Le président Bonnin présente ses voeux !
Chaque année, c'est un moment très attendu par les acteurs du monde agricole bourbonnais. L'occasion pour le président de la Chambre d'Agriculture de l'Allier, Patrice Bonnin, de faire le point sur la situation agricole du département et d'entrevoir les actions et projets à venir.
Une édition 2020 de la traditionnelle cérémonie des voeux qui a été particulièrement suivie comme le confirme la nombreuse assistance présente à Moulins, au siège de la Chambre d'agriculture de l'Allier. Un temps d'échanges entre salariés et élus de l'organisme consulaire mais aussi des autres OPAs du territoire, lors d'un moment convivial auquel tient particulièrement Patrice Bonnin : « Tout le monde est bien conscient de l'importance de ces occasions d'échanges informels, qui facilitent bien souvent la mise en oeuvre d'actions concrètes conduites en partenariat ». Le président qui a également rappelé le travail efficace et en toute intelligence avec l'administration dont l'ensemble des représentants avaient répondu présent lors de cette soirée : « Madame la Préfète, toujours très à l'écoute du monde agricole, nous a encore efficacement accompagnés dans l'aboutissement des récents dossiers portant sur la sécheresse. Je n'oublie évidemment pas les représentants de la DDT, de la DDCSPP et de la DDFIP ».
La sécheresse, au coeur de l'actualité 2019
Le président, dans son bilan des actions de l'an passé, a souligné avec force l'importance des impacts durables de la sécheresse sur l'agriculture bourbonnaise : « L'année 2019 s'est illustrée par une deuxième année consécutive de sécheresse intense, avec un déficit pluviométrique presque doublé par rapport à 2018. Cette situation météorologique particulière s'est imposée à l'ensemble des exploitations du département, avec une intensité plus ou moins forte dans quelques petites régions ». Une situation climatique qui a mis en danger la santé des exploitations agricoles qui ont su, pour une grande majorité, résister comme on peut le constater à travers les différents outils et réseaux développés par la Chambre d'agriculture de l'Allier : « Ce qui est intéressant à observer, et ce à quoi nous devons être tous attentifs, ce sont les enseignements tirés de l'observation d'exploitations comparables, via nos réseaux de fermes de références, de l'observatoire Boviclic, ou d'autres dispositifs, comme celui porté par le CER. Ces différentes sources aboutissent toutes au même diagnostic : sur une même petite région, sur des structures de production comparables, la capacité des exploitations à résister aux aléas climatiques ou économiques est très hétérogène ».
Si toutes les exploitations ont vu leur EBE pénalisé en 2019, pour une part d'entre elles, cette baisse reste contenue et ne met pas le système de production en péril. Pour beaucoup d'autres, malheureusement, la perte d'EBE est telle qu'elle met la pérennité de leur activité en jeu. Patrice Bonnin indiquant : « L'observation, plus fine, met en évidence les différences de stratégies et de pratiques. Bon ajustement des investissements, organisation du travail cohérente, maîtrise technique des parcours végétaux, de l'alimentation du troupeau, ...et bien d'autres critères, liés les uns aux autres, qui font qu'un système de production résiste plus ou moins bien aux aléas ».
Apporter des références précises pour mieux accompagner
« C'est là que nos organisations respectives ont une mission à remplir », voici les maitres mots sur lesquels le président Bonnin s'est appuyé vendredi soir, en ajoutant : « Apporter des références fines, et s'appuyer sur celles-ci pour accompagner la réflexion des exploitants, par de l'information, des formations, des prestations individuelles ou de l'accompagnement de groupes, en faisant jouer nos compétences complémentaires, comme nous l'avons toujours fait ». Une mission qui prend une importance accrue, dans un contexte économique, réglementaire et climatique de plus en plus contraignant. Patrice Bonnin qui en appelle ainsi à tous les partenaires pour : « poursuivre et approfondir ensemble ce travail de rapprochement et de meilleure articulation de nos compétences respectives ».
Pour que le plus grand nombre d'exploitants parviennent à traverser les aléas
Un objectif commun permettant au plus grand nombre d'exploitants du département de rejoindre le rang de ceux qui parviennent à traverser les aléas en préservant la pérennité et la vitalité de leur système. Un travail, largement initié, qui doit se poursuivre et s'amplifier en 2020, en mettant peut-être l'accent, en termes de communication, sur le public d'agriculteurs qui en a le plus besoin, et qui malheureusement, n'est pas toujours celui qui vient spontanément au-devant de l'information.
De la pluie espérée en 2020...
Une nouvelle année espérée accompagnée d'une pluviométrie conforme aux moyennes historiques. Il ne s'agit cependant pas du seul facteur de réussite pour le monde agricole. « D'autres facteurs risquent bien d'entretenir une ambiance tonique dans notre monde agricole. Je veux parler du verdissement programmé de la PAC, de la fragilité des marchés qui peuvent toujours nous réserver des surprises, bonnes ou mauvaises. On peut également citer la défiance sociale, qu'on désigne couramment par « agri-bashing », qui nous oblige à maitriser nos réactions, et à développer nos capacités de communication ».
Une PAC dont les influences sont grandissantes et, en même temps, inquiétantes pour l'avenir des exploitations : « La protection de nos exploitations, à l'abri de prix d'intervention élevés, sous l'oeil toujours bienveillant de la société, qui prévalait jusqu'en 1992 est de l'histoire ancienne. Nous sommes, depuis 1992, confrontés à une dépendance accrue aux aides de la PAC, soumis aux règles de conditionnalité, et à des fluctuations de marché importantes. Notre fonctionnement s'est rapproché de celui des entreprises des autres secteurs économiques, et nous n'avons pas à rougir de la façon dont nous avons su faire face, loin de là. Je suis convaincu que nos structures agricoles, exploitations ou OPAs, continueront à s'adapter aux contraintes de notre environnement réglementaire et économique, dans la mesure où nous arriverons à rester réactifs, voire proactifs, en acceptant de se faire un peu bousculer de temps à autre, et à adapter nos pratiques chaque fois que le contexte l'impose ».
Anticiper pour mieux gérer les situations de crise
La préfète de l'Allier, Madame Marie-Françoise Lecaillon était présente et a insisté sur la réalité d'une année 2019 difficile avec des phénomènes de sécheresse et donc une problématique d'équilibre entre la préservation des ressources en eau et les besoins : « Le travail conduit par la DDT et la Chambre d'agriculture à travers les nombreuses rencontres de travail, sur le terrain, a permis de gérer la crise. On doit cependant en tirer les enseignements et voir comment anticiper au mieux ce genre de situation et avancer sur d'autres domaines. Je pense aux projets de réserves collinaires. Un dossier qui avance bien mais il faut accélérer. La méthode adoptée collectivement est la bonne ». En effet, les services souhaitent, sur ce dossier, obtenir en amont l'analyse préalable pour connaître la faisabilité des projets. Ces derniers qui sont, pour la majorité d'entre eux, d'une taille mesurée, souvent des agrandissements, permettant leur aboutissement. La Préfète est ensuite revenue sur les dossiers déposés en lien avec le classement en calamités agricoles : « On vient tout juste de recevoir l'arrêté et nous pourrons donc bientôt procéder aux paiements ». Elle retient de cet épisode : « la capacité de gérer ensemble une situation difficile pour tenir tous les équilibres » et complète en évoquant la prochaine révision de l'arrêté- cadre sécheresse et insiste sur le fait qu'il faut être présent auprès de la préfecture de bassin, à Orléans.
Enfin, elle a tenu à souligner « le gros travail qui a été fait par les services vétérinaires de la DDCSPP et les deux grands abattoirs du département à Montluçon et Lapalisse pour permettre l'exportation vers lae Chine. Une véritable valorisation d'une filière bourbonnaise reconnue ».
Quant aux demandes de la société, tant en matière d'environnement que de qualité, sa conviction profonde est qu': « Elles sont incontournables mais les choses bougent, des choses se font. Les jeunes agriculteurs y sont sensibilisés. De même, les actions menées par l'association Symbiose le confirment".
En conclusion, Madame la préfète indique qu'il n'a pas été mis en place d'observatoire spécifique face aux violences envers les agriculteurs mais qu'une cellule de veille (Demeter) a été mise en place par la gendarmerie.
Sébastien Joly