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Entretien
« Les agriculteurs doivent vivre de leur métier »

Après les annonces du Président de la République, Jean-Michel Lemétayer s’exprime.

Si Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA, se montre satisfait des annonces du Président de la République sur les 44 tonnes et la prise en compte de l’année « N » pour les cotisations sociales, il souhaite que le Président Sarkozy aille plus loin en matière d’allègement des charges et qu’il ne renonce pas à la détermination qu’il a affichée à plusieurs reprises en matière de régulation des marchés et de transparence des relations commerciales.

 

- Quel est votre sentiment général sur les propos et annonces de Nicolas Sarkozy dans la France agricole ?

Jean-Michel Lemétayer : Le Président de la République s’est exprimé dans la presse au moment où les paysans et leurs tracteurs défilaient dans Paris pour la défense de leur revenu. Ce n’est pas anodin. Il a compris que le temps n’était plus aux discours mais aux actes et nous nous en félicitons. Nicolas Sarkozy avance des solutions et lance des pistes pour améliorer la compétitivité et le revenu des agriculteurs.

 

- Sur la compétitivité, trouvez-vous que le chef de l’Etat réponde concrètement ?

JML : Nous, les paysans français, nous souffrons aujourd’hui cruellement d’un déficit de compétitivité. C’est pourquoi, je me félicite de l’annonce du chef de l’Etat d’autoriser enfin la circulation des camions de 44 tonnes dans les secteurs agricole et agroalimentaire. C’est une demande ancienne de la FNSEA à laquelle s’était engagé Dominique Bussereau lorsqu’il était ministre de l’agriculture. C’est dommage qu’il ait fallu l’intervention de Nicolas Sarkozy pour honorer cette promesse faite aux agriculteurs et à leurs filières. Le Président de la République a également rappelé l’exonération des cotisations patronales dues à la MSA pour les travailleurs saisonniers. Cette mesure va dans le bon sens. Mais quand une heure de travail coûte 9,29 euros aux agriculteurs français alors que les Allemands n’en dépensent que 6, il ne faut pas s’arrêter là. Il faut une véritable prime à l’emploi pour les salariés permanents comme saisonniers. Il y va du maintien d'une grande part de l'emploi en milieu rural.

 

Volonté politique

 

- Europe et agriculture, vaste programme, pensez-vous que la volonté politique puisse suffire ?

JML : Tout cela dépend de quelle volonté politique ! La volonté du Président de la République comme celle du ministre de l’agriculture Bruno Le Maire est claire je pense. Le président l’a montré quand il s’est battu pour que l’agriculture s’inscrive dans le projet de la stratégie de l’Union européenne pour 2020 présentée par la Commission. La France va défendre, et nous la soutiendrons, une Europe qui protège la sécurité alimentaire des Européens et qui, notamment à l’aide d’instruments de régulation, permette aux agriculteurs de vivre de leur métier.

 

- Fiscal et social, deux piliers pour la bonne marche des exploitations. Les mesures élyséennes vont-elles dans le bon sens ?

JML : Nicolas Sarkozy vient d’annoncer la possibilité pour les agriculteurs de déduire des revenus d'une année les cotisations sociales dues au titre de cette même année. Ceci correspond à ce que nous appelons l'année « N » qui est une réelle prise en compte de l’irrégularité de nos revenus, mesure que nous demandons depuis longtemps. Nous sommes plus sceptiques sur le fait de s’assurer contre des dégradations brutales de prix. La dotation pour aléas joue déjà ce rôle, pour peu qu’elle soit facile à mettre en œuvre et à mobiliser.

 

Mobilisation


- Quel rôle ont joué la FNSEA et JA dans cette réaction écrite du Président de la République ?

JML : La FNSEA et JA se sont mobilisés depuis de nombreux mois pour ouvrir les yeux du Gouvernement et du chef de l’Etat sur la crise sans précédent que traverse le monde agricole. Lors de notre grande manifestation du 16 octobre, lors de nos mobilisations locales ou sectorielles, dans le rassemblement du 27 avril dernier, les paysans ont fait passer leur message. Le plan de soutien, l’arrêt de la surenchère environnementale, l’abandon de la taxe carbone comme l’autorisation du 44 tonnes sont autant d’avancées qui révèlent que nous avons été entendus. Nous continuerons cette pression afin que le Gouvernement allège encore nos charges qui pèsent de manière distorsive et insupportable sur nos exploitations.

 

- Le combat pour les marges revient à la mode avec l’annonce d’une réunion le 17 mai sur le sujet à l’Elysée. Que faut-il faire de plus pour plus de justice ?

JML : Je crois que le combat pour la transparence des pratiques commerciales et une juste répartition de la valeur ajoutée est indémodable ! Il est indispensable que les marges n’enrichissent pas encore et toujours les Grandes et moyennes surfaces (GMS) au détriment des paysans et des consommateurs. Nous participerons à la rencontre proposée le 17 mai prochain et je peux vous assurer que nous serons particulièrement vigilants et exigeants par rapport aux engagements des GMS.

 

- Régulation, contractualisation, votre sentiment sur ces deux notions évoquées par Nicolas Sarkozy ?

JML : La contractualisation s’inscrit dans la loi de modernisation de l’agriculture et c’est une bonne chose. Au niveau européen, ce sont d’outils de régulation de marché dont nous avons besoin ! Certains existent déjà et d’autres sont à imaginer. C’est là que Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire doivent se battre et convaincre la Commission européenne ainsi que nos pays partenaires. Enfin, inscrire l'agriculture dans les priorités de la gouvernance mondiale et notamment au niveau du G20 est une nécessité.

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