Le grand Massif central défend des fermes, pas des firmes
Réunis la semaine dernière à Clermont-Ferrand, les membres de la Copamac-Sidam ont réitéré leurs propositions dans le cadre des derniers rounds de négociation sur la PAC post 2020. Des propositions désormais partagées par tous les massifs français, et bâties autour du triptyque : hommes, produits et territoires.
Les agriculteurs du Massif central essaiment depuis plusieurs mois déjà des propositions concrètes pour répondre au double enjeu de « durabilité » et de « souveraineté alimentaire », qui guide la réforme de la PAC dont l'entrée en vigueur est prévue pour 2023. Ces propositions rassemblées autour du livre blanc des Massifs français sont partagées par les agriculteurs du grand Massif central, mais aussi par ceux des Alpes, du Jura, des Vosges, des Pyrénées et de la Corse. Tous se retrouvent autour d'une ambition : « obtenir une PAC forte et ambitieuse au service des fermes et non des firmes », résume Patrick Bénézit, président de la Copamac. Parce que l'agriculture c'est avant tout une histoire d'hommes, de produits et de territoires, et que l'un ne peut aller sans l'autre, le projet porté par le Massif central s'article autour de quatre axes stratégiques.
Maintenir les aides couplées
Premier axe : Créer de la valeur ajoutée économique et environnementale, qui se décline en deux piliers majeurs « soutien au prix » et « reconnaissance des services écosystémiques rendus par l'élevage ». « Cela passe évidemment par la reconnaissance des pratiques existantes au diapason des attentes sociétales, mais aussi par le maintien au même niveau des aides couplées, garantes de la dynamique économique, social et environnemental des territoires », estime Christine Valentin, présidente du Sidam. Dans ce cadre, pour les responsables des Massifs, les pratiques herbagères et pastorales doivent être intégrées de fait dans l'éco-scheme (éco-dispositif).
ICHN : « Le lien à l'élevage est fondamental »
Le second axe du projet porté par les Massifs détaille une série de mesures pour « compenser les différences et soutenir équitablement tous les territoires ». Première de ces mesures : l'indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) que les professionnels veulent voir revaloriser : « Le premier pilier de la PAC vise à donner de la durabilité à nos exploitations, le second pilier à asseoir les politiques différenciées telles que l'ICHN qui évite la concentration de l'agriculture sur les seuls territoires de plaines ou de vallées. L'ICHN a structuré nos territoires et ne couvre à ce jour que 40 % des surcoûts de production. Il faut donc aller plus loin », insiste Jean-Luc Perrin de la FDSEA de la Loire. Dans un troisième axe baptisé « investir, installer et agir sur l'emploi », les professionnels estiment indispensable de définir clairement le statut d'actif agricole¹, de soutenir massivement l'investissement destiné aux outils de production (bâtiments...), et aux nouveaux enjeux (énergies renouvelables...), et de bénéficier d'une DJA (dotation jeune agriculteur) solide et nivelée par le haut. Enfin, sur la question de la gestion des risques, quatrième et dernier socle du projet, les Massifs militent pour un renforcement du FMSE, la modification de certaines règles pour mieux couvrir certains risques sanitaires, et pour une approche mutualisée des aléas climatiques sur les fourrages.
1. « L'agriculteur professionnel est une personne physique, en âge légal d'exercer, cotisante à la MSA, avec une formation initiale ou continue diplômante en agriculture. Il ne prétend à aucun droit à la retraite de quelque régime que ce soit. En sa qualité de responsable, il décide, dirige et travaille sur son exploitation agricole dont il détient, seul ou avec ses associés exploitants, la majorité du capital hors foncier ». Cette définition a été travaillée de concert avec les organisations professionnelles agricoles du Bassin Parisien.