Le ministère égrène les aides face à une sécheresse « exceptionnelle »
À la fin de l’été, le ministre de l’Agriculture a multiplié les aides aux agriculteurs frappés par la sécheresse, piochant dans un répertoire classique de « mesures agronomiques et financières ». Au-delà des souplesses administratives et allégements de charges, la profession espère développer le stockage de l’eau.
Avances d’aides PAC, valorisation des jachères, allégements de charges... : face au manque d’eau, le Gouvernement a puisé dans un répertoire désormais classique, qui se répète au même rythme que les sécheresses. Dernière annonce en date : des « reports ou allégements des cotisations sociales » pour les agriculteurs les plus touchés par la sécheresse. « Ces exploitants peuvent dès maintenant solliciter un échéancier auprès de leur caisse de MSA », ont indiqué les ministres Julien Denormandie (Agriculture) et Olivier Dussopt (Comptes publics) dans un communiqué le 14 août.
Le même jour, le Gouvernement annonçait que les agriculteurs pourront bénéficier de « dégrèvements individuels ou collectifs de taxe sur le foncier non bâti » (TFNB). Ce volet d’aides – le troisième annoncé en deux semaines – a été dévoilé à l’occasion d’une visite du ministre de l’Agriculture dans deux exploitations de Haute-Garonne. Pour son ministère, « la priorité est de prendre des mesures agronomiques et financières afin d’accompagner les agriculteurs ».
Dérogations sur le semis des cultures dérobées
Une semaine plus tôt, le 7 août, la Rue de Varenne autorisait le report de la date limite d’implantation des cultures dérobées valorisées comme surface d’intérêt écologique (SIE) au 20 août dans certains départements. Afin de pouvoir être comptabilisées comme SIE, ces cultures doivent être présentes durant huit semaines à partir d’une date définie pour chaque département. Une obligation contestée par de nombreux professionnels, agacés de devoir semer des cultures qui n’ont aucune chance de lever. « La sécheresse des sols constatée dans certains départements est désormais susceptible de compromettre la levée des cultures dérobées », a reconnu le ministère pour justifier sa décision. Après un élargissement le 12 août, cette mesure concerne désormais cinquante-quatre départements.
Dans le même communiqué, le ministère de l’Agriculture annonçait que « les agriculteurs bénéficieront le 16 octobre de l’augmentation des taux d’avance des aides [de la PAC] à hauteur de 70 % des montants finaux pour les aides directes (au lieu de 50 %) et de 85 % pour l’ICHN (au lieu de 75 %) ».
Autre mesure : le 31 juillet, le ministre annonçait sa décision « d’autoriser les éleveurs directement affectés par la sécheresse à utiliser les surfaces en jachères pour faire pâturer leurs troupeaux ou faucher pour produire du fourrage ». Quarante-sept départements étaient initialement concernés, avant une extension à quinze départements supplémentaires le 12 août.
Le même jour, la FNPL (éleveurs laitiers, FNSEA) a appelé l’Europe à « permettre à l’ensemble de la profession agricole de pouvoir valoriser, en période de sécheresse, les jachères dès lors qu’elles sont destinées à l’alimentation des troupeaux ». Pour l’association spécialisée, les céréaliers doivent aussi pouvoir faucher leurs jachères pour alimenter les animaux de leurs collègues : « La sécurisation de l’alimentation de nos troupeaux passe par une collaboration entre éleveurs et céréaliers locaux. » Mais pour nombre d’éleveurs, le principe même de nourrir les animaux avec les jachères n’apparaît pas satisfaisant : « Chez nous, les jachères sont comme de la paille », déplore Amaury de Faletans, secrétaire général de la FDSEA de Haute-Garonne, après avoir reçu le ministre le 14 août.