus cantaliens avaient à se positionner sur un projet de motion présenté par le président de l’Assemblée. Mais ce qui devait être une formalité, s’est finalement avéré l’un des deux seuls vrais débats de cette session de rentrée.
“Avec un prix du lait à 20 centimes d’euros le litre, on revient 30 ans en arrière, c’est indécent”. À l’image de Pierre Barthélémy, chacun a confirmé l’urgence à agir face au risque de voir disparaître des exploitations laitières du Pays vert et, avec elles, l’un des piliers de l’économie locale. Convergence sur le constat et les objectifs, mais pas franchement sur les moyens.
Débat sémantique... de fond
En effet, alors que la motion soutenue par la Majorité départementale appelait à une maîtrise de la production et à une régulation du marché laitier à l’échelle européenne, le groupe socialiste demandait lui que soit introduit le nécessaire recours à une diminution - de 5 % -de la production. “On ne peut pas durablement régler les crises agricoles en sollicitant le contribuable, argumentait Alain Calmette. Il vaudrait mieux trouver des mesures durables pour réguler le prix du lait (...) et ne pas vouloir toujours produire plus”. Un avis que soutenait le conseiller général de Vic-sur-Cère.
Vincent Descœur se voulait lui bien plus prudent invitant ses confrères à ne pas s’instituer spécialistes de la question laitière via des revendications pas forcément pertinentes : “Je ne voudrais pas qu’on mette davantage en difficultés des producteurs dont certains ne vivent chez nous qu’avec
100 000 litres de quotas”. Sans compter une situation auvergnate de sous-réalisation visiblement méconnue des élus.
Au final, le texte initial - exigeant également des mesures à court terme pour soutenir la trésorerie des producteurs - était adopté, mais derrière les détails de sémantique, c’est une conception sensiblement divergente qui s’est faite jour. Le mot de la fin revenait à Bernard Delcros qui rappelait “qu’on aura toujours des coûts de production plus élevés ici. Il faut que la profession avance plus vite sur des démarches de valorisation de nos productions”.