Rencontre
Le directeur départemental des territoires s'imprègne des problématiques de l'élevage
Le 30 mai, le Gaec du Sillon à Landos a reçu la visite de Stéphane Le Goaster, directeur de la DDT Haute-Loire en poste depuis 2,5 mois. Un temps d'échanges à l'initiative de la FDSEA et des JA de Haute-Loire.
Le 30 mai, le Gaec du Sillon à Landos a reçu la visite de Stéphane Le Goaster, directeur de la DDT Haute-Loire en poste depuis 2,5 mois. Un temps d'échanges à l'initiative de la FDSEA et des JA de Haute-Loire.
Comme à chaque changement de direction au sein de la DDT, la FDSEA et les JA ont à coeur de rencontrer le nouvel arrivant sur une exploitation agricole. C'est désormais chose faite le 30 mai dernier sur le Gaec du Sillon dirigé par Roland et Christine Avond à Landos (vaches laitières - 200 000 L de lait-, 220 brebis Noires du Velay, sur 97 ha de SAU). Une visite qui a permis au représentant de l'état de toucher du doigt l'ensemble des problématiques auxquelles les agriculteurs font face en ce moment même.
Après une rapide présentation chiffrée de l'agriculture altiligérienne effectuée par le secrétaire général de la FDSEA, Philippe Chatain, les échanges ont tout de suite été orientés sur les productions de vaches allaitantes et de viande qui ont fait l'objet de moult attaques ces derniers temps, que ce soit de la part du Ministre de l'économie comme de la Cour des Comptes plus récemment. "Alors que les agriculteurs travaillent de plus en plus propre, vert et naturel..., le Ministre Bruno Le Maire a fait la promotion de la viande génétiquement cultivée en usine, qui devrait être bien plus impactante pour l'environnement que nos élevages !". "C'est d'ailleurs fort dommageable d'appeler cela de la viande" ajoute une jeune éleveuse du secteur qui participait à cet échange.
"Je ne vois pas pourquoi on deviendrait des ruminants !"
Le rapport de la Cour des Comptes qui recommande "une stratégie de réduction" du nombre de bovins et moins de viande dans l'alimentation des Français (voir p 04 et 05), fait littéralement bondir les éleveurs, à commencer par Philippe Chatain qui dénonce ce courant de pensée "anti-élevage et anti-viande" qui ne passe pas dans nos campagnes. "L'homme a toujours mangé de la viande, c'est la base de notre alimentation et je ne vois pas pourquoi on deviendrait des ruminants ! Nous avons signé des contrats au niveau national pour limiter nos émissions de GES, sauf que sans ruminants, il n'y aura plus de prairie". Et d'ajouter une autre aberration : "On nous dit que nos exploitations doivent être autonomes et d'un autre côté, on tue l'élevage pour ensuite importer".
Chasse au carbone
Ce rapport de la Cour des Comptes fut aussi une surprise pour Stéphane Le Goaster qui indique n'avoir eu aucune instruction sur ces discours-là. Conscient de la gravité de ces attaques, pour le directeur de la DDT certains points de ce rapport "remettent en cause l'histoire française de l'agriculture et de l'élevage basé sur les prairies", tout en annonçant une chasse au carbone dans tous les domaines.
Outre ce thème d'actualité, d'autres problématiques ont été abordées, c'est le cas de l'aviculture qui se trouve fragilisée par la grippe aviaire ainsi que la problématique des salmonelloses, qui ne peut faire l'objet de contre-analyses. "Nous avons perdu plus de la moitié de nos éleveurs de poules pondeuses et la situation risque de se compliquer" signale le secrétaire général de la FDSEA.
Les producteurs en agriculture biologique souffrent ; des difficultés que la présidente des JA, Laurine Rousset explique par une forte hausse du prix des intrants et un prix des produits qui n'a pas suivi. Les producteurs bio vont toutefois pouvoir compter sur les aides du fonds d'urgence mis en place par l'état et dont la demande peut être faite jusqu'au 29 juin sur le site internet Démarches Simplifiées a annoncé la DDT.
Il a également été question d'installation, un dossier désormais régionalisé (pour la DJA) qui se porte plutôt bien en Haute-Loire avec 89 installations aidées en 2022. Laurine Rousset a profité de la présence du représentant de l'état pour dénoncer des utilisations frauduleuses (hors professionnelle) de cette dotation ; des dérives qui ne devraient plus être possibles désormais. Le thème de l'installation a fait surgir quelques réactions parmi les éleveurs présents, l'un dénonçant la règle de l'aide JA (4000€ /an sur 5 ans attribués à une seule personne par exploitation), "un message peu encourageant pour les jeunes...".
La prédation, sujet brûlant
La prédation, sujet brûlant qui soulève la colère des éleveurs a occupé une bonne partie des échanges, d'autant que le Gaec du Sillon a lui même été victime d'une attaque le 18 octobre 2022. L'occasion pour Roland Avond, de dénoncer la lenteur du système, puisque ce dernier a attendu pendant 6 mois le verdict sur son attaque, qui au final ne serait pas due au loup... Perplexe quant au résultat communiqué par l'OFB, l'agriculteur a décidé d'installer des caméras sur son exploitation. Les responsables professionnels ont l'intime conviction que l'OFB minimise l'impact du loup dans les attaques. étonné par les dires de la profession, Stéphane le Goaster a signalé que les agriculteurs pouvaient toutefois compter sur des tirs de prélèvements et une Brigade loup. "Sur ce dossier, soit on veut une nature sauvage, sans hommes, soit on continue à vous nourrir" lance Philippe Chatain.
Après la prédation, les agriculteurs ont rapidement abordé la question des dégâts de gibier en signalant la véritable «omertà» qui règne notamment sur la question des lâchers de sangliers et toute l'économie parallèle qui s'y greffe... Pour le représentant de l'état, le seul moyen d'avancer sur cette question, ce sont les signalements !
Le secrétaire général de la FDSEA a par ailleurs encouragé les agriculteurs à passer leur permis de chasser de manière à pouvoir procéder à des tirs individuels de sangliers pendant la période de chasse. Ajoutons le blocage actuel entre chasseurs et agriculteurs à propos du schéma départemental cynégétique sur la question de l'agrainage... Un épineux dossier sur lequel l'état se propose d'arbitrer.
Le foncier, qui empêche Romain Avond de rejoindre ses parents sur le Gaec du Sillon, l'impératif stockage de l'eau et le déroulement des contrôles sur les exploitations, ont également été abordés avec Stéphane Le Goaster qui, désormais, connaît plus précisément les problématiques des agriculteurs de Haute-Loire et ne manquera pas de les faire remonter aux instances supérieures de l'état.