La Préfecture du Puy-de-Dôme a renforcé la semaine dernière les restrictions sur plusieurs cours d'eau. La situation hydrologique sur le département, et les territoires limitrophes, ainsi que les conditions métérologiques ont encouragé cette décision. Cette année encore, la profession doit poursuivre la production au rythme de ces arrêtés.
L'Eau-Mère, "une habitude depuis 15 ans"
L'Eau-Mère près de Sauxillanges est l'un des cours d'eau les plus coutumiers de la restriction. "Depuis 15 ans", les sept agriculteurs prélévant dans le ruisseau doivent "suspendre régulièrement leurs pompages" durant l'été. Pascal Delaire, producteur laitier à Saint-Jean-en-Val, s'attend à des coupures dans les prochains jours malgré la mise en place de "tours d'eau". "Nos prélèvements n'ont pas augmenté, ce sont les étés qui deviennent de plus en plus secs" explique l'éleveur. Les derniers orages ont permis de maintenir le débit de l'Eau-Mère mais n'ont pas suffi à réhydrater les sols extrêmement secs. "Nous n'avons pas eu d'eau de l'hiver. Nos terres sont plus sèches qu'en 2019." L'éleveur est inquiet car pour la deuxième année consécutive la récolte de fourrages ne permet pas de reconstituer les stocks. Ses maïs ensilage irrigués lui sont donc indispensables pour espèrer passer un hiver tranquille.; "L'irrigation permet de maintenir le rendement mais surtout la qualité. S'il pleuvait on n’aurait pas besoin d'arroser !"
Deuxième année de restrictions sévères sur l'Ambène
Cela va faire bientôt un mois que les agriculteurs pompant dans l'Ambène ont mis en place des "tours d'eau". Chacun d'entre eux (ASA des Macholes et 10 irrigants individuels) ne peut irriguer que trois jours sur cinq par semaine. "L'année dernière la restriction a débuté dès le 1er juillet" précise Régis Derus, agriculteur à Ennezat. S'il dit "s'adapter et accepter les circonstances pour le bien commun", il est cependant bien décidé à ne pas vivre cette situation tous les ans. "Les réserves d'eau, type cuvette, nous apparaissent comme la seule solution. Nous devons prendre le taureau par les cornes dès cet automne pour stocker l'eau au plus vite." L'agriculteur est d'autant plus convaincu qu'il observe, impuissant, la répétition et l'intensification des sécheresses. "Ces dernières années, les agriculteurs ont été nombreux à installer l'irrigation sur leur exploitation parce que nous n'avons pas le choix." Désormais, il est contraint avec ses collègues d'attendre son tour pour irriguer l'équivalent de trois jours dans la semaine. La quantité d'eau fortement amoindrie permet, selon Régis Derus, "de limiter les dégâts sur les cultures".
L'agriculteur vit maintenant avec la crainte de voir les restrictions se renforcer encore un peu plus, ne permettant pas d'irriguer jusqu'à la fin août. "Les orages annoncés prochainement sont notre seul espoir."