MONUMENT
Le puy de Dôme retrouve son temple de Mercure
Le temple de Mercure, découvert au sommet du puy de Dôme au XIXe siècle, a retrouvé sa magnificence d'antan après plus de 10 ans de travaux. Cet été, il accueillera ses premiers visiteurs pour une expérience inédite.
Le temple de Mercure, découvert au sommet du puy de Dôme au XIXe siècle, a retrouvé sa magnificence d'antan après plus de 10 ans de travaux. Cet été, il accueillera ses premiers visiteurs pour une expérience inédite.
C'est une seconde vie qui a été offerte au temple de Mercure édifié au IIe siècle après J-C, au sommet du puy de Dôme.
Alors haut lieu de pèlerinage, proche de la voie d’Agrippa, reliant Saintes à Lyon, en passant par Augustonemetum (aujourd’hui Clermont-Ferrand), il a été peu à peu abandonné. C’est en 1872 lors des fouilles effectuées lors des travaux de construction de l’observatoire que les vestiges du temple sont découverts. Il renaît aujourd'hui de ses pierres après plus de 10 ans d'un chantier titanesque. De 2013 à 2024, 8,5 M€ ont été investis pour sauver cet élément majeur du patrimoine puydômois. Un financement porté par le Conseil départemental du Puy-de-Dôme largement conforté par l’État, l’Europe et la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Dès cet été, les premiers visiteurs accompagnés d'un guide conférencier pourront accéder à l'intérieur du sanctuaire.
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La renaissance du temple
L'histoire du puy de Dôme est de nouveau marquée d'une pierre noire, comme celles utilisées pour rebâtir le temple de Mercure. Le sanctuaire dédié au Dieu romain du commerce et des voleurs, messager des dieux, fils de Jupiter (identifié à l'époque antique grecque à l'Hermès) a retrouvé toute sa magnificence. Depuis sa découverte au sommet du plus haut volcan de la chaîne des puys, il n'avait pas été ouvert au public, réservé seulement aux archéologues et scientifiques qui tentaient de percer ses secrets. Après plus de 10 ans de travaux de restauration, dus à la détermination du Conseil départemental du Puy-de-Dôme et de l’État, le temple retrouve sa splendeur. Bientôt son rayonnement et sa renommée ? C’est le pari du président du Département Lionel Chauvin qui promet aux futurs visiteurs de vivre « une expérience rare dans un site prestigieux » au cœur même d'un site classé à l'UNESCO.
Il s’agissait non seulement de garantir la conservation et la stabilisation des vestiges mais aussi d’améliorer la lisibilité de l’architecture de ce monument historique, sur la base des restitutions établies par les archéologues »
Au-delà de l'intérêt touristique, et économique que représente ce morceau d'histoire, sa réhabilitation a permis de le sauver d'irrémédiables dégâts. En effet, le temple de Mercure, exposé aux éléments à plus de 1 465 m d'altitude, se désagrégeait petit à petit. Ces travaux de restauration, entrepris en concertation avec la DRAC* Auvergne-Rhône-Alpes, ont permis la sauvegarde d'un symbole de cette « terre d’archéologie » qu'est le Puy-de-Dôme. Le département compte de nombreux sites marqués par l'ère gallo-romaine (plateau de Gergovie, l'Oppidum de Corent, musée de la Céramique à Lezoux...). La restauration du temple de Mercure a mobilisé une diversité d’acteurs de la recherche, du patrimoine et du tourisme. Étudier, documenter, protéger, restaurer… Cette succession d’actions coordonnées a demandé une transversalité des domaines. « Il s’agissait non seulement de garantir la conservation et la stabilisation des vestiges mais aussi d’améliorer la lisibilité de l’architecture de ce monument historique, sur la base des restitutions établies par les archéologues » précise le Conseil départemental.
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Une reconstruction partielle
60 m x 60 m, le temple est un carré parfait. Treize mètres, c’est la hauteur d’origine sur laquelle l’angle sud-est a été reconstruit. À son apogée, le temple était d'autant plus monumental qu'il a été construit à flanc de volcan. Afin de replacer ses vestiges dans leur cadre architectural d’origine, le Conseil départemental et l’État (DRAC Auvergne-Rhône-Alpes) ont mené un projet de restauration du sanctuaire, dont la première phase de travaux a commencé au printemps 2013. La décision d’une reconstruction partielle répond à une double exigence : le respect de son authenticité doit rester conciliable avec l’objectif de bien faire comprendre ses dimensions imposantes et sa réalité monumentale.
La première phase de travaux a porté sur le confortement des structures du monument et sur la reconstruction partielle des murs d’enceinte du sanctuaire, dont la configuration d’origine est connue. Les pierres utilisées proviennent des carrières de Chambois, sur la commune de Mazayes, à environ 15 km du puy de Dôme.
La deuxième phase de travaux (2020-2024) a porté sur les parties centrales du sanctuaire, c’est-à-dire sur le temple de Mercure, dont seules les fondations étaient encore visibles. Elle favorise une meilleure lecture du plan de cet édifice par le visiteur. Enfin, après l’aménagement des abords du sanctuaire, un parcours de visite a été créé sur les traces des pèlerins du IIe siècle.
Une signalétique et des outils numériques adaptés aideront le public à visualiser une hypothèse d’élévation du temple, pour compléter la découverte des vestiges du plus grand sanctuaire de montagne de la Gaule romaine !
Une capsule temporelle
Lors de la pose de la dernière pierre du Temple de Mercure, un bloc entaillé va accueillir une capsule temporelle portégeant un parchemin destiné aux femmes et hommes des siècles futurs. En voici le texte :
Pour les femmes et les hommes du futur qui nous liront. Ce temple gallo-romain dédié au dieu Mercure résista aux outrages du temps et à la fureur des vents durant deux millénaires. Symbole de toute une civilisation et de la vitalité d’un territoire, il fut sauvé de la destruction et de l’oubli par l’engagement des femmes et des hommes du XXIe siècle. Ils ont restauré sa splendeur, ravivé ses mystères et célébré une histoire immémorielle. Qu’il témoigne, pour les générations à venir, de l’identité, de la créativité et du rayonnement de cette terre !"
* : Direction régionale des affaires culturelles
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