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Le manque d’eau met l’agriculture française sous pression

Au froid et au gel de février qui ont détruit 700 000 ha de blé et colza d’hiver en France, succède un déficit pluviométrique. Selon le BRGM, 80 % des réservoirs sont en dessous de la normale.

Rapports à la normale des précipitations sur la période de recharge (septembre 2011 à mi-mars 2012).
Rapports à la normale des précipitations sur la période de recharge (septembre 2011 à mi-mars 2012).
© Source : Météo France.
Selon le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), “80 % des nappes phréatiques affichent un niveau inférieur à la normale en France ; 51 % des nappes sont en baisse ; 26 % voient leurs niveaux stables et moins d’un quart sont en hausse”, indique une note du 15 mars. Une situation aggravée par rapport à l’année dernière à la même date, quand 56 % des nappes étaient à des niveaux inférieurs à la normale. Une année déjà particulièrement sèche. D’après le BRGM, le fort déficit en précipitations au mois de février, n’atteignant pas 25 % de la normale sur l’ensemble du pays, explique en partie le niveau bas des nappes phréatiques. D’ores et déjà les représentants du monde agricole, et parmi eux les céréaliers, alertent les pouvoirs publics face à un risque de sécheresse, succédant à un épisode de gel critique pour les grandes cultures sur un quart Nord-Est de la France.

Avril et mai déterminants

Pour l’heure, côté français, la situation s’avère relativement hétérogène entre régions. “Concernant le département de la Vendée et les départements limitrophes, le déficit pluviométrique par rapport à la normale est de 40 % pour janvier et 70 % pour février”, indique Jean-Luc Lespinas, responsable agronomie de la Cavac, une coopérative vendéenne. “À ce jour on ne relève rien d’alarmant sur le potentiel des cultures, c’est la pluviométrie d’avril et mai qui sera déterminante”, poursuit-il. De son côté, Franck Lonca, analyste agricole chez Geosys, indique que “la région Poitou-Charentes est la plus touchée par le déficit de pluviométrie”. Du 1er janvier au 21 mars, le cumul de pluviométrie en Poitou-Charentes était de 87 mm cette année, contre 102 mm l’année dernière et une normale à 171 mm. Toujours selon Geosys, l’Aquitaine, importante productrice de maïs, souffre également d’un déficit hydrique marqué avec un mois de février “absolument sec”. Ainsi, depuis le 1er janvier, 100 mm d’eau sont tombés sur la région, contre 132 mm en 2011 et 180 mm à la normale. Des écarts de pluviométrie sont observés sur toute la France avec, selon Geosys, des niveaux de 40 à 50 % inférieurs à la normale dans les Pays de Loire et la Bretagne, de 30 à 40 % dans la région Centre, de 20 à 30 % en Champagne-Ardenne et Lorraine et de 10 à 20 % dans le Nord-Pas-de-Calais. En revanche, la zone comprenant la Haute-Normandie, la Picardie et l’Ile-de-France aurait peu de risque de souffrir de la sécheresse cette année sur les sols profonds. Sur les régions sensibles au manque d’eau et qui ont recours à l’irrigation en agriculture, des premières mesures de restriction de prélèvement ont été annoncées en début de semaine (dans le Gard, l’Essonne et la Seine-et-Marne).

Le sud de l’Europe au régime sec

Dans le Cantal, Météo-France a fait état d’un bilan pluviométrique assez proche des normales à fin février (après un mois de décembre abondamment arrosé, des précipitations un peu déficitaires en janvier et un mois de février remarquablement sec). “En première quinzaine de mars, l’amorce d’une sécheresse semble déjà se dessiner”, relevait néanmoins le 9 mars le centre Météo-France Cantal. Ce que semble confirmer la période récente. Et ce n’est pas non plus un hasard si nombre de GVA (groupements de vulgarisation agricole) du département ont choisi ce printemps le thème de l’autonomie fourragère et de la sécurisation des stocks comme thème de leur assemblée générale. Aussi, sans vouloir sombrer dans le pessimiste, l’inquiétude est déjà bien là et personne n’a envie de revivre l’épisode de 2011. Surtout pas les éleveurs et ce d’autant plus que les pays du sud de l’Europe, au premier rang desquels le Portugal et l’Espagne, qui avait servi de réservoir à paille l’an dernier, viennent de saisir la Commission européenne, victimes pour leur part d’un grave déficit de précipitations : le cumul atteignant 18 % de la normale au Portugal et 29 % en Espagne.

 

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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