Le Lioran : un plan à 15ans pour rester dans la course aux sommets
Le Conseil départemental a validé vendredi un plan de modernisation du Lioran, une station nature qui veut affirmer son caractère multi-activités en toutes saisons.
En une dizaine d’années, le Lioran a su se hisser dans le Top 50 des stations de ski françaises. Certes à la 49e place, mais la performance est de taille à l’heure où les stations de moyenne montagne sont à la peine, premières victimes d’hivers trop doux. La Cantalienne, dont le chiffre d’affaires grimpe jusqu’à 7 millions d’euros les bonnes années et dont la fréquentation a été dopée de 30 % sur la décennie, réussit même l’exploit de faire skier les amateurs de glisse sans un centimètre de neige naturelle, comme en décembre dernier. Une gageure relevée vendredi par Philippe Fabre lors de la présentation aux élus départementaux du nouveau plan stratégique de la station pour les 15 prochaines années. Un programme destiné à donner un second souffle à l’importante modernisation engagée depuis le début des années 2000 qui s’est traduite par des investissements dans les capacités d’enneigement artificiel, dans le remplacement de certaines remontées mécaniques par des télésièges débrayables dernier cri,...
Opération cœur de station
Voilà pour le côté pile, côté face, restent des obstacles à lever pour optimiser le potentiel d’une station qui ambitionne de se positionner plus fortement comme une station de sports et de pleine nature, attractive aux quatre saisons et au-delà de sa clientèle actuelle(1). “Sans être devenu obsolète, le projet élaboré en 2005 nécessite d’être revisité afin de prendre en compte l’évolution de la demande, les nouveaux enjeux, l’offre croissante des territoires cantaliens et le contexte général des stations de moyenne montagne”, a introduit Didier Achalme, rapporteur de ce projet de station qui s’est basé sur une étude de diagnostic et positionnement avec une phase d’enquête des opérateurs, commerçants, propriétaires immobiliers... Concrètement, le projet prévoit de s’attaquer au problème du stationnement en trouvant très rapidement des espaces complémentaires pour éviter le parking sauvage et anarchique constaté les périodes de pointe (jusqu’à 2 000 véhicules sur le site). Parmi les pistes préconisées à court terme : l’extension du parking de la patinoire, la création d’un parking P6, l’utilisation d’un délaissé à Font de Cère et quelques aménagements de sécurité le long de la RD67. D’autres mesures sont à l’étude qui s’inscriront dans une opération plus vaste de “cœur de station” intégrant en outre les aspects circulation (renforcement des navettes depuis les vallées), hébergement et commerces mais aussi signalétique, cette dernière s’avérant bien trop discrète.
Réhabilitation du parc immobilier
Second axe, l’hébergement, avec un constat : seuls 33 % des propriétaires louent leur appartement et plus de la moitié estime, à juste titre, que leur appartement n’est plus adapté aux standards du marché. Selon le Département, il manquerait 1 000 lits pour accroître la capacité d’accueil actuelle de 5 800 lits. D’où la nécessité d’engager une importante opération de réhabilitation des logements anciens en vue de leur mise en location - à commencer par l’emblématique mais peu esthétique tour Sumène. Il s’agirait par ailleurs de flécher un certain nombre de ces logements à destination des saisonniers (500 en hiver) confrontés à un problème de logement structurel. Cette réhabilitation s’accompagnerait de la création de logements neufs sous forme de chalets ou résidences avec la possibilité pour le Conseil départemental de mettre sur le marché ses réserves foncières. L’étude juge par ailleurs essentiel de formaliser rapidement la requalification de la friche touristique du Rocher du Cerf (Grand Phœnix).
Développer l’après-ski
Pour gagner en notoriété et des places dans le Top 50, la station doit continuer d’investir dans sa première raison d’être : son domaine skiable en renforçant encore sa capacité de production de neige de culture et en développant les infrastructures(2) sur le versant sud-est du Plomb pour relier Prat de Bouc, site sous-exploité. “Mais il convient aussi de développer fortement les activités hors ski avec une très forte demande d’un centre aqualudique et d’un plan d’eau estival ainsi que des activités après- ski et de soirée (cinéma, bowling, discothèque, bars, restaurants...)”, liste le vice-président Didier Achalme. Le centre aqualudique pourait être implanté au Font de Cère tandis que le secteur du Font de Cère est jugé plus propice à l’installation d’un plan d’eau ludique. De même, des besoins ont été exprimés justifiant le développement de l’offre de services sur la station : salle hors sac, aire de camping-car, commerces de bouche, pharmacie... Le chiffrage de ce plan tangente les 80 millions d’euros, un investissement que ne porteront seuls ni la Saem Super-Lioran développement, ni le Département, ni les intercommunalités, ni les opérateurs privés. Tous seront réunis au sein d’un comité dont le Conseil départemental assurera le pilotage à la fois “coordonateur et charnière”. Une clarification de gouvernance souhaitée et appréciée des élus. (1) Originaire principalement du Cantal, de l’Auvergne, accessoirement de l’Ouest, du centre et de la région parisienne. (2) Parmi les pistes : création d’un nouveau téléski ou télésiège, liaison à ski par une piste gravitaire...
Droits de reproduction et de diffusion réservés.