L'élevage en proie à une décapitalisation massive
Le congrès de la Fédération nationale bovine s'est tenu les 1er et 2 février à Metz dans une ambiance morose. Les congressistes ont largement abordé le phénomène de décapitalisation qui touche l'élevage français depuis plusieurs années. Interrogé sur la question des indemnisations suite à la sécheresse, le ministre de l'agriculture a déçu. Christian Arvis, président de la FDSEA de la Creuse, revient sur les débats.
Christian Arvis, dans quel état d'esprit les éleveurs se sont rendus au congrès de la FNB ?
Compte tenu de la situation qui est la nôtre, l'ambiance du congrès n'était pas au beau fixe. La situation de l'élevage n'est pas brillante. Même si les cours de la viande bovine sont supérieurs à ce qu'ils ont été par le passé, les charges ont explosé et nous subissons des aléas climatiques à répétition. Nous avons encore 70 à 80 centimes de manque à gagner par rapport à notre coût de production. Cette situation se traduit en chiffres : depuis 2016, le cheptel bovin français allaitant et laitier a perdu 837 000 têtes, représentant à peu près 11 % du total. Rien que sur l'année 2022, la perte s'élève à 110 000 têtes. Cette décapitalisation conduit à une augmentation des importations de viande bovine en France car, par ailleurs, la consommation est stable. Aujourd'hui, 29 % de la viande bovine consommée en France est importée. L'autre souci, c'est qu'un cheptel de mères qui recule ne permet pas de produire suffisamment de veaux pour alimenter les marchés du broutard en Espagne et en Italie. On va se retrouver avec le même phénomène que celui vécu par la filière ovine il y a plus de vingt ans : le prix de la viande importée va faire le prix de la viande française. Dans ce contexte, l'ombre des accords du Mercosur plane encore sur nous. Ils ont été retoqués jusqu'à présent, mais pour combien de temps ?