Le trophée de l’installation est remis à Mathieu Vigier

L’installation est un enjeu fort en agriculture, surtout lorsque l’on regarde les chiffres : d’ici dix ans, la moitié des exploitants sera en âge de partir à la retraite. S’assurer que l’installation de jeunes agriculteurs se passe dans de bonnes conditions est l’un des objectifs portés par le PAI (Point accueil installation), et qu’ils essayent de transmettre notamment lors d’événements ponctuels.
Cette journée dédiée à l’installation, et qui chaque année se déroule dans un lieu différent de Lozère, permet de mettre en contact les élèves et apprentis des différents établissements agricoles du département et les organismes professionnels agricoles, qui œuvrent pour l’installation. C’est également l’occasion d’aborder, avec les futurs installés, différents sujets liés à leur projet d’installation. Les trois établissements agricoles de Lozère ayant été conviés, ce sont plus de 50 élèves qui se sont pressés dans la salle polyvalente de Rouveyret pour poser leurs questions aux acteurs qui les accompagneront durant toute leur vie professionnelle.
Après le forum du matin, l’après-midi a été consacrée à la remise du trophée à l’installation, qui cette année, a été attribué à Mathieu Vigier. Une remise des prix qui a eu lieu sur l’exploitation de ce dernier, qui accueille aussi les tables rondes de l’après-midi, sur le thème « l’avenir des fermes de Lozère ». Parmi celles-ci, on peut noter l’intervention d’un technicien Sodiaal, qui a présenté les chiffres du lait et le processus pour rejoindre la laiterie, ou encore l’intervention de la chambre d’agriculture sur l’installation et la transmission.
Des tables rondes qui permettent des échanges plus fins avec les techniciens venus présenter les sujets, tandis que des visites de l’exploitation sont aussi prévues pour les élèves qui le souhaitent. Enfin, Mathieu Vigier a décrit l’exploitation du Gaec Vigier, un exemple concret d’une installation réussie.

Une installation qui « sort du cadre »
Si le trophée échoit à Mathieu Vigier, c’est pour son installation, effective depuis le 1er janvier 2024. En effet, passionné par le lait, le jeune homme a décidé d’intégrer le Gaec familial tout en montant un atelier de bovins lait au milieu d’une ferme allaitante. « Cela met à l’honneur quelqu’un qui a su sortir du cadre pour réaliser son projet », a souligné Nathan Mouret, responsable du PAI. « Et donc qu’il est possible de réaliser de nombreuses idées, parfois en faisant simplement un pas de côté. Il ne faut pas s’enfermer dans un cadre préexistant ». Pour Hervé Boudon, président des Jeunes agriculteurs, la remise de ce trophée, est avant tout l’occasion « de démontrer le dynamisme des jeunes, leur envie et leur motivation à s’installer ». Quant à Julien Tuffery, vice-président de la chambre d’agriculture, il a tenu à rappeler que « l’agriculture est très diverse, que les installations sont toutes uniques et que chacune doit être accompagnée au mieux ». Pour ce dernier, qui était adhérent Jeunes agriculteurs il y a quelques années, « nous avions l’objectif d’atteindre une centaine d’installations par an en Lozère. Et aujourd’hui, nous y sommes », se réjouit-il. En effet, en 2023, le PAI a connu une année record avec l’accompagnement de 90 installations et près de 200 rendez-vous dans l’année. « Pour rappel, note Nathan Mouret, le PAI est vraiment la première porte d’entrée vers l’installation des porteurs de projet. C’est là qu’ils viennent frapper pour mieux définir leurs projets ». Des projets qui, espère Hervé Boudon, continueront longtemps d’essaimer en Lozère, « tous différents. Nous nous battons tous les jours pour le monde agricole, on est optimistes, et on croit en l’avenir de notre métier ».
Mathieu Vigier, qui est très fier de recevoir ce trophée, a « toujours eu la passion de la traite ». Son projet comprend la constitution d’un troupeau de 35 à 40 vaches laitières, composé de Montbéliardes et d’Abondance, et dont le lait sera livré à Sodiaal. S’il a décidé de rester au sein du Gaec, c’est avant tout pour l’aide et le soutien qu’il reçoit de ses deux associés. « Et puis, partir avec une structure déjà existante, c’est plus facile pour construire d’autres choses ». « Ce que j’aime, avant tout, dans le métier d’agriculteur, c’est de pouvoir m’organiser comme je veux, cette liberté de me donner mes objectifs et d’être mon propre patron », note le jeune homme, qui espère rapidement un rendement économique satisfaisant de son nouvel atelier.