"L'eau sera la guerre de demain"
Les productions végétales font face à de nombreux défis. Faisons le point avec Alain Boudet, candidat de la liste JA-FDSEA au sein du collège des sociétés coopératives agricoles et plus particulièrement au titre des Cuma.
Les productions végétales font face à de nombreux défis. Faisons le point avec Alain Boudet, candidat de la liste JA-FDSEA au sein du collège des sociétés coopératives agricoles et plus particulièrement au titre des Cuma.
Quelles sont les priorités de la liste JA-FDSEA pour les productions végétales du département ?
Alain Boudet : La première des priorités est l'adaptation des cultures (céréales, herbe fourragère, maïs...) au changement climatique. L'accompagnement va consister (et consiste déjà) à aider les exploitants agricoles à disposer de cultures plus résilientes, en vue de limiter au maximum le recours aux intrants (engrais, désherbants) et à l'eau tout en conservant une valeur élevée ; cela passera par l'organisation de journées techniques et l'installation de plateformes végétales sur notre territoire. En Haute-Loire, nous avons la chance de participer aux travaux de plusieurs réseaux d'échanges techniques, à l'image de l'Association Céréales Montagne, de la plateforme Herbe Richesse du Forez ou encore du projet AP3C (Adaptations des pratiques culturales au changement climatique) conduit à l'échelle du Massif central ; nous suivons de près ce dernier projet, avec la participation de Mathias Déroulède, conseiller PV à la Ch. d'agriculture et moi-même en tant qu'élu.
Les projections climatiques AP3C pour les 20 prochaines années prévoient une hausse des températures associée à des phénomènes extrêmes. Il faut s'attendre à plus de gelées de printemps, plus d'épisodes cévenols, et une élévation des températures estivales et hivernales. Les sécheresses risquent d'être plus fréquentes mais des hivers plus doux pourraient nous permettre de profiter du pâturage plus longtemps. Il va falloir aider les agriculteurs à s'adapter à cette nouvelle donne.
Justement, de quel type d'accompagnement les agriculteurs du département vont-ils avoir besoin ?
"Alain Boudet : Nous allons devoir aider les agriculteurs à s'adapter à tous ces changements climatiques et à en tirer profit.
Depuis quelques années, on voit pousser des maïs plutôt convenables à plus de 1000 m, en contrepartie, les maïs des territoires à plus basse altitude sont davantage en souffrance. Sur certains territoires, il faudra peut-être stopper la culture du maïs au profit de cultures moins dépendantes de la pluviométrie estivale tandis qu'en altitude, il va falloir apprendre à cultiver les maïs. Notons que le maïs n'arrivera pas seul, il sera malheureusement accompagné de corbeaux et autres sangliers très friands de cette culture...
Les agriculteurs vont aussi devoir être capables de récolter l'herbe au bon stade même si elle n'est pas disponible en grande quantité, je pense là aux secondes coupes d'automne... Il faut aussi apprendre à optimiser les effluents d'élevage et se battre syndicalement pour que la période d'épandage corresponde au mieux avec l'optimal de rendement de la culture.
Quels objectifs portez-vous en matière de stockage de l’eau ?
Alain Boudet : L'idéal serait d'arriver à stocker 1% de notre pluviométrie totale (moyenne comprise entre 650 et 700 mm par an en Haute-Loire) que l'on pourrait restituer en période sèche. Et pour stocker cette eau, il nous semble que des mini-réserves réparties sur l'ensemble du territoire sont la solution. L'eau sera la guerre de demain et dans ce cadre, le monde agricole devra s'allier avec les communes et communautés de communes afin de stocker et de partager au mieux l'usage de l'eau.
"Les bassins de rétention d'eau des entreprises sont rarement utilisés, il serait intéressant de réfléchir à leur utilisation en agriculture. Autant de réflexions sont à conduire et à partager avec les autres acteurs du territoire. Enfin, sur nos exploitations, il est temps de réfléchir à la récupération des eaux issues des espaces artificialisés (cour de ferme, toitures...).